Annoncée en mars, au plus fort de la colère des médecins contre la loi santé, ce grand raout sera l’occasion d'”annoncer des réformes à court terme et de préparer des évolutions à plus long terme (…) pour les professionnels”, a indiqué le Premier ministre, Manuel Valls, qui clora l’événement.
Concrètement, il s’agira d’améliorer la formation initiale et continue des professionnels de santé, mais aussi de faciliter leurs conditions d’exercice et la diversification de leurs carrières, indique-t-on dans l’entourage de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui dit “attendre beaucoup” de cette conférence.
“Plus de 300” personnes représentant les étudiants, médecins, infirmiers, pharmaciens, et même les patients sont attendues, selon elle, au Conseil économique social et environnemental (Cese) où elle s’exprimera dans la matinée, après le secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon.
Six tables rondes, consacrées aux formations, “au développement des compétences (…) tout au long du parcours professionnel”, ou encore aux “nouvelles pratiques pédagogiques” permettront de restituer les travaux engagés en juillet sous l’égide d’Anne-Marie Brocas, présidente du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, et de Lionel Collet, professeur de médecine et Conseiller d’Etat.
Grands absents, les principaux syndicats de médecins libéraux (CSMF, MG France, FMF, SML, le Bloc) organiseront le même jour leurs “assises” de la médecine libérale, un ultime pied de nez au gouvernement. Ils y dévoileront “une plateforme de propositions communes” en vue de la prochaine négociation sur leur rémunération avec l’assurance maladie, a expliqué Jean-Paul Ortiz, le président de la CSMF, qualifiant la conférence de santé d'”enfumage politique”.
Le principal syndicat de généralistes, MG France, a toutefois montré un signe d’ouverture. Le gouvernement ayant annoncé vendredi la titularisation d’une quinzaine d’enseignants supplémentaires en médecine générale, le syndicat a finalement décidé d’envoyer au Cese “un observateur pour marquer sa satisfaction”, a expliqué son président, Claude Leicher, qui réclame un renforcement de sa spécialité à l’université.
Au gouvernement, on minimise la portée du boycott, en soulignant que l’ensemble des étudiants et des professionnels seront représentés, notamment par la voix du président de l’Ordre des médecins, Patrick Bouet, armé d’une batterie de propositions.
Dans son programme “pour la santé de demain”, dévoilé fin janvier, l’Ordre suggère notamment de créer un numérus clausus (nombre d’étudiants admis en seconde année de médecine) “régionalisé”, c’est à dire tenant compte des besoins des territoires, ou d’instaurer une note éliminatoire aux examens.
Pour entretenir et contrôler les compétences des professionnels, l’Ordre propose également d’introduire un système de “recertification” tous les six ans.
Plus généralement, le rassemblement de tous les acteurs du système de santé permettra de discuter du travail en équipe et du décloisonnement entre l’hôpital et la ville (exercice libéral), face aux défis du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques. Chacun plaidera pour son camp.
Les médecins hospitaliers espèrent ainsi de “grandes orientations” pour la protection sociale des soignants et leur formation continue, selon Max-André Doppia, le président d’Avenir Hospitalier. “Il y en a marre des effets d’annonce”, prévient-il.
Les internes en médecine générale demanderont eux que leur DES (diplôme d’études spécialisées) “reste en trois ans” et la possibilité de “faire au moins deux semestres de stage en ambulatoire (dans un cabinet, ndlr)”, d’après Yves-Marie Vincent, président de l’Isnar-IMG.
Les infirmiers aborderont de leur côté l’exercice en pratique avancée, qui prévoit d’élargir leurs interventions en leur permettant par exemple de prescrire certains médicaments, pour s’assurer que les professionnels formés en 5 ans seront rémunérés en conséquence, explique Thierry Amouroux (SNPI).
Texte et crédits photo : AFP