Pour passer d’un sujet infecté à un sujet vulnérable et ainsi avoir l’opportunité de contaminer un nouveau malade, le virus doit utiliser une stratégie de transmission d’une quantité de particules virales suffisante pour déborder les défenses passives de sa cible et ne pas être lui-même détruit par l’environnement extérieur qui lui est hostile.
Le COVID-19 a un tropisme essentiellement respiratoire. C’est-à-dire qu’il se développe volontiers dans l’ensemble des voies respiratoire et qu’il se retrouve dans les sécrétions produites par ces voies respiratoires.
Lorsque l’on prend en compte que la simple respiration, à raison de 16 cycles de 0,5 litre par minute, émet 10 à 104 particules par litre d’air expiré - avec une majorité de particules de diamètre inférieur à 1 μm [1] - on peut estimer qu’au repos on diffuse 8 litres/minute soit 80 à 832 particules d’un diamètre majoritairement de 0,8 μm.
Dès qu’on se met à parler, on peut émettre jusqu'à 5000 particules par minute, d’une taille pouvant atteindre 60 μm [2]. Si l’on se met à tousser, on génère immédiatement des particules en plus, de tailles comprises entre 0,5 et 30 μm mais majoritairement inférieure à 2 μm, alors qu’un éternuement génère autant de particules mais de tailles plus modestes, de 0,5 à 16 μm.[3]
La vitesse de chute (sédimentation) de ces particules dépend de leur taille (on parle d’aérosol si la taille est < 5 μm ou de gouttelette si la taille est > 10 μm). Pour un diamètre de 100 μm, la particule met 10 secondes pour atteindre le sol ou toute surface horizontale, pour un diamètre de 10 μm, la particule met 17 minutes pour atteindre le sol, avec un diamètre de 1μm la particule reste en suspension 18 heures 30 minutes, etsi la taille est de 0,1 μm la particule reste en suspension tant qu’un courant d’air ne l’a pas projetée sur une surface horizontale ou verticale. [4]
Les gouttelettes sédimentent sur les surfaces. Si elles ne se sont pas évaporées, les gouttelettes et les aérosols qui ont sédimentés peuvent être remis en suspension dans l’air, par exemple lors d’un balayage vigoureux ou bien tout simplement se coller par transfert sur les doigts qui parcourent la surface du bureau par exemple puis, lors d’un mouvement automatique inconscient, les doigts contamineront les lèvres, les yeux, les narines, etc. (comme cela est connu depuis les années quarante). [5]
1. Les «aérosols» produits par la respiration, la toux et les éternuements, les gestes médicaux techniques (intubation, aspiration bronchique, …), qui peuvent rester en suspension assez longtemps.
2. Les «gouttelettes» produites par la parole, la toux et les éternuements qui se déposent très rapidement sur les surfaces.
3. Le «contact indirect» via des objets ou des surfaces contaminées par les sujets infectés et manipulées par les sujets vulnérables.
4. Le «contact direct» entre un sujet infecté et un sujet vulnérable (poignée de main, embrassade, etc.).
1. La ventilation des pièces, des lieux de passage ou de transit pour diluer et éliminer les aérosols.
2. Les masques chirurgicaux pour limiter la dispersion des gouttelettes par les sujets infectés.
3. Le nettoyage des surfaces avec un chiffon humide, le lavage des mains et l’usage des solutions hydro alcooliques (SHA) pour retirer/détruire les gouttelettes sédimentées.
4. L’abandon des rituels de salutation habituels comme la bise ou la poignée de main et l’adoption d’une distance sociale supérieure à 1 mètre chaque fois que possible.
La question de toute première importance qui reste, est celle de l’usage ou non du masque par les soignants et du niveau de protection que ce masque doit apporter pour limiter le risque de contamination professionnelle.
D’abord les masques répondent à des normes techniques précises.
NB1 : Le diamètre du COVID-19 est compris entre 0,06 et 0,14 μm[6] donc on pourrait croire qu’il reste en suspension.
Cependant il n’en est rien car pour l’essentiel il est transporté par une particule (gouttelette > 10 μm ou un aérosol < 5 μm).
NB2 : Les masques FFP2 et les lunettes, voire les tenues de protection des soignants, pour établir une barrière contre les aérosols notamment sont pertinent lors de certains gestes médico-techniques qui génèrent des quantités importantes d’aérosol (intubation/extubation, aspiration bronchique, nettoyage/changement de canule de trachéotomie, pose/ablation d’une sonde gastrique, endoscopie, chirurgie, etc.).
Références :
[1] Fabian P., McDevitt J.J., DeHaan W.H., et al. (2008). Influenza virus in human exhaled breath: an observational study. PLoS ONE ;16;3(7):e2691.
[2] Loudon R.G., Roberts R.M. (1967). Droplet expulsion from the respiratory tract. Am Rev Respir Dis.; 95(3):435-42.
[3] Tang J.W., Li Y., Eames I. et al. (2006). Factors involved in the aerosol transmission of infection and control of ventilation in healthcare premises. J Hosp Infect. ; 64(2):100-14.
[4] Knight V. (1980). Viruses as agents of airborne contagion. Annals of the New York Academy of Sciences, 353(1), 147-156.
[5] Loosli C.G., Lemon H.M., Robertson O.H. et al. (1943). Experimental airborne influenza infection. I. Influence of humidity on survival of virus in air. Proc Soc Exp Bio Med.; 53:205-6.
[6] Zhu, Na, et al. A novel coronavirus from patients with pneumonia in China, 2019. New England Journal of Medicine (2020).