Une étude d’octobre 2015, publiée dans Science, avançant que des inhibiteurs de la calcineurine parviennent à inhibiter la fertilité de souris mâles a été réalisée par des chercheurs japonais. Les médicaments testés étaient la cyclosporine Aet le FK506 (tacrolimus), deux molécules couramment utilisées en traitement immunosuppresseur anti-rejet. Il avait été remarqué que l’un de leurs effets secondaires était une baisse de fertilité chez les patients mâles, sans que le phénomène ne puisse vraiment être expliquer.
Les médicaments ont été administrés à ces souris durant deux semaines, ce qui les rendait infertiles en quatre à cinq jours. Une semaine après l’arrêt du traitement, elles redevenaient reproductivement fonctionnelles. La calcineurine est une protéine phosphatase dont l’activité stimule la production de facteurs de transcription, et qui joue un rôle dans la production gamétaire masculine. Les spermatozoïdes ont de la calcineurine sous la variante PPP3CC/PPP3R2, qui devenait dysfonctionnelle chez les souris testées : les spermatozoïde se retrouvaient avec une mobilité amoindrie, empêchant la traversée de la zone pellucide et donc toute fécondation avec un ovule.
Ces résultats sont une avancée dans les recherches sur la contraception masculine; des chercheurs français avaient déjà démontré que l’inhibition de la protéine Brdt – un régulateur indispensable de la spermatogenèse – permettait d’empêcher la production de spermatozoïdes. Un anticancéreux, JQ1, bloquait ainsi de manière réversible la formation de spermatozoïdes. Ces différentes pistes pourraient conduire à la commercialisation à moyen terme d’une véritable pilule contraceptive, à l’instar de celle utilisée par les femmes.
A l’heure actuelle, le préservatif est le quasi-unique moyen de contraception masculine. En effet, les spermicides sont utilisés par les femmes, et la vasectomie, consiste en une ligature des canaux déférents, entraîne une stérilité définitive et ne permet donc pas de réversibilité. En conséquence, elle ne convient qu’aux hommes sûrs de ne pas ou de ne plus vouloir d’enfants.
Si la pilule contraceptive masculine est mise sur le marché, elle pourrait bouleverser les habitudes qui considèrent que la contraception est une « affaire de femmes ». Si les effets secondaires sont maîtrisés et la réversibilité assurée, les hommes devraient s’y intéresser, et donc permettre plus de parité dans la contraception, et plus de liberté dans le couple, libérant de la femme de l’exclusive responsabilité du contrôle des naissances.
Texte : sb / esanum
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