Les substances psychédéliques à visée médicale reviennent discrètement sur le devant de la scène, que ce soit en appui d’une psychothérapie ou pour soulager un patient en phase terminale.
LSD, psilocybine…
Cette enquête, proposée dans le cadre d'un travail de recherche, porte avant-tout sur les représentations des médecins et étudiant.e.s en médecine. Elle s’adresse donc à toutes les spécialités. Les dernières questions sont plus spécifiquement destinées aux psychiatres.
Le questionnaire est ICI
(durée : 3-4 minutes).
Merci pour votre participation !!!
Ce questionnaire vous est proposé dans le cadre d'un travail de recherche.
Il porte sur l’évaluation clinique des situations de travail des parturientes en extrahospitalier et notamment la réalisation ou non du toucher vaginal.
Parmi les questions :
- Quelle a été votre formation en gynéco-obstétrique ?
- Estimez-vous savoir réaliser les principales manœuvres urgentes obstétricales?
- Estimez-vous votre évaluation clinique du toucher vaginal fiable ?
- Dans quelle(s) situation(s) pré-hospitalière(s) réalisez vous un TV ?
...
Le questionnaire est ICI
(durée : 5 minutes maximum).
Merci pour votre participation !!!
Une étude européenne en cours, réalisée par l'Association européenne de pharmacologie clinique et thérapeutique (European Association for Clinical Pharmacology and Therapeutics– EACPT), vise à évaluer les connaissances et perceptions des professionnels de santé vis-à-vis du cannabis médical.
Le rapport au cannabis connaît une évolution très rapide. Sa consommation a longtemps été illicite, quasiment partout dans le monde, mais depuis une dizaine d’années ce contexte évolue très rapidement. C’est particulièrement vrai en Europe, où de nombreux pays ont déjà autorisé son usage à but thérapeutique et où d’autres y réfléchissent. Des expérimentations sont en cours en France, dans les pays scandinaves ou encore en Pologne ou au Portugal.
(durée 10 minutes environ)
Présentation par le Dr Jouanjus ici.
Chères consœurs, chers confrères
Je m'appelle Laure Abensur Vuillaume. J'étais sage-femme et je suis aujourd'hui Docteur en médecine, spécialiste en médecine d'urgence mais également Docteur en sciences de la vie et de la santé (phD).
J'effectue actuellement une année de recherche dans le cadre d'un cursus universitaire (je travaille à l'IRL GT-CNRS de Metz – France).
Dans cadre, je travaille sur le lien entre l'ingénierie en santé et la pratique médicale. À ce titre, j'ai lancé un sondage international sur les biomarqueurs d'intérêt et leur utilité dans l'optique d'une acquisition rapide. Il sera le point de départ d'une publication que je ne manquerai pas de vous transmettre ! Il dure moins de 5 minutes et s'adresse aux médecins ou résidents de toutes spécialités.
Pourriez-vous le remplir et/ou le faire circuler, en France et à l'étranger ?
Un grand merci !
Bonjour à toutes et à tous,
Je me permets de déposer ici une enquête de deux pharmaciennes souhaitant proposer des formations pluri-disciplinaires sur diverses pathologies en amenant divers experts à échanger. Cette enquête est ouverte à tous les professionnels de santé et aidera à mieux comprendre les choix de formations des professionnels de santé.
Cette enquête cherche également à déterminer l'intérêt de la communauté envers la première pathologie qui fera l'objet d'une formation: l'endométriose.
Merci beaucoup pour votre aide et bonne soirée,
Emilie MathieuBonjour à tous,
Pour la seconde édition de son enquête sur la mobilité des médecins, Profil médecin vous propose de répondre rapidement à son sondage juste ici :
https://fr.surveymonkey.com/r/profilmedecin2018
Merci pour eux !
Bonjour,
Auriez-vous des idées pour ce cas que je n'arrive pas à résoudre ?
Femme de 38ans enceinte au 6ème mois sans antécédent hormis un terrain atopique
Elle présente depuis 48h : Oedeme + Prurit + Micro-ulcération des 2 mains. Très très douloureux.
Elle applique régulièrement Dermoval + cérat de galien sur ses lésions d'eczéma mais ici ça n'a pas d'effet
Après le passage la loi santé à l'Assemblée nationale et la mise en place de la généralisation du tiers-payant d'ici à 2017, le déconventionnement vous semble-t-il être une réponse appropriée ?
Le 13 novembre aura lieu une journée de santé morte en France. Journée à laquelle tous les syndicats de médecins libéraux se sont ralliés.
Comme le Professeur Collet dans son entretien, dites nous tout sur votre vocation :
Quel serait votre argument principal pour convaincre les étudiants en médecine à choisir votre spécialité ? (N'oubliez pas de nous préciser votre spécialité dans le commentaire !)
Les meilleurs arguments feront l'objet d'un article sur esanum !
Mme V. 36 ans sans antécédents personnels et familiaux notables, mère de deux enfants âgés de 5 et 7 ans en bonne santé, est hospitalisée chez nous en urgence après imposition du SAU pour un déficit moteur total et brutal du membre inférieur droit associé à une legére paralysie faciale périphérique droite.
En reprenant son interrogatoire nous ne retrouvons qu’une asthénie inhabituelle évoluant depuis une dizaine de jours ainsi que des myalgies diffuses. La patiente n’a pas présenté de syndrome infectieux, n’a pas eu de notion de contage, de voyage récent en zone tropical, pas de piqure de tiques, elle n’a jamais présenté ce genre de trouble, ni de baisse d’acuité brutale transitoire. Pas de notion d’anorexie, ni d’amaigrissement.
Elle ne prend pas de médicament, a une contraception par sterilet depuis 3ans, elle ne fume pas et boit de l’alcool occasionnellement.
À son arrivée la tension et la fréquence cardiaque sont normales. On retrouve un fébricule à 37,8°. L’examen clinique neurologique est complétement normal, en dehors de son déficit moteur total du membre inférieur droit et de sa paralysie faciale gauche coté à 4/5. La patiente est consciente orientée. L’examen cardio-pulmonaire et abdominal est normal ainsi que la palpation des pouls péripheriques. Les masses musculaires sont dans leur ensemble sensibles à la palpation.
Nous lancons dans un premier temps un bilan classique : NFS, plaquettes, CRP, VS, bilan hépato-cellulaire: GGT, PAL, transaminase, un bilan rénal: uree crétininémie, DFG, Proteinurie des 24h, ECBU, une glycémie à jeûn, ionogramme sanguin, une sérologie lyme et programons en urgence un TDM cerebral et rachidien.
