Le virus est transporté par les oiseaux migrateurs qui en sont le réservoir et transmis à l’homme par un moustique du type Culex au cours de ses repas sanguins, c’est aussi possible lors de la transfusion de sang contaminé.
Dans 80% des cas, l’infection est asymptomatique. Dans les cas symptomatiques, une forte fièvre survient brutalement après une période d’incubation de moins d’une semaine. Les signes d’accompagnements sont variés : céphalées, myalgies, toux, adénopathies cervicales, éruptions cutanées, nausées, douleurs abdominales, diarrhées ou encore symptômes respiratoires.
Dans 15% des cas, des complications graves surviennent (méningites, encéphalites, hépatites, pancréatites ou myocardites). L’évolution est majoritairement favorable mais peut laisser des séquelles ou être fatale pour les populations âgées ou très jeunes.
L’Institut Pasteur est à la tête de plusieurs programmes d’étude du WNV: sur ses facteurs de virulence ainsi que sur des outils diagnostiques. L’unité Interactions Moléculaires Flavivirus-Hôtes en a la charge en collaboration avec l’ANSES de Maisons Alfort. L’institut Pasteur est aussi intégré dans le programme européen EUROWESTNILE (2011-2014).
Des équipes de l’Institut se sont associées au Programme Transversal de Recherche DEVA qui a permis d’élaborer une puce à ADN diagnostiquant les infections aiguës par les virus du chikungunya, de la dengue et du WNV sur le sang ou le sérum des patients. Cette puce détermine de plus le génome des virus présents dans l’échantillon.
Le principe du vaccin contre la rougeole recombiné
Un candidat vaccin contre le WNV a été mis au point en 2005 par l’Institut Pasteur. Les chercheurs ont à cet effet utilisé une souche recombinante du virus de la rougeole : la souche vaccinale Schwarz qui correspond au vaccin vivant pédiatrique couramment utilisé et dont l’efficacité et l’innocuité sont démontrées depuis longtemps. Celle-ci produit en fait la glycoprotéine E présente à la surface du virion WNV et qui est la cible de la réponse humorale au cours d’une infection. Les chercheurs ont cloné le génome de la souche Schwarz et y ont intégré des unités de transcription du génome West Nile. Ce vecteur a exprimé fortement et stablement les gènes codants des protéines du VIH, du WNV ou de la dengue. De plus, la réponse au vaccin était aussi bien visible chez les animaux naïfs à la rougeole que chez ceux ayant été vaccinés contre la rougeole un an auparavant et ils ont tous pu résister à des doses mortelles de WNV.
Au-delà du WNV, l’utilisation de la rougeole comme vecteur dans de nombreux autres vaccins pourrait permettre une prophylaxie élargie contre d’autres virus (VIH, dengue, …). C’est en effet un vaccin qui induit une immunité protectrice à vie contre la rougeole chez 95% des individus en 1 à 2 injections avec peu d’effets indésirables. Il est facilement produit à grande échelle et serait donc très attractif pour les pays pauvres. Il permettrait par sa bivalence de lutter contre deux pathologies simultanément.
Cependant très récemment, une équipe de recherche de l’OHSU (Oregon Health & Science University) a mis au point un vaccin contre le WNV en l’inactivant grâce à un nouveau processus basé sur le peroxyde d’hydrogène, tout en conservant sa capacité d’induction de réponse immunitaire. Ce nouveau candidat est entré dans un essai clinique qui suivra 50 personnes pendant 14 mois pour évaluer sa sécurité et le déclenchement de la réponse immunitaire.
La lutte contre le WNV ne fait donc que commencer !
Texte : pg