Ce syndrome mortel s’il n’est pas pris en charge rapidement a été découvert dans la fin des années 70, une patiente l’ayant contracté après usage de tampons. Ce cas fût à l’origine de la première polémique. Depuis, des cas continuent d’être signalés, lors de ports de tampons périodiques super-absorbants, mais surtout dans d’autres situations cliniques en réalité non gynécologiques.
Le syndrome du choc toxique staphylococcique, causé par la toxine super-antigénique (TSST-1) d’une certaine souche de staphylocoque aureus (généralement Méti-S), cause une réaction inflammatoire à lymphocytes T excessive et nocive, conduisant un tableau de fièvre en plateau ≥ 39°C, mêlée à une hypotension sévère, une érythrodermie scarlatiniforme se desquamant ensuite en gants, puis atteint généralement les viscères et articulations par emboles toxiniques. On recommande sa prise en charge antibiotique actuellement par clindamycine (lincosamide).
Sur ce sujet brûlant, les hypothèses se multiplient mais peu se révèlent effectivement fondées. Ce que l’on peut dans un premier temps rappeler c’est que 30% de la population est naturellement porteuse saine du staphylocoque, au niveau de la muqueuse nasale en particulier, puis de la peau mais aussi du (-entre autres au niveau du) périnée. De plus, une des propriétés particulières staphylococciques est leur aptitude à adhérer aux structures inertes, donc aux corps étrangers.
Leur manœuvre d’introduction peut alors (ré)introduire la bactérie au niveau de la muqueuse vaginal, et crée parfois des micro-traumatismes, favorisant son passage systémique. Encore faut-il auparavant être porteur du S. aureus. Certaines théories mettent en cause les composants chimiques des tampons (chlore, viscoses de polymère, d’autres non connus de leur fabrication), à raison probablement car aucun cas de SCTS n’a encore été signalé avec l’usage de tampons en coton pur non traité. L’article de S. L. Vostral “Rely and Toxic Shock Syndrome: A Technological Health Crisis” (PMCID: PMC3238331) relève que certains composés étudiés dans les anciens tampons Rely pouvaient s’avérer de bons supports de culture à cette bactérie, il met cependant l’accent sur la mise en garde contre le dérèglement possible du microbiote naturel par l’utilisation de produits “technologiques”.
D’un autre côté, on observe des SCTS en période menstruelle sans l’application de tampons également, ce sur quoi s’est penchée l’équipe de S. Dixit dans son article “ Recurrent menstrual toxic shock syndrome despite discontinuation of tampon use: Is menstrual toxic shock syndrome really caused by tampons?” (DOI: 10.1111/j.1440-0960.2012.00938.x). Cette dernière émet l’hypothèse d’un lien avec l’effondrement hormonal (œstrogène et progestérone) qui survient durant les règles, augmentant la production d’IL-1, avantageant les symptômes de ce syndrome et déréglant de façon générale la barrière immunitaire. De plus, le pH normalement acide (pH = 4,2) de la zone vaginale tend à se neutraliser (pH=7-7,4), ce que favorisent les tampons, facilitant la prolifération de cette bactérie.
Pour le moment, il n’y a donc aucune raison d’incriminer les tampons comme acteurs directs du SCTS, mais plutôt comme cofacteur favorisant celui-ci. Le mieux serait donc de songer à des campagnes de prévention, surtout d’éducation en santé publique, pour prévenir changer de tampons très régulièrement (toutes les 4-8h), les adapter au flux d’écoulement, les éviter en fin de règles, et apprendre aux femmes à détecter les signes suspects… sans déclencher une psychose !
Texte : esanum / pg
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