Les jours suivants l’intégralité du bilan revient normal et la clinique de Mme V se modifie puisque la paralysie faciale disparait, apparition de manifestations sensitives au niveau du membre inferieur de type paresthesie et allodynie ainsi que l'apparition d’un deficit moteur du membre supérieur droit coté à 3/5 et de douleurs abdominales diffuses sans défense.
Nous menons des investigations complémentaires et prescrivons:
Serologie HIV, VHB, VHC, TPHA-VDRL
Ponction lombaire, radiographie thoracique, ECA,
EPP, calcèmie, APL
LDH, myoglobine
ACAN, anti-ADN natif, ANti-Sm, Anti-SSA/SSB, anti-centromères, anti-scl70
FR, Anti-CCP
c et p-ANCA
C3 C4 CH50
BGSA
Electroneuromyogramme
TDM TAP
L’ensemble du bilan revient négatif et normal. L’électroneuromyogramme était ininterprétable nous allons le reprogrammer.
Que pensez-vous de ce cas ? Avez vous des idées quant à la pathologie de la patiente? quelles investigations suplémentaires pourrions-nous faire?
Bonjour,
je suis médecin généraliste et je rencontre de plus en plus de réticences envers la vaccination chez mes patients depuis quelques temps. Or je souhaiterais promouvoir la vaccination contre la méningite à méningocoque de type B. Mais ce vaccin (le Bexsero) n'appartient pas encore au calendrier vaccinal. Que pensez-vous de sa balance bénéfice/risque?
Merci pour vos conseils,
Cordialement
Voilà qui devrait faire changer les pratiques des anesthésistes : au quotidien il n'est pas rare que les patients reçoivent un petit « calmant », sur leur demande, avant une opération. Une étude menée dans 5 hôpitaux universitaires français montre pourtant que les effets sont plus négatifs que bénéfiques. 1062 patients adultes de moins de 70 ans devant subir des chirurgies sous anesthésie générale ont été divisés en 3 groupes égaux recevant soit 2,5mg de lorazepam, soit un placebo, soit aucune prémédication.
Le score EVAN-G (évaluation du vécu de l'anesthésie générale) estimant 6 dimensions de la satisfaction du patient (confort, attention, information, prise en charge de la douleur, délais d’attente, intimité) vaut 100 au maximum et a été analysé dans cette étude. Aucune différence significative n'a été mise en évidence chez ces 3 groupes qui ont un score d'environ 72. De même dans les sous-groupes sujets à une anxiété plus importante, aucune amélioration significative du score n'a été rapportée. En revanche le temps entre la fin de l'anesthésie et l'extubation était de 17 minutes pour ceux qui ont reçu du lorazepam, 13 minutes pour le groupe recevant le placebo et 12 minutes sans la prémédication. Le taux de patients ayant retrouvé leurs fonctions cognitives après 40 minutes était respectivement de 57%, 71% et 64%.
Certes le lorazépam réduit l'anxiété du patient avant l'opération, mais sa prise ne modifie pas sa satisfaction après l'opération. Les auteurs concluent donc que l'usage en routine du lorazépam en prémédication sédative ne présente pas assez de bénéfices et rallonge même de 5 minutes le temps nécessaire avant de pouvoir extuber. Par contre, une meilleure prise en charge psychologique, en prenant le temps d'expliquer l'intervention est une méthode efficace pour réduire l'anxiété sans effets indésirables médicamenteux. D'autant plus que les recommandations nationales actuelles visent à réduire la prescription et la consommation des benzodiazépines. Or sur les sites internet de nombreux hôpitaux expliquant le principe de l'anesthésie générale à leurs patients, on peut encore lire « Après administration d'un calmant (prémédication) et mise en place des perfusions [...] » comme si cette prémédication était obligatoire dans la procédure.
Il faudrait donc idéalement inciter les patients à ne pas demander cette prémédication en remédiant à leur stress par des méthodes plus « douces ». L'ANSM rappelle en effet que la prescription des benzodiazépines à visée anxiolytique et hypnotique ne doit être envisagée qu’après échec des approches non médicamenteuses.
http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=2174028
Nous serons sur place et à cette occasion, nous réaliserons trois entretiens filmés avec différents représentants des médecins généralistes français.
Le Dr. Marty de l'UFML, le Dr. Duquesnel de l'UNOF-CSMF et le Dr. Leicher de MG-FRANCE répondront à nos questions! Nous souhaitons vous donner la parole, car c'est de votre pratique qu'il s'agit, c'est pourquoi nous vous invitons à poster vos questions en commentaire.
Nous sélectionneront une question par médecin et la lui poseront pour vous. Les interviews filmées seront ensuite postées ici même et mises à votre disposition.
Le Président de l’Ordre des Médecins du Nord et de la section santé publique et démographie médicale du CNOM revient sur les déserts médicaux, les réformes ministérielles et sa pratique de la médecine générale libérale.
Le Conseil National de l’Ordre des médecins ne s’est pas vraiment exprimé sur le Pacte Territoire Santé du ministère de la santé. Aviez-vous été consulté et/ou mis à contribution ?
Le Conseil National a été contacté. Pas nous directement au sein de la section mais ils ont contacté le Conseil National oui.
Est-ce que vous pensez avoir été entendu ?
Pas spécialement non.
Que pensez-vous des mesures mises en œuvre ? Vous ont-elles convaincu ?
Je me suis intéressé à un domaine qui m’intéresse de près, à savoir les maisons de santé pluridisciplinaire, j’ai eu confirmation d’une part avec l’enquête de l’atlas que nous avons réalisé cette année et avec l’installation des jeunes médecins sur l’année d’autre part, que très peu s’installent en maisons pluridisciplinaires. Ceci est un peu paradoxal : un tiers des jeunes médecins s’installe en individuel, un tiers en monodisciplinaire et un tiers sont des collaborateurs libéraux. Il s’agit ici du libéral et l’installation pluridisciplinaire reste marginale. Donc ce plan que l’on voulait prioritaire ne l’est pas vraiment dans les faits.
Craignez-vous que certaines mesures mises en place par le gouvernement comme les maisons de santé pluridisciplinaire, puisse dénaturer la pratique de la médecine libérale ?
