Monsieur Thentz, ministre de la Santé et des Affaires sociales du canton du Jura. (en faveur de la caisse unique)
Q1. Plutôt que d’imposer une caisse unique, pourquoi ne pas créer une assurance publique, qui serait une alternative pour ceux qui ne souhaitent pas s’assurer dans le privé ? Et comment inciteriez-vous alors les gens à la privilégier face à ses concurrentes privées ?
Le texte mis en votation portait précisément sur la création d’une caisse publique, mais dont la mise en œuvre remplacerait les caisses privées, par la création d’agences cantonales uniques. Si les 2 systèmes (caisse publique/caisses privées) pouvaient théoriquement cohabiter, pratiquement ils ne le peuvent pas. En effet, les caisses privées refuseraient les assurés “à risques” et coûtant cher, et les enverraient vers la caisse publique. Ainsi la caisse publique devrait les accueillir, ce qui rendrait sa rentabilité impossible.
Q2. Les antis-caisse unique ont utilisé l’exemple du déficit des systèmes de santé des pays voisins (notamment le modèle français) comme argument contre la caisse unique. Dans quelles mesures le modèle que vous vouliez mettre en place se veut plus performant ?
Il ne m’appartient pas de juger les modèles des pays voisins. Le modèle que nous avons soutenu a le mérite d’être plus transparent, plus simple, plus solidaire et meilleur marché que le modèle existant actuellement en Suisse.
Q3. Un des arguments principal contre la caisse unique était la fin de la liberté choix. N’existe-t-il pas d’autres solutions permettant de concilier liberté et solidarité ?
Le modèle de caisse publique que nous avons défendu laisse toujours une liberté de choix dans le modèle ou le type d’assurance contracté par l’assuré (p.ex. : médecin de famille – réseau de soin – etc…). Il supprime par contre la multiplication de ces modèles par 61 assureurs qui proposent en fait exactement les mêmes produits, mais avec des coûts pour les assurés allant quasiment du simple au double. Comme quoi la liberté du marché ne rime pas forcément avec lissage des coûts/prix.
Arnaud Bonvin, secrétaire roman du PLR. Les Libéraux-radicaux. (opposé à la caisse unique)
Q1. C’est la deuxième fois que les Suisses se prononcent contre la mise en place d’une caisse unique, est-ce parce que le système actuel les satisfait ou plutôt parce qu’ils ont peur du système qui pourrait voir le jour ?
Les Suisses sont globalement satisfaits de leur système de santé. Cependant, la LaMAL est en place depuis 1996, ce qui est relativement jeune pour une telle structure. Par conséquent, nous sommes conscients que le système a besoin de correction. Le parlement a déjà voté plusieurs réformes (compensation des risques, meilleure surveillances des caisses-maladie). Les Suisses se sont prononcés contre ce projet surtout parce qu’ils ne pensent pas qu’une structure rigide et étatique puissent permettre de faire baisser les coûts de la santé. Au contraire, le projet de caisse unique présentait de nombreuses zones d’ombres (comment sera organisé la nouvelle structure, qui décidera, quelles seront les primes, etc…).
Q2. Le montant des primes et le niveau des prestations étant fixés par l’État, peut-on vraiment dire que les assurés bénéficient de la concurrence entre les caisses?
Il existe bien une concurrence, certes limitée. La loi sur l’assurance maladie (LAMal) détermine le cadre de cette concurrence. Elle permet aux Suisses d’avoir le choix entre différents modèles et franchises. Ainsi ils peuvent obtenir le modèle qui leur convient.
Q3 Ne pensez-vous pas que la caisse unique et surtout publique est une bonne alternative pour les citoyens les plus modestes n’ayant pas les moyens de souscrire une complémentaire de santé?
Le projet de caisse unique voulue par les initiants aurait surtout porté atteinte aux citoyens les plus modestes ! En effet, avec une prime unique par canton, les personnes qui payent aujourd’hui le plus et celles qui payent le moins auraient vu leur prime se caler sur la moyenne.
Les ménages les plus modestes optes le plus souvent pour les primes les plus basses alors que les familles plus aisées ont des primes plus élevées. Avec la caisse unique, on aurait assisté à un nivellement vers le haut des primes des plus modestes.