En Irlande, une diminution de concentration sanguine de vitamine D a été montrée durant les mois hivernaux, et la prise de conscience des femmes en âge de procréer sur l’importance de la vitamine D durant la grossesse est faible. Aucune étude n’a évalué les comportements des hommes par rapport à la vitamine D pendant le stade de préconception. Par ailleurs le statut de vitamine D chez les individus traités pour infertilité est inconnu en Irlande.
Dans le but de déterminer l’influence de la vitamine D sur les variables de la fertilité et les résultats de traitements contre l’infertilité, une équipe irlandaise a étudié le statut hivernal de vitamine D chez des couples de Dublin en procédure de fécondation in vitro (FIV) ou d’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) (DOI: 10.1016/j.ijgo.2016.04.018). L’étude a été réalisée dans une clinique pour la fertilité à Dublin, où des participants ont été recrutés entre janvier et mars 2014. Un questionnaire a été réalisé pour évaluer leurs connaissances et pratiques par rapport à la vitamine D, et un échantillon sanguin a été prélevé pour le dosage de la vitamine D, basé sur la concentration sérique de la 25-hydroxy-vitamine D, 25(OH)D. Selon la division de santé et médecine de l’académie nationale des sciences (USA), un taux inférieur à 30 nmol/L indique un risque de déficience, un taux entre 30 et 50 nmol/L indique une insuffisance, et un taux supérieur à 50 nmol/L indique une suffisance. Les résultats des traitements FIV/ICSI réalisés dans les 2 semaines après la collecte d’échantillons ont été suivis.
Durant l’étude, 75 hommes enrôlés ont répondu au questionnaire, et 73 ont fourni un échantillon sanguin. Parmi les partenaires, 64 ont fourni un échantillon sanguin et 63 ont rempli le questionnaire. Aucune différence en termes d’âge, d’origine ethnique, durée de résidence en Irlande ou niveau d’éducation n’est relevée entre les participants masculins et féminins. Les taux de 25(OH)D ne sont pas statistiquement différents entre hommes et femmes (51.7 ± 2.8 vs. 47.4 ± 2.8 nmol/L) mais une faible corrélation statistique des concentrations entre les 2 partenaires des couples est relevée (r=0.267, p=0.036).
Le taux de 25(OH)D est positivement associé à l’utilisation de suppléments en vitamine D (hommes: 57.2 vs. 44.2 nmol/L, p=0.019; femmes: 53.2 vs. 36.5 nmol/L, p=0.004). L’utilisation de protection solaire chez les hommes (56.5 vs. 38.2 nmol/L, p=0.003) et la conscience de la fortification chez les femmes (49.1 vs. 24.0 nmol/L, p=0.026) sont également positivement associées à la concentration sérique de 25(OH)D, tandis que l’auto-rapport des connaissances sur la vitamine D par les femmes y est négativement associé (grande connaissance: 42.5 nmol/L vs. non-grande connaissance: 61.2 nmol/L, p=0.012).
Chez les hommes, la mobilité totale, la mobilité progressive, le compte et la morphologie des spermatozoïdes ne sont pas corrélés à la concentration de 25(OH)D. Seule une faible mais non-significative corrélation est observée avec le volume de sperme (facteur de corrélation de Pearson = -0.111, p=0.348). La classification des taux de 25(OH)D selon l’académie des sciences ne révèle pas de différence d’analyse du sperme ou des taux de fertilisation. Des problèmes d’infertilité masculine n’engendrent pas de différence du taux de 25(OH)D.
Chez les femmes, le taux de l’hormone de régression müllérienne et l’IMC ne sont pas associés au 25(OH)D sérique. Une faible corrélation, mais non-significative, apparaît avec le nombres d’ovocytes collectés (corrélation de Pearson=0.164, p=0.198).
Concernant les paramètres d’infertilité communs aux 2 partenaires des couples, aucune association n’est révélée entre le nombre d’ovocytes fertilisés et le 25(OH)D de l’homme, mais une faible bien que non-significative corrélation existe avec le 25(OH)D de la femme (corrélation de Pearson=0.190, p=0.136). Le résultat de la procédure (grossesse vs. pas de grossesse ou comparaison de tout type de résultat) ne met pas en évidence de différence de concentration de 25(OH)D.
Cette étude ne révèle aucune association entre différentes variables (féminines, masculines ou combinées) de la fertilité et vitamine D, évaluée par son taux sérique ou par statut selon la division santé et médecine de l’académie des sciences aux Etats-Unis. De même, les cas d’infertilité ne trouvent pas d’explication liée à la vitamine D, et les résultats des procédures FIV/ICSI ne semblent pas impactées par ce paramètre. Ces résultats alimentent le débat scientifique existant sur le rôle de la vitamine D dans la fertilité et reproduction humaine, et il est donc difficile de justifier une supplémentation en vitamine D dans la gestion de l’infertilité. Bien que suffisante pour évaluer les principales questions scientifiques posées ici, la taille de cette étude rend toutefois délicate l’interprétation des analyse en sous-catégories. De plus, la population très homogène ne permet pas l’extrapolation des résultats à la population globale. Il serait tout de même intéressant d’investiguer davantage la faible corrélation non-significative du statut de vitamine D des femmes avec le nombre d’ovocytes fertilisés.
Texte : jd / esanum
Photo : Aleksandra Gigowska / Shutterstock