La première règle des regroupements de professionnels de santé, qu’il s’agisse d’organisations pluri- ou monodisciplinaires, c’est la concertation : cela doit se faire avec les professionnels et il ne faut pas leurs proposer après coup. J’ai trop vu en France des projets faits par des municipalités, des conseils généraux où des coquilles vides ont été crées et ensuite on a essayé de les remplir. Je crois que ce n’est pas la bonne façon de faire. La pratique, c’est d’abord de rassembler les professionnels de santé dans les zones qui sont en tension et de voir avec eux quelles sont les meilleures solutions. Un regroupement dans une maison pluridisciplinaire ne va pas obligatoirement régler le problème du manque de médecins en particulier généralistes dans les zones sous-dotées. Il faut avant tout avoir un dialogue avec les professionnels pour voir avec eux quelle est la meilleure solution. Le pluridisciplinaire c’est surtout quelques généralistes avec une gynéco, un kiné et des infirmiers mais dès qu’il s’agit de rapprocher des cardiologues et des ophtalmologues qui ont des plateaux techniques assez compliqués, c’est beaucoup moins évident.
Pensez-vous que ce dialogue a été mis en place ?
Je n’ai pas l’impression, non. Je pense que l’on nous assène des mesures sans que l’on ait l’impression que la base ait été consultée et on se demande si c’est quelque chose qui est originaire du terrain. C’est ça qui me navre un peu. Moi qui suis en activité, je vois un peu comment les choses fonctionnent. C’est bien beau de parler de priorité mais il faut aussi voir ce que la base peut faire et ce qu’elle a envie de faire.
Vous êtes Président de l’Ordre des Médecins du Nord et de la section santé publique et démographie médicale du CNOM, comment expliqueriez-vous les fortes disparités constatées au sein d’une même région, notamment dans le Nord Pas de Calais?
Ça c’est simple, tout le monde peut le comprendre. J’inscris en ce moment beaucoup de jeunes médecins et comme les généralistes sont un peu le parent pauvre dans les années qui viennent et qu’ils sont en baisse régulière jusqu’au moins 2018, je leurs demande ce que fait le conjoint dans la vie. La semaine dernière par exemple j’en ai eu une qui me disait que son conjoint travaille sur Lille, elle veut s’installer en libéral et il est évident qu’elle va essayer de trouver un poste dans la région lilloise.
Donc la première cause c’est le travail, s’il y a des endroits sans emploi pour la compagne ou le compagnon et bien il sera difficile qu’un médecin vienne s’installer. La deuxième chose après l’emploi ce sont les possibilités du secteur qui importent, c’est à dire, le réseau routier, les écoles, tout ce qui est réseau culturel attire les gens. Un jeune qui peut s’installer où il veut, va plutôt s’installer dans des zones plus attractives que d’autres. C’est humain. Si je prends l’exemple du Nord, qui est un département très long, il est sûr que l’on aura plus de mal à attirer les médecins au Sud du département, à une heure et demi de voiture de Lille, que sur l’agglomération. Cela est valable pour toute la France, le travail de la compagne ou du compagnon est la première de leurs préoccupations et la deuxième c’est l’infrastructure locale. C’est ce que je dis toujours, s’il n’y a plus de pharmacie, plus de kiné, plus de boulanger je ne vois pas pourquoi il y aurait un médecin. C’est sûr que les zones désertifiées n’attirent pas et cela pose problème parce qu’en plus de la baisse des médecins, il y a des zones qui sont en augmentation de population générale, comme en Dordogne: c’est une zone où la population augmente et malheureusement il y a une baisse des médecins et là c’est encore plus grave.
Pensez-vous que l’augmentation des délais d’attente pour obtenir un RDV soit une conséquence de la désertification médicale ou simplement le synonyme d’une activité de plus en plus importante à l’échelle locale ?
Les deux mon général. La baisse du nombre des médecins s’accompagne clairement d’une augmentation du délai d’attente, c’est le principe de l’offre et de la demande. Il y a moins de médecins donc plus de délai et une augmentation de l’activité qui est importante. De plus, il faut savoir que pour les jeunes médecins, c’est la qualité de vie plutôt que la quantité d’actes réalisés qui prime. Alors que les générations précédentes voyaient leur activité, les nouvelles générations ne courent pas après des revenus importants; généralement dans le couple, les deux travaillent et ce qu’ils veulent avant tout c’est une qualité de vie. Les délais d’attente peuvent également être liés au fait que les jeunes médecins ne cherchent pas à avoir une clientèle énorme. Ce qu’ils cherchent c’est essayer de pas finir trop tard, donc forcément les délais vont rallonger.
Pensez-vous que la solution se trouve dans des démarches nationales ou êtes-vous plutôt d’avis que c’est au niveau local qu’il faut chercher des solutions au problème de la désertification?
Au niveau local. Le niveau national peut donner des pistes et des idées. Je le vois bien au niveau de ma région et du système de la permanence des soins ambulatoires où il y a des solutions un peu différentes selon le secteur. Les solutions sont variées selon les régions et il n’existe pas de solution uniforme.
On ne peut pas dire que les groupes pluridisciplinaires vont sauver la médecine en France. Cela sera peut-être le cas dans certains secteurs mais pas partout. Il faut donc surtout privilégier le niveau local, le dialogue avec les professionnels de santé et les médecins en particulier avant d’envisager de les placer dans des maisons pluridisciplinaires. J’ai un exemple dans mon département, à Anor, dans l’Avesnois. Les politiques, les professionnels de santé se sont réunis pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour trouver des solutions. Là c’est constructif et positif. Par contre si on propose un truc tout fait ce n’est à mon avis pas la bonne solution.
Si vous pouviez changer quelque chose au système médical français, ce serait quoi ?
On entend toujours parlé des médecins et de leurs défauts et on l’impression qu’on ne veut rien dire à la population et surtout pas lui faire peur. Mais je pense qu’il faut la responsabiliser au maximum. Elle a déjà compris au niveau de la permanence de soin qu’elle n’avait plus un médecin qui venait chez elle quand elle le voulait et qu’elle peut se déplacer dans les urgences, les services des maisons médicales de garde ou pendant les consultations. Selon moi, les gens ne sont pas stupides et sont aptes à comprendre qu’il y a actuellement moins de médecins, qu’il faut faire avec et trouver d’autres formes d’organisation. On l’a bien vu au nouveau des visites; moi qui suis généraliste je peux vous dire que maintenant les gens se déplacent, ils viennent aux consultations et je ne suis plus appelé pour un oui ou pour un non. Je pense que la population est apte à comprendre les difficultés et à être responsabilisée pour gérer le problème tous ensemble. C’est nécessaire pour gérer le déficit. Je parle ici de déficit et non de pénurie car il n’y a pas vraiment pénurie des médecins. Ils sont surtout mal répartis et dans les zones où il y a pénurie ou manque il faut d’autant plus trouver des solutions et ce avec les patients.
