Chaque semaine, Lucie nous raconte son année de médecine Erasmus en Allemagne. Ep.2.
J’ai envie de vous parler d’une journée très « pratique » :
Cette semaine, tous les matins c’était orthopédie à l’hôpital et dans ce contexte, nous avons passé une matinée avec mon groupe de 15 personnes à la Lernklinik… Le thème du cours ? “Fracture du radius distal”. Mais pourquoi aller à la Lernkliniket ne pas rester tranquillement à l’hôpital et faire des anamnèses ? Parce que ce jour-là , en plus d’un cours théorique sur le sujet, nous nous sommes mutuellement plâtrés les avant-bras !
En avant les artistes, on remonte ses manches, on enfile un tablier, et on se lance ! Ceci nous a permis de réaliser un plâtre en bonne et due forme, sans se mettre la pression quant au résultat et à la « satisfaction » du patient -Ayant déjà dû faire des plâtres aux urgences, j’ai pu constater l’importance que les patients pouvaient y porter- !
Pendant le cours théorique, j’ai noté un terme plutôt drôle, qui m’a heurté l’esprit : lors de la réduction d’une fracture déplacée, il arrive d’utiliser ce qu’on appelle chez nous des « doigts japonais ». En allemand, ce sont des « Mädchenfänger », soit littéralement « chasseur de jeunes filles » !!!
Dans le même après-midi, je me suis inscrite à un cours dispensé exclusivement à la Lernklinik: bases sur les prises de sang. Cette fois, nous ne nous sommes pas entraînés chacun sur le bras de l’autre car cela nécessite la présence d’un médecin, sur lequel reposerait la responsabilité légale de l’entreprise. Mais nous nous sommes entrainés sur des modèles d’avant bras. – D’ailleurs,ici ,les élèves de 3è année se prennent le sang les uns les autres pendant les cours de chimie pharmacologique, afin d’étudier leur propre hémogramme ! Cela ne paraît-il pas fou ? – Pendant nos stages à la clinique, nous serons amenés à faire de multiples prises de sang, car en Allemagne, les infirmières ont besoin d’une dérogation officielle pour ces actes de soin, il est donc beaucoup plus courant que ce soient les médecins ou stagiaires, qui les pratiquent !
Ce cours était donc très instructif, car nous avons pu réellement nous entraîner à faire des prises de sang avec différentes aiguilles et poser une voie veineuse. En France, on est censé l’apprendre pendant notre stage de 2-3 semaines à l’hôpital au début de notre 2ème année, cependant il est rare que l’on puisse en faire plus de 2-3 durant cette période, et ensuite, nous ne sommes pas toujours amenés à en refaire. J’ai croisé beaucoup de médecins pendant ce fameux stage qui m’ont confié ne pas être sûrs de pouvoir réussir une prise de sang du premier coup… Un comble, non ?
Une dernière anecdote: les aiguilles ont un système de couleur pour différencier leur calibre. Comme chez nous, me direz-vous ! Et alors ? Et bien attention : les aiguilles oranges dans ce pays sont celles à plus gros calibre, au contraire de la France, où les aiguilles oranges sont les plus fines, pédiatriques ! Alors il faudra prendre garde à ne pas se tromper de calibre pour les prises de sang pour les enfants ici !
Lucie Jacques