Les « Think tanks », compagnons de l’étatisation de la médecine?

Ce sont des boites à idées et des lieux de débats mais ce sont souvent des boites vides. Elles permettent aux biens pensants des tutelles et aux pseudos sachants d’imposer leur propre vision à travers eux. Les objectifs de tous ces organismes sont d’améliorer la qualité des soins, de réduire les inégalités d’accès, de renforcer l

Ce sont des boites à idées et des lieux de débats mais ce sont souvent des boites vides. Elles permettent aux biens pensants des tutelles et aux pseudos sachants d’imposer leur propre vision à travers eux. Les objectifs de tous ces organismes sont d’améliorer la qualité des soins, de réduire les inégalités d’accès, de renforcer l’efficience du système et d’optimiser les dépenses.

Leur objet est de veiller à promouvoir, de façon non dogmatique ni corporatiste, une vision neuve de ces questions, en favorisant la créativité et en associant les nouvelles générations. Mais pour conduire des changements, il est indispensable de leur donner un sens.

Aux États-Unis les associations de Think tanks ont depuis longtemps une influence sur le pouvoir. En France, ils réunissent de façon transversale des acteurs et des experts du système de soins qui souhaitent contribuer à la bonne gestion du système. Ils ne vont pas contre le sens de l’histoire car ils ont soutenu les plans hôpitaux, le plafonnement des honoraires, la nouvelle convention médicale. Leurs propositions approuvent la politique de santé menée par l’Etat alors que cette dernière continue d’aller « dans le mur ». Ces experts affirment que l’avenir de notre système de soin réside dans la mise en place d’un parcours de santé intégré et coordonné tout au long de la vie.

Les Think tanks de la santé comme le CRIP, l’institut Montaigne et celui du journal Les Échos font de plus en plus parler d’eux en particulier en période électorale. Ils restent pourtant prudents et politiquement corrects car les thèmes de la santé ne se prêtent guère aux propositions radicales. Trop d’intérêts sont en jeu, il faut « ménager la chèvre et le chou ». Le Think tank rappellera donc les principales priorités et actions pour accompagner ces transformations qui étatisent un peu plus la médecine.

Les nombreuses réformes se suivent ainsi à un rythme soutenu au prétexte d’améliorer les conditions de vie et de fin de vie : plans cancer, Alzheimer, bien vieillir et santé mentale, nutrition, lutte contre les infections nosocomiales. Le contrôle et l’optimisation des dépenses restent l’idée fixe. Face à tous ces chantiers, les acteurs du système ont quelques difficultés à s’y retrouver et à intégrer les leviers de ces changements.

Tout est recommandé : la formation des professionnels de la santé, la licence santé donnant accès aux filières médicales, l’infirmière clinicienne, l’informatisation des pratiques, le dossier médical personnel partagé. De cette façon les acteurs des tutelles dépensent sans compter pour exister ou se faire valoir. Or ces ateliers de pensées vont à l’encontre du but recherché, économies et efficience.

Par exemple des logiciels comme celui de l’aide à la prescription (LAP) ont été créés ainsi que le dossier pharmaceutique (DP) afin de renforcer la sécurité sanitaire. Les coûts de la prescription diminueront peut être mais les budgets informatiques ont explosé et les systèmes fonctionnent mal.  Des logiciels ne peuvent pas se substituer à la qualité des professionnels. Ils augmentent les tracasseries administratives des médecins libéraux au détriment de la qualité des soins.

Ainsi pour lutter contre les déserts ces “boites à idées” proposent de regrouper les compétences. C’est une erreur qui aggravera la désertification des campagnes.

Je développe dans le livre “Chirurgie chronique d’une mort programmée” une meilleure approche.

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Texte : bk / esanum
Photo : Jirsak /Shutterstock

Kron
Le Dr. Bernard Kron est un ancien chirurgien de l’Assistance Publique de Paris, membre de l’Académie nationale de chirurgie, qui a opéré plus de 25 mille patients,  au cours de sa carrière. Aujourd’hui, il se base sur son expérience pour poser un regard critique sur la situation actuelle de la santé en France. Il est, par ailleurs, membre d’honneur de l’Union Français pour une Médecine Libre (UFML) et il le dit lui même, s’il se bat à l’heure actuelle, ce n’est pas pour lui, mais pour les générations futures.