Cette idée de responsabilisation n’est pas sans rappeler le discours de Madame Touraine de jeudi dernier et sa volonté de généraliser le tiers-payant. Pensez-vous que la généralisation du tiers-payant puisse favoriser la responsabilisation des patients ?
Dans ce cas-là on ne peut pas parler de responsabilisation des patients, au contraire on les déresponsabilise. Si vous ne payez plus rien vous n’avez pas la notion de la valeur des choses et de toutes façons comme c’est gratuit vous pouvez en user et en a abuser autant que vous voulez. Moi je suis très attaché au paiement à l’acte et cela n’a rien à voir avec l’Ordre mais je pense qu’il est important de responsabiliser les gens quant à la valeur des choses. Je pense pas que les patients ne vont pas chez le médecin car ils n’ont pas les moyens, à mon avis cela est faux. Quand un médecin libéral voit un patient qui est en difficulté, il ne va pas le faire payer. Et puis il y a les consultations à l’hôpital, les AME, il existe beaucoup de solutions pour ceux qui n’ont pas les moyens. Donc moi ce que je crains, c’est que si on fait l’acte sans paiement et bien il va y avoir une dérive et puis le déficit de la sécurité sociale ne va pas s’arranger, c’est clair!
Les déserts médicaux sont depuis quelques temps au cœur de nombreux débats sur la médecine. Médecins, syndicats, population et politique s’accordent à dire que le manque de médecins est un problème, qui se manifeste notamment avec des temps d’attente de plus en plus long ou le nécessaire déplacement dans la ville voisine.
Après avoir contacté différents acteurs de la santé en France et leur avoir parler des déserts médicaux, nous avons contacté Monsieur Mancel, secrétaire national à la santé, petite enfance, protection sociale et autonomie du Parti Socialiste. La participation d’un membre du parti majoritaire nous a semblé nécessaire afin de mieux comprendre la politique de santé actuellement mise en place.
“Q1. Docteur RUA, Président du SML, faisait lors de notre entretien, allusion à la DATAR et à l’actuelle impossibilité de prévoir les évolutions territoriales. Pensez-vous que la question de la désertification est à intégrer à la problématique plus globale de l’aménagement du territoire ? La réponse est-elle selon vous plutôt locale ou nationale ?
L’aménagement du territoire est une mission complexe, dont les tenants ne se limitent pas à des infrastructures ou des aménagements de voirie mais impliquent un grand nombre de sujets fondamentaux pour la structuration des territoires. Les équipements publics, l’animation locale, l’accès aux soins ou encore l’accès aux transports sont autant de paramètres nécessaires au bon fonctionnement d’un bassin de vie. Tous nos concitoyens, égaux en droits et en devoirs aux yeux de la République doivent pouvoir bénéficier des mêmes types d’équipements. L’accès aux soins est un pilier de vie citoyenne et passe par deux biais : l’accessibilité financière et l’accessibilité territoriale.
La généralisation du tiers-payant entend répondre aux difficultés financières d’accès aux soins des habitants de nos régions. Ne plus avoir à avancer le prix d’une consultation paraît désuet à certains, pourtant, sur le terrain, c’est une mesure qui va changer la vie d’un grand nombre de personnes, durement éprouvées par la conjoncture économique. Cette mesure ne doit pour autant pas être envisagée seule ; elle s’inscrit dans une réflexion plus globale portant sur les dépassements d’honoraires et l’accès effectif aux droits, puisqu’aujourd’hui encore, ignorant leur éligibilité à un certain nombre de prestations sociales comme la CMU ou l’ACS, un grand nombre de personnes y renoncent.
La désertification de nos territoires en professionnels de santé est un frein majeur à l’accès aux soins. La réponse à cette problématique doit être initiée, comme toute politique publique à l’échelle nationale, puis déclinée, au gré des besoins et au plus près des bassins de population, à l’échelon local. C’est de cette manière que nous pourrons répondre de façon spécifique et adaptée à la diversité de nos territoires.
Q2. Les mesures incitatives ont été privilégiées par la ministre, se démarquant ainsi du rapport du Sénat dont le rapporteur est le sénateur centriste Hervé Maurey. Ce dernier prônait la mise en place de mesures coercitives. Le choix de la Ministre est-il selon vous pertinent ?
De plus en plus de professions acceptent d’inclure dans leurs conventions nationales des clauses démographiques permettant d’assurer leur présence effective sur l’ensemble du pays. Les pharmaciens avaient été les premiers à, dès 1968, signer une convention proposant une clause démographique à l’installation de leurs officines. Les médecins sont toujours récalcitrants à cette idée, qu’ils voient comme une entrave à leur exercice libéral. Or, les professionnels de santé ont un exercice libéral particulier, dans la mesure où ils sont solvabilisés par la solidarité nationale, contrairement aux avocats ou aux architectes. Ces derniers, sont des « vrais » libéraux dans le sens où leur activité est dépendante des besoins de leurs clients et +de leurs moyens. A l’inverse, les médecins ont affaire à des patients et non des clients, remboursés par la sécurité sociale et les organismes complémentaires et dont l’accès aux soins, quel que soit leur lieu d’habitation est un droit fondamental.
Le débat sur la pertinence de la coercition versus l’incitation est ancien. Le choix a été fait par la Ministre de rester sur des mesures incitatives, qui, malheureusement, n’ont, jusqu’à présent pas donné de preuves de leur efficience, notamment dans les départements les plus éprouvés. Les centristes avaient défendu en début de mandature une proposition de loi visant à mettre en œuvre une forme de coercition à l’installation des médecins et les députés socialistes avaient voté un « non de soutien », soulignant ainsi leur volonté de voir la situation évoluer et les représentants des médecins faire preuve de responsabilité en la matière. Si les propositions actuelles échouent, nous devrons collectivement en tirer les conclusions qui s’imposent et aller, en accord avec les organisations syndicales, vers des solutions plus adaptées aux besoins de la population.
Q3. Les représentants des différents syndicats de médecins craignent une étatisation de la médecine. Pouvez-vous comprendre cette crainte ?
Il n’y a pas d’étatisation de la médecine. Cette profession, profondément humaine et tournée vers l’autre est un pilier de l’Etat de droit. D’ailleurs, la protection de la santé de nos concitoyens est garantie par notre Constitution et la sécurité sociale a été mise en œuvre dans un grand mouvement de progrès social pour assurer la jouissance de ce droit. Ce dernier est donc sous la houlette, et ce, depuis toujours, de l’Etat. Pour autant, il n’y a pas d’étatisation. Nous ne sommes pas, en France, dans un système beveridgien. Les représentants des syndicats de médecins agitent cette crainte afin de protéger notre modèle, qui ne sera pas impacté dans ce sens. Il n’y a donc pas de crainte à avoir.
