Ce doigt bionique contient un index relié à une interface neuronale informatique. Cette dernière est reliée aux nerfs périphériques du sujet amputé via des électrodes. Lors du contact de la prothèse avec une surface, un signal électrique est envoyé depuis les microcapteurs électromagnétiques présents sur le doigt bionique. Ce signal est converti en impulsions électriques, reconnues par le système nerveux périphérique du sujet. Ainsi, il peut ressentir le toucher à travers ce dispositif.
Des nerfs ont été stimulés par voie externe – sans chirurgie – via de fines aiguilles microneurographiques dans le nerf médian de sujets valides. L’activité électrique cérébrale était similaire chez ces personnes valides lorsqu’elles utilisaient leur doigt « humain » et leur doigt bionique. Les EEG ont donc montré que le sens du toucher à travers la prothèse chez les valides pouvaient être reproduits sur les individus amputés.
La discrimination tactile est particulièrement bonne avec cette prothèse. « Les personnes non amputées ont été capables de distinguer la rugosité d’une texture 77 % du temps » affirment les chercheurs. Dennis Aabo Sørensen, un Danois amputé de sa main gauche, a participé au projet : il a été le premier à tester le doigt bionique. « la stimulation est presque la même que ce que je pourrais sentir avec ma main […], je sentais les sensations de texture au bout de l’index et ma main fantôme » affirme-t-il. Il dit pouvoir distinguer la rugosité de la surface dans 96% des cas. Cet homme avait déjà testé en 2014 une autre main prosthétique qui permettait de reconnaître les formes et la douceur, mais avec une résolution inférieure au nouveau doigt bionique.
Les résultats de ces tests ont été publiés sous la forme d’un article dans la revue eLife. A l’heure actuelle, le seul amputé ayant testé le dispositif est Dennis Aabo Sørensen. Quatre personnes valides ont également essayé la prothèse. Ce doigt bionique est bien-sûr encore au stade expérimental. Mais il pourrait être un espoir pour les sujets amputés, pour qu’ils puissent à nouveau avoir des sensations tactiles dans leur membre fantôme. «La certification est un long processus, mais des prothèses bénéficiant de cette technologie devraient être mises sur le marché d’ici quatre à cinq ans», s’enthousiasme l’un des chercheurs de l’équipe.
Texte : esanum / sb
Photo : Mrs_ya / Shutterstock