Si les risques du tabagisme sont connus, les risques du tabagisme en période périopératoire le sont beaucoup moins. Pourtant, le tabagisme dans la période très spécifique de toute opération chirurgicale augmente les risques de mortalité et de toutes les complications opératoires et médicales.
En 2005, la SFAR a publié son premier document sur le tabac, depuis les connaissances ont évolué, c’est pourquoi une version réactualisée a vu le jour vers 2015. Les spécialistes constatent une augmentation des risques de complications chirurgicales et médicales de l’ordre de 1,5 à 3 sur les patients fumeurs. L’arrêt du tabagisme se présente comme une action “facile” pour agir sur la réduction du risque opératoire. Il suffirait de 6 à 8 semaines d’arrêt de tabagisme pour que les effets du tabac et que les risques associés au tabagisme périopératoire disparaissent. Pour le Pr. Benhamou, il est important de rappeler que si ce délai n’est pas respectable, tout arrêt post-opératoire reste bénéfique.
La société savante ne prétend pas agir sur le tabagisme chronique, mais son implication dans l’arrêt du tabagisme dans la fenêtre temporelle de l’opération est profonde. Dans le cadre de l’opération, l’attention du patient quant aux risques associés à son tabagisme est supérieure en raison de leur immédiateté. En l’en informant, le médecin anesthésiste-réanimateur agit de facto dans le tabagisme chronique : le patient qui devient non-fumeur dans le cadre de la chirurgie peut potentiellement le rester.
Les patients adultes ne sont pas les seuls à être concernés par cette problématique. En effet, un enfant dont les parents fument en sa présence se retrouvent fumeur passif et est en conséquence lui aussi exposé à cette augmentation de risques.
Pour la SFAR, l’objectif central est : “de guider les professionnels dans une démarche conjointe pour aider l’arrêt et provoquer une prise de conscience des populations de ces risques supplémentaires associé au tabagisme en période périopératoire”. Pour atteindre ces objectifs de santé publique, la SFAR met en place plusieurs partenariats, avec des société savantes comme la SFT ou avec des organismes publics tels l’ASP. Ces diverses actions permettent la mise en place d’un véritable circuit, dans lequel médecins généralistes et tabacologues sont impliqués.
La question du tabagisme en période périopératoire nécessite donc un engagement actif de tous les professionnels, qui va au delà du conseil. L’orientation du patient dans un schéma organisationnel et pluridisciplinaire est primordial.
Texte : pg / esanum
Photo : alexvav / Shutterstock