Q4. Le rapport de l’OCDE intitulé « Panorama de la santé 2013 » fait le point sur la santé dans le monde. Le graphique précédent illustre l’évolution inégale du nombre de médecins dans différents pays. Comparée au Portugal, Grèce et Royaume-Uni, l’évolution du nombre de médecins en France entre 2000 et 2010 est faible. En cause une densité faible de nouveaux étudiants en médecine pour 100 000 habitants et une population de médecins vieillissante. Comment expliqueriez-vous cela ? Un assouplissement du numerus clausus est-il selon vous une solution envisageable à l’augmentation du nombre de médecins ?
En France, il n’y a jamais eu autant de médecins en exercice qu’actuellement. Le principal problème n’est donc pas le nombre de médecins ou une éventuelle variation du numerus clausus ; bien que la question se pose régulièrement afin de tenir compte de l’évolution de la population et de ses besoins ; mais plutôt, la répartition géographique des médecins.
Il y a toutefois un paramètre important à prendre en compte, c’est celui des aspirations des jeunes médecins. Les modes d’exercice évoluent, le temps de travail effectif tend à se réduire et la relation au patient évolue également. C’est une bonne chose. Les jeunes générations aspirent à un exercice regroupé, pluridisciplinaire, sans contraintes administratives et tourné vers le patient. Ce sont ces paramètres là que nous devons prendre en compte pour permettre à nos médecins d’exercer de cette façon. D’autant que nous sommes convaincus de sa portée positive pour notre système de soins.
Q5. Si vous pouviez changer quelque chose au système de santé français, ce serait quoi ?
Sa philosophie.
Notre système de santé a trop longtemps abordé la maladie via le prisme curatif et non préventif. Il est temps de faire évoluer notre modèle pour, non pas endiguer ou empêcher l’apparition de la maladie, mais plutôt maintenir les individus le plus longtemps possible en bonne santé. C’est une différence d’approche qui doit faire de l’éducation à la santé le pilier de notre politique de santé publique.”
L’intervention de monsieur Mancel met en évidence que les positions au sein du PS sont plus nuancées que l’on ne pourrait le penser. Et la position du secrétaire national à la santé, petite enfance, protection sociale et autonomie du Parti Socialiste par rapport à la prévention n’est pas sans rappeler celles des présidents syndicaux Docteur Duquesnel et Docteur Rua. Mais la loi de santé de Marisol Touraine ne semble pas totalement répondre à leurs attentes dans ce domaine. Cette dernière limitant la prévention à la vaccination et risques liés à l’alcool et au tabac.s déserts médicaux sont depuis quelques temps au cœur de nombreux débats sur la médecine. Médecins, syndicats, population et politique s’accordent à dire que le manque de médecins est un problème, qui se manifeste notamment avec des temps d’attente de plus en plus long ou le nécessaire déplacement dans la ville voisine.
Mancel déserts médicauxAprès avoir contacté différents acteurs de la santé en France et leur avoir parler des déserts médicaux, nous avons contacté Monsieur Mancel, secrétaire national à la santé, petite enfance, protection sociale et autonomie du Parti Socialiste. La participation d’un membre du parti majoritaire nous a semblé nécessaire afin de mieux comprendre la politique de santé actuellement mise en place.
“Q1. Docteur RUA, Président du SML, faisait lors de notre entretien, allusion à la DATAR et à l’actuelle impossibilité de prévoir les évolutions territoriales. Pensez-vous que la question de la désertification est à intégrer à la problématique plus globale de l’aménagement du territoire ? La réponse est-elle selon vous plutôt locale ou nationale ?
L’aménagement du territoire est une mission complexe, dont les tenants ne se limitent pas à des infrastructures ou des aménagements de voirie mais impliquent un grand nombre de sujets fondamentaux pour la structuration des territoires. Les équipements publics, l’animation locale, l’accès aux soins ou encore l’accès aux transports sont autant de paramètres nécessaires au bon fonctionnement d’un bassin de vie. Tous nos concitoyens, égaux en droits et en devoirs aux yeux de la République doivent pouvoir bénéficier des mêmes types d’équipements. L’accès aux soins est un pilier de vie citoyenne et passe par deux biais : l’accessibilité financière et l’accessibilité territoriale.
La généralisation du tiers-payant entend répondre aux difficultés financières d’accès aux soins des habitants de nos régions. Ne plus avoir à avancer le prix d’une consultation paraît désuet à certains, pourtant, sur le terrain, c’est une mesure qui va changer la vie d’un grand nombre de personnes, durement éprouvées par la conjoncture économique. Cette mesure ne doit pour autant pas être envisagée seule ; elle s’inscrit dans une réflexion plus globale portant sur les dépassements d’honoraires et l’accès effectif aux droits, puisqu’aujourd’hui encore, ignorant leur éligibilité à un certain nombre de prestations sociales comme la CMU ou l’ACS, un grand nombre de personnes y renoncent.
La désertification de nos territoires en professionnels de santé est un frein majeur à l’accès aux soins. La réponse à cette problématique doit être initiée, comme toute politique publique à l’échelle nationale, puis déclinée, au gré des besoins et au plus près des bassins de population, à l’échelon local. C’est de cette manière que nous pourrons répondre de façon spécifique et adaptée à la diversité de nos territoires.
Q2. Les mesures incitatives ont été privilégiées par la ministre, se démarquant ainsi du rapport du Sénat dont le rapporteur est le sénateur centriste Hervé Maurey. Ce dernier prônait la mise en place de mesures coercitives. Le choix de la Ministre est-il selon vous pertinent ?
De plus en plus de professions acceptent d’inclure dans leurs conventions nationales des clauses démographiques permettant d’assurer leur présence effective sur l’ensemble du pays. Les pharmaciens avaient été les premiers à, dès 1968, signer une convention proposant une clause démographique à l’installation de leurs officines. Les médecins sont toujours récalcitrants à cette idée, qu’ils voient comme une entrave à leur exercice libéral. Or, les professionnels de santé ont un exercice libéral particulier, dans la mesure où ils sont solvabilisés par la solidarité nationale, contrairement aux avocats ou aux architectes. Ces derniers, sont des « vrais » libéraux dans le sens où leur activité est dépendante des besoins de leurs clients et +de leurs moyens. A l’inverse, les médecins ont affaire à des patients et non des clients, remboursés par la sécurité sociale et les organismes complémentaires et dont l’accès aux soins, quel que soit leur lieu d’habitation est un droit fondamental.
Le débat sur la pertinence de la coercition versus l’incitation est ancien. Le choix a été fait par la Ministre de rester sur des mesures incitatives, qui, malheureusement, n’ont, jusqu’à présent pas donné de preuves de leur efficience, notamment dans les départements les plus éprouvés. Les centristes avaient défendu en début de mandature une proposition de loi visant à mettre en œuvre une forme de coercition à l’installation des médecins et les députés socialistes avaient voté un « non de soutien », soulignant ainsi leur volonté de voir la situation évoluer et les représentants des médecins faire preuve de responsabilité en la matière. Si les propositions actuelles échouent, nous devrons collectivement en tirer les conclusions qui s’imposent et aller, en accord avec les organisations syndicales, vers des solutions plus adaptées aux besoins de la population.
Q3. Les représentants des différents syndicats de médecins craignent une étatisation de la médecine. Pouvez-vous comprendre cette crainte ?
Il n’y a pas d’étatisation de la médecine. Cette profession, profondément humaine et tournée vers l’autre est un pilier de l’Etat de droit. D’ailleurs, la protection de la santé de nos concitoyens est garantie par notre Constitution et la sécurité sociale a été mise en œuvre dans un grand mouvement de progrès social pour assurer la jouissance de ce droit. Ce dernier est donc sous la houlette, et ce, depuis toujours, de l’Etat. Pour autant, il n’y a pas d’étatisation. Nous ne sommes pas, en France, dans un système beveridgien. Les représentants des syndicats de médecins agitent cette crainte afin de protéger notre modèle, qui ne sera pas impacté dans ce sens. Il n’y a donc pas de crainte à avoir.
Q4. Le rapport de l’OCDE intitulé « Panorama de la santé 2013 » fait le point sur la santé dans le monde. Le graphique précédent illustre l’évolution inégale du nombre de médecins dans différents pays. Comparée au Portugal, Grèce et Royaume-Uni, l’évolution du nombre de médecins en France entre 2000 et 2010 est faible. En cause une densité faible de nouveaux étudiants en médecine pour 100 000 habitants et une population de médecins vieillissante. Comment expliqueriez-vous cela ? Un assouplissement du numerus clausus est-il selon vous une solution envisageable à l’augmentation du nombre de médecins ?
En France, il n’y a jamais eu autant de médecins en exercice qu’actuellement. Le principal problème n’est donc pas le nombre de médecins ou une éventuelle variation du numerus clausus ; bien que la question se pose régulièrement afin de tenir compte de l’évolution de la population et de ses besoins ; mais plutôt, la répartition géographique des médecins.
Il y a toutefois un paramètre important à prendre en compte, c’est celui des aspirations des jeunes médecins. Les modes d’exercice évoluent, le temps de travail effectif tend à se réduire et la relation au patient évolue également. C’est une bonne chose. Les jeunes générations aspirent à un exercice regroupé, pluridisciplinaire, sans contraintes administratives et tourné vers le patient. Ce sont ces paramètres là que nous devons prendre en compte pour permettre à nos médecins d’exercer de cette façon. D’autant que nous sommes convaincus de sa portée positive pour notre système de soins.
Q5. Si vous pouviez changer quelque chose au système de santé français, ce serait quoi ?
Sa philosophie.
Notre système de santé a trop longtemps abordé la maladie via le prisme curatif et non préventif. Il est temps de faire évoluer notre modèle pour, non pas endiguer ou empêcher l’apparition de la maladie, mais plutôt maintenir les individus le plus longtemps possible en bonne santé. C’est une différence d’approche qui doit faire de l’éducation à la santé le pilier de notre politique de santé publique.”
Le Docteur Jacques Lucas, vice président du Conseil National de l’Ordre des Medecins et délégué Général aux systémes d’information en santé, a répondu à nos questions concernant la télémédecine et l’e-santé en France.
Q1. La télémédecine apporte une réponse pertinente au désert médical français, quelles sont selon vous ses limites?
Le terme de « désert médical » doit être nuancé car il ne fait que s’ajouter à l’absence de bien d’autre services, y compris publics, sur certaines zones du territoire national. Ceci dit, la première observation c’est que la télémedecine peut être un complément à la répartition de l’offre de soin sur le territoire. Cette répartition obéit, si je puis dire, à un ancien modèle où le médecin était assez seul en cabinet alors qu’actuellement, dans le secteur libéral, la tendance est au regroupement des cabinets. Il faut, par conséquent, intégrer cette nouvelle dimension. L’offre de soins se fera de plus en plus sur la forme d’un exercice regroupé et ces cabinets médicaux pourront utiliser la télémédecine, afin d’avoir, et c’est ce qui nous semble le plus important, ce qu’on appelle une expertise à distance. Cela n’est pas forcément à l’autre bout du monde, mais c’est une référence spécialisée (que ce soit en ambulatoire ou en établissement) qui va se situer par exemple à 100 kms.
Par ailleurs, il y a de plus en plus de patients atteints de pathologies au long court, ces patients atteints de pathologie chronique, ont besoin d’un suivi régulier. Dans un certain nombre de cas, ces patients vont, pour différentes raisons (âge, en période d’activité) avoir des dispositifs à proximité soit chez eux, soit sur eux et ils auront une relation avec le médecin qui va les suivre par la médiation de la télémédecine ou des objets connectés. Ce mode de suivi devra bien entendu faire l’objet d’un protocole pour les « bons usages ».
Les limites sont d’abord de bon sens, car un bon nombre de pathologies nécessitent la présence du patient, afin qu’il y ait un suivi classique. Suivi que les outils numériques ne peuvent pas remplacer. Il ne faut pas laisser croire que la télémédecine aboutit à pratiquer la médecine par des robots, mais les nouveaux outils peuvent être un apport comme l’ont, par exemple, étaient les radiographies et les échographies, qui ont été, depuis, intégrées la pratique médicale. Ce sont là aussi les enjeux actuels: l’intégration des outils numériques et donc de la télémédecine dans les pratiques médicales.
Q2. Les enjeux déontologiques et juridiques ne sont pas les mêmes qu’il s’agisse d’un réseau social généraliste tel Facebook, twitter et un réseau social pour médecins tel esanum. Quelles sont selon vous les différences principales ?
Nous sortons là de la télémédecine au sens de la réglementation française.
Sur les enjeux déontologiques des réseaux sociaux, nous avons publié unlivre blanc qui concerne la déontologie médicale sur le web. Vous y trouverez la position du Conseil National sur cette question.
Tout d’abord un médecin qui s’affiche en tant que tel sur les réseaux sociaux “publics” se doit de respecter la déontologie médicale avec les autres, les autres étant de deux types : les autres professionnels de santé et les patients. Le caractère sommaire des expressions qui peuvent être publiées sur les réseaux sociaux, tels que twitter avec ses 140 caractères, ne prêtent pas à la nuance. Cela suppose une attitude respectueuse envers les autres (ce n’est pas toujours le cas) et respectueuse de soi-même; là on touche la e-réputation.
J’ajouterais qu’il y a une grande différence entre Twitter, qui est un fil de discussion dont les caractères sont limités et Facebook où l’on peut s’étendre beaucoup plus largement. Revenons sur une polémique récente; une fresque paillarde a été peinte sur les murs d’une salle de garde, il s’agissait d’un endroit privé à usage des internes, dans lequel on peut peindre ce que l’on souhaite, que ce soit de bon ou de mauvais goût. Cette fresque a été photographiée et mise en ligne sur Facebook. En agissant ainsi la fresque a été extraite de l’espace privé pour être mise sur la scène publique. Cela n’a pas fait rire grand monde, puisqu’un certain nombre de personnes militantes se sont offusquées en voyant là une atteinte aux droits des femmes. Et la fresque a enflammé les réseaux sociaux, enflammé est un bien grand mot, car sur les réseaux réseaux sociaux, les feux sont bien souvent des feux de paille. On passe d’une indignation à l’autre. Il y a là un véritable aspect déontologique; il faut rappeler aux médecins et dans ce cas précis, aux internes, qu’il faut bien faire la distinction entre ce qui est du domaine privé et du domaine public. Ce n’est pas parce qu’on trouve quelque chose de rigolo dans notre vie privée, qu’il faut l’exposer aux yeux de tous, au risque de toucher la sensibilité de certains. Alors dire que « les autres sont des cons » et qu’ils ont rien compris c’est un point de vue, mais il ne faut pas oublier qu’on est toujours le « con » d’un autre. L’Ordre a par conséquent rappelé qu’il existe un certain nombre de règles, ne serait-ce que de « savoir vivre en société »
La différence entre un réseau social généraliste et un réseau social fermé est énorme : dans un réseau social fermé on est dans un espace privé. Les participants à ce réseau doivent savoir qui parle mais peuvent s’exprimer avec une plus grande spontanéité. Si on désapprouve ce qu’il s’y passe, on peut s’en aller.
Q3. L’anonymat c’est bien, mais en tant que médecin quelles sont les limites, qu’il faudrait poser à l’anonymat dans l’utilisation des réseaux sociaux ?
Au nom de la liberté d’expression, certains médecins utilisent un pseudo. Le fait d’utiliser un pseudo a quelque chose de troublant si on utilise son anonymat pour poster des statuts, qui ne seraient pas assumés sous l’identité réelle. Et puis sur un réseau généraliste il faudrait aussi, que l’interlocuteur, à moins qu’il connaisse l’identité qu’il y a sous le pseudo, ait une certitude quasi-absolue qu’il s’agisse bien d’un médecin ou d’un professionnel de santé en situation régulière d’exercice, d’un point de vue juridique. Nous avions, dans le fameux livre blanc proposé que l’Ordre puisse labelliser, certifier les pseudos utilisés sans pour autant révéler l’identité. Ce point de vue a soulevé des fortes objections, toujours dans l’excès, alors que pour certains c’était une bonne initiative. Je note, à travers ma présence sur les réseaux sociaux et en particulier sur twitter que les mentalités ont évolué, certains en sont venus à lever leur anonymat et d’autres envisagent de le faire. C’est une lente maturation qui s’associe à une prise de conscience que l’usage d’un pseudo n’affranchit pas des règles de bienséance qui existent dans la vie courante.
Q4. Que pensez-vous du partage d’informations sur les patients sur les réseaux sociaux, spécialisés ou non ?
À partir du moment où des médecins partagent des infos, que ce soit à propos de leur formation ou d’une demande d’aide, conseil, comme cela peut se passer en cabinet, l’identité du patient doit être masquée. Il s’agit du respect de la confidentialité des données personnelles de santé qui sont des données, en France, dites sensibles et au nom des libertés individuelles, elles se doivent d’être protégées. Ce n’est pas parce qu’on est sur un réseau social qu’on doit s’affranchir des règles. Il faut ainsi anonymiser les données partagées. Ce sont des principes de bon sens qui découlent du secret médical et de ce que moi je préfère appeler le secret portant sur les données personnelles de santé. C’est médical dans le sens où cela concerne la santé mais le médecin n’en est pas le seul dépositaire. C’est un élément important, très important. Si le patient participe à la conversation et donne des informations relatives à ses données personnelles de santé, les médecins ne vont pas lui dire de se taire car c’est un secret. La personne fait ce qu’elle veut de ses données de santé, mais elle doit alors savoir précisément à quoi elle s’expose
Q5. Avez-vous un exemple concret de santé connectée à l’étranger qui pourrait être une source d’inspiration pour la France ?
Santé connectée et télémédecine ne sont pas tout à fait la même chose, même si les objets connectés peuvent être intégrés la pratique de la médecine ou de la télémédecine. L’Ordre va se prononcer la dessus. Mais pour faire court, dès lors que des objets connectés sont intégrés à la pratique de la médecine il s’agit de dispositifs médicaux, qui doivent obéir à une réglementation nationale qui est une déclinaison de la réglementation européenne sur les dispositifs médicaux. Il y a de plus en plus d’objets connectés en santé, qui ne sont pas intégrés à la pratique de la médecine mais qui concerne la santé. La frontière est assez poreuse entre un acte médical qui concerne un patient et une activité médicale qui concerne la santé. Le champ est immense et il y a un marché considérable des applis et objets connectés, c’est presque tous les jours qu’une start up se lève dans ce domaine.
La santé connectée à l’étranger se fait sur deux modèles : le premier, aux États-Unis, où le libéralisme économique se confronte à un système de protection sociale relativement précaire. Puisque le Président Obama lui-même a eu beaucoup de mal à faire voter par les chambres la sécurité sociale. Le citoyen américain avant d’entrer dans le système de santé très onéreux, va essayer de contourner le premier recours au médecin en utilisant des moyens numériques qui vont lui permettre lui-même de savoir s’il peut se soigner seul ou s’il doit contacter un médecin et entrer dans le système de soin. Ainsi dans le modèle américain, la télésanté est liée au business et à la solidarité dans le système précaire de santé. Le modèle suivant, ce sont les pays émergents, qui eux, sont parfois de véritables déserts médicaux et qui vont passer de l’aire de la médecine traditionnelle, si je puis dire, à la médecine numérique sous réserve de la couverture des réseaux. La santé connectée permet là un accès aux soins pris au sens large, puisque sans elle il n’y a rien. J’en parlais récemment avec un confrère africain et je sais que la Cote d’Ivoire va passer des accords avec la France en matière de télémédecine. Mais une santé connectée prise au sens large, pas réglementée comme elle l’est en France.
Notre source d’inspiration doit être nous-même et le Conseil National de l’Ordre dans son livre blanc sur la e-santé et la santé mobile, propose des recommandations liées à sa propre analyse. Le Conseil national se prononce en faveur des objets connectés et de la santé connectée. Nous voulons participer au débat sur ce sujet et nous voulons être intégrés à ce que nous avons appelé la gouvernance de la e-santé en France pour donner nos points de vue juridiques, déontologiques. Nous avons une opinion argumentée qui mérite d’être confrontée à des points de vue différents. Nous nous positionnons car nous sommes une autorité régulatrice, qui dit ce qu’elle pense sans vouloir imposer son point de vue. Nous nous positionnons aussi en tant qu’autorité administrative. L’objectif est que le patient et le professionnel soient au courant des enjeux, sans pour autant tuer l’innovation.
Il y a actuellement un certain nombre d’établissements qui proposent des applications,l’ARS de Picardie par exemple, propose des applications pour l’offre de soins et l’orientation des patients : un patient ou son entourage vont chercher un établissement, par exemple médico-social, l’application va alors chercher sur la Picardie quels sont les établissements correspondants. C’est un gain de temps par rapport au téléphone et c’est un exemple connecté. Le CNOM souhaiterait à l’avenir proposer lui-même une application ordinale qui proposerait une géolocalisation des professionnels de santé et leur activité réelle. Par exemple un ORL qui ne s’occupe que de la surdité ne va pas pouvoir vous aider si vous avez le nez qui coule, car son activité réelle c’est la surdité. Et c’est ce qu’on voit dans les nombreux services, notamment à l’hôpital. Il y a une vraie segmentation.
Q6. Si vous pouviez changer quelque chose au système de santé français ce serait quoi ?
Le premier changement à l’heure du 2.0 en matière de santé, ce serait une forme numérique de démocratie sanitaire. Je pense qu’il faut d’abord supprimer le cloisonnement entre la ville et l‘hôpital et le numérique doit y contribuer. Il faut faire attention à ce qu’il n’accentue pas au contraire la fracture et que les hôpitaux ne parlent qu’entre eux et les libéraux aussi. Il faut mettre en place des systèmes d’information rapides et fiables entre la ville et l’hôpital.
Le 2ème élément qui est de notre point de vue majeur, serait la création d’un conseil national stratégique de la e-santé, réunissant tous les acteurs dans une formation relativement resserrée afin de proposer une stratégie liés à la protection ou la restauration de la santé: environnement, hygiène de vie… la prévention, et puis le soin. Il faut qu’il y ait des professionnels de santé, nous sommes à même de tenir le rôle de leader, sans vouloir faire d’impérialisme, des représentants de la société civile, des représentants de l’industrie, des experts juridiques, des gens qui font profession de réflexions éthiques et puis bien évidemment l’administration centrale ainsi que le financeur.
Une étude récemment menée par le Professeur H. Steiger, qui orchestre le Douglas Mental Health University Institute Eating Disorders Program (EDP) –Programme des troubles alimentaires, de l’institut universitaire Douglas pour les maladies mentales –, à Montréal, s’est intéressée à l’influence des facteurs épigénétiques qui peuvent intervenir autour de l’anorexie nerveuse.
L’anorexie est une pathologie répandue dans la société actuelle, qui provient avant tout de troubles psychiques, elle est souvent associée automatiquement pour les patients à une image dépréciée de leur corps, une fuite de la sexualité ou encore des soucis parentaux. Or, Le Dr. Steiger, chef de l’EDP au Douglas Institute déclare que leurs nouvelles découvertes remettent en cause ces caractérisations d’office d’éléments déclencheurs pour cette maladie et que les symptômes seraient plutôt à considérer comme l’impact de l’environnement sur la biologie de l’Homme, qui se piège dans un cercle vicieux de restrictions alimentaires.
En effet, leur étude suggère que plus longtemps les patients souffrent d’anorexie nerveuse, plus ils sont susceptibles de présenter des altérations significatives de méthylation de leur ADN.
Subséquemment, l’expression de leurs gènes serait altérée et ce notamment en ce qui concerne les gènes liés aux réactions émotionnelles, comportementales et à d’autres fonctions physiques.
Entre autres, le rapport intitulé “DNA methylation in inviduals with Anorexia Nervosa and in matched normal-eater controls : A genome-wide study” - La méthylation de l’ADN comparée entre des individus souffrant d’anorexie nerveuse et un groupe contrôle de “mangeurs normaux“: Une étude pangénomique – qui doit être publié dans l’International Journal of Eating Disorders – Journal international des troubles alimentaires – montre une association entre la chronicité de cette maladie chez les femmes, majoritairement concernées, et un taux prononcé d’altération de méthylation de l’ADN pour les gènes impactant en particulier sur l’anxiété, et sur le comportement social puis sur diverses fonctions nerveuses, l’immunité et le fonctionnement des organes périphériques.
Ceci souligne alors le rôle de mécanismes physiques dans le passage à la chronicité de ce trouble alimentaire, qui s’auto-entretient pour ainsi dire, à cause de troubles épigénétiques qui l’influencent. Plus conséquent, cela marque l’importance de traiter efficacement l’anorexie nerveuse aussi rapidement que possible !
Finalement, les résultats de ces recherches impliquent une nouvelle façon d’aborder l’anorexie nerveuse, qui affecterait alors les fonctions nerveuses, psychologiques et physiques par des phénomènes épigénétiques perturbant l’expression des gènes. D’autres pistes sont donc à explorer afin de pouvoir utiliser ces connaissances en thérapeutique, par exemple : L’arrêt des symptômes de l’anorexie nerveuse est-elle corrélée avec une normalisation, ou une reprogrammation, des niveaux de méthylation ? Car si tel est le cas, de nouveaux traitements plus effectifs pourraient voir le jour…
Sources :
http://www.douglas.qc.ca/news/1322?locale=en
http://flexikon.doccheck.com/de/Anorexia_nervosa