Le mésothéliome pleural est un cancer malin agressif de la plèvre, qui dans 80 % des cas est lié à une exposition antérieure à l’amiante (asbestose), et qui répond très difficilement favorablement à toute forme de traitement, curatif ou palliatif. Il a une grande phase de latence, ce qui fait que sa découverte est en générale tardive et de mauvais pronostic d’emblée. Dès le diagnostic, la survie moyenne des patients est en effet de un à deux ans. Dans quelques cas particuliers, on peut pratiquer une pleuropneumectomie chirurgicalement, mais cela reste une exception et on a alors recours à des techniques de radio- et chimiothérapies, palliatives en général. Sauf lorsque la découverte est précoce (stade IA), alors les chances de survie sont plus longues avec une radiothérapie à la gemcitabine ou de l’IFNγ ou encore de l’interleukine 2 (IL-2).
Jusqu’ici, les traitements chimiothérapiques de seconde ligne testés n’avaient pu montrer aucune réponse bénéfique ou équivalente à celui de première ligne chez les patients atteints de mésothéliome pleural malin sarcomatoïde. Cependant, l’équipe de Diego Luigi Cortinovis, médecin oncologue à l’hôpital San Gerardo à Monza, en Italie, semble avoir obtenu des résultats plutôt prometteurs dans son étude en cours sur l’utilisation de trabectédine et doxorubicine en traitement de deuxième intention pour ce mésothéliome. Selon leurs chiffres, 41,92 % de leurs patients traités par le trabectédine en deuxième ligne seraient encore en vie et sans progression cancéreuse après 12 semaines, et dans l’ensemble, la durée « libre de progression cancéreuse » serait de 8.3 semaines.
La Trabectédine (YONDELIS), qui fait partie des antinéoplasiques alcaloïdes, est une molécule de chimiothérapie qui atteint les cellules cancéreuses, perturbant leur cycle cellulaire en se fixant au petit sillon de l’ADN, inclinant l’hélice vers le grand sillon, ce qui affecte à la fois plusieurs facteurs de transcription des protéines qui lient l’ADN et les voies de réparation de l’ADN. On l’utilise aujourd’hui en thérapie de certains cancers de l’ovaire et sarcomes des tissus mous évolués en deuxième intention après les chimiothérapies à base d’isofosfamide et/ou doxorubicine ou anthracyclines, en monothérapie ou association, et en particulier dans les cas de lipo- ou léiomyosarcome.
Ceci-dit, la valeur « prometteuse » de ces résultats reste fortement à nuancer, car cette recherche n’a pu inclure que 17 patients, et qu’une forte toxicité hépatique a été observée chez 10 d’entre eux. Par ailleus, deux d’entre eux ont subi des évènements graves indésirables (dont un létal), dont le lien causal avec le trabectédine n’est pas exclu… Aussi, de nombreuses études se penchent sur les interférons (IFN), afin de barrer la route à la progression de cancer en boostant des mécanismes de l’immunité innée.
Texte : pg