En 2010, l’enquête FECOND dévoile que 97% des femmes sexuellement actives au cours de la dernière année et ne cherchant pas à avoir d’enfant utilisent une méthode de contraception. Cependant, le nombre d’IVG par an (environ 220 000) reste stable et augmente même dans les tranches d’âge les plus jeunes. Parmi les 20-25ans, le taux d’IVG est le plus élevé (26,9IVG pour 1000 femmes en 2010). Deux tiers des femmes ayant eu recours à une IVG avaient une contraception, le problème n’est donc pas l’accès à une contraception mais l’utilisation d’une contraception adaptée.
Le stérilet au cuivre offre avant tout une contraception mécanique sans apport hormonal artificiel. Il est donc préférable pour les femmes fumeuses, contrairement aux pilules oestro-progrestatives associées à une augmentation du risque d’accident thromboembolique. De plus, il n’existe aucune interaction médicamenteuse avec ce type de DIU pour les femmes suivant d’autres traitements impliquant des inducteurs enzymatiques par exemple. Le DIU au cuivre possède une AMM pour la contraception intra-utérine usuelle, en prévention optimale, l’OMS rapporte un taux de grossesse à un an de 0.6% et pour la contraception d’urgence post-coïtale dans un délai de 120 heures après un rapport non protégé avec un taux d’échec très faible d’environ 0.1 à 0.2%.
Le stérilet peut aussi offrir un apport hormonal minimisant les douleurs durant les menstruations et provoquant parfois une aménorrhée. Cette solution est utile pour les femmes qui oublient régulièrement de prendre la pilule mais obtiennent un bénéfice grâce aux hormones.
Le DIU est une solution durable pendant 4 à 10ans qui nécessite un contrôle annuel. Il s’adresse à des femmes sans désir de grossesse immédiat et peut donc très bien convenir à de jeunes femmes. De plus, la fertilité est aussi rapidement retrouvée qu’avec une contraception orale, contrairement aux idées reçues: le taux de grossesse suite au retrait du DIU varie de 72 à 92% à un an et de 78 à 100% à deux ans.
Concernant le risque d’infection, il est présent au moment de la pose et dans les 3 semaines suivantes mais est comparable à la population générale par la suite. Des études ont été menées sur l’intérêt d’une antibioprophylaxie avant la pose et ne concluent pas à son efficacité, elle n’est donc pas recommandée.
De plus, cette méthode de contraception est l’une des moins onéreuses. Un DIU au cuivre coûte en moyenne 30 euros pour cinq voire dix ans, soit 50 centimes par mois et est remboursé à 65% par la sécurité sociale.
Chez la femme jeune, le portage asymptomatique de Chlamydiae trachomatis varie de 5 à 8%, il est donc conseillé de réaliser un dépistage à l’interrogatoire voire sur un prélèvement. Il apparaît en effet que les DIU ne sont pas responsables d’occlusion tubaire mais plutôt la présence de ce pathogène. Il existe un taux d’expulsion plus élevé chez ces patientes mais qui reste tout à fait acceptable. Il semblerait que la pose soit plus difficile et un peu plus douloureuse mais 95% des DIU sont posés sans complication et l’ibuprofène calme très bien ces désagréments temporaires.
Malgré cela, le DIU est une méthode sûre, efficace et bien tolérée par ces patientes. Son taux de continuation à un an est de 72% (pour le DIU au cuivre) contre 54% pour la contraception oestroprogestative, il devrait donc faire partie des méthodes contraceptives de première intention, or seulement 1,3% des femmes nullipares utilisent cette méthode.
La population des femmes nullipares est souvent jeune, il s’agit de la population la plus à risque de développer une infection sexuellement transmissible. Il faut donc bien insister sur la nécessité d’utiliser une protection “barrière” en plus de ce dispositif intra-utérin. D’autre part, avant de réaliser la pose du DIU, il faut effectuer une hystérométrie car une taille minimale est requise (environ 6cm).
Concernant les effets indésirables, le DIU au cuivre peut allonger les règles et le DIU hormonal peut engendrer les mêmes effets secondaires que les contraceptions contenant des progestatifs (saignements répétés ou aménorrhée, prise de poids, pousse d’acné).
De nombreux témoignages de