Cette nouvelle donnée aiderait à concrétiser les propositions de la FDA, visant à réduire la dépendance tabagique et d’éviter 8,5 millions de décès à l’horizon de 2100.
1,1 milliard de personnes fument dans le monde ; 600.000 personnes meurent chaque année à cause du tabac. Au-delà des étiquettes d’avertissement sur les paquets de tabac, les spots publicitaires et la hausse des taxes sur les cigarettes, la Food and Drug Administration (FDA) s’attaque directement aux cigarettes elles-mêmes en proposant de diminuer leur teneur en nicotine. Cette mesure, en permettant de réduire la dépendance tabagique, pourrait inciter les fumeurs à abandonner les cigarettes. La question d’une baisse brutale ou plutôt progressive de la nicotine contenue dans les cigarettes s’est alors posée. C’est ce qui a motivé une équipe de chercheurs américains à conduire cette étude, en comparant les bénéfices qu’ont peut tirer des deux procédés sur la santé des fumeurs et sur l’addiction tabagique.
L’étude a été conduite sur 10 sites aux États-Unis auprès de 1250 fumeurs ayant une consommation quotidienne de 5 cigarettes ou plus. Ces derniers n’avaient aucune intention d’arrêter le tabac dans les 30 jours à venir. Les groupes ont été recrutés selon une randomisation à l’aveugle.
Le premier groupe a eu une réduction brutale de la nicotine soit à 0,4 mg par gramme de tabac. Le deuxième groupe, quant à lui, a subi une réduction progressive allant de 15,5 mg à 0,4 mg par gramme de tabac. La dégression s’est faite par paliers aux semaines 4, 8, 12 et 16 semaines. Enfin, chez le troisième groupe, le taux de nicotine est resté inchangé, soit à une moyenne de 15,5 mg de nicotine par gramme de tabac.
Le suivi des fumeurs s’est étalé sur 20 semaines et a consisté à mesurer le taux des biomarqueurs qui indique le niveau d’exposition aux toxiques, le nombre de cigarettes fumées par jour ainsi que la dépendance à la nicotine (test de Fagerstörm).
Les résultats ont montré que les taux des biomarqueurs d’exposition aux toxiques les plus bas étaient enregistrés chez le groupe à réduction nicotinique immédiate. Il n’existait pas de différence entre le groupe à réduction progressive et le groupe sans réduction. De plus, le nombre de cigarettes fumées par jour ainsi que la dépendance à la nicotine étaient plus bas dans le groupe à réduction immédiate.
Ces résultats suggèrent que les bénéfices d’une réduction de la nicotine dans le tabac sont plus perceptibles et plus importants lorsque cette dernière s’est faite de manière brutale.
À la lumière des données tirées par cette étude, et concernant la question de la diminution de la nicotine dans les cigarettes, la balance penche plutôt pour une réduction brutale.
Cependant, et vu la période de suivi limitée à 20 semaines lors de cette étude, on ne peut prédire les résultats à long terme. D’autres études sur ce sujet sont nécessaires dans le but d’aider à la mise en place de futures dispositions préventives pour lutter contre le tabagisme.
Sources : Hatsukami DK, Luo X, Jensen JA, al'Absi M, Allen SS, Carmella SG, Chen M, Cinciripini PM, Denlinger-Apte R, Drobes DJ, Koopmeiners JS, Lane T, Le CT, Leischow S, Luo K, McClernon FJ, Murphy SE, Paiano V, Robinson JD, Severson H, Sipe C, Strasser AA, Strayer LG, Tang MK, Vandrey R, Hecht SS, Benowitz NL, Donny EC. Effect of Immediate vs Gradual Reduction in Nicotine Content of Cigarettes on Biomarkers of Smoke Exposure: A Randomized Clinical Trial. JAMA. 2018;320(9):880-891. doi: 10.1001/jama.2018.11473. PMID: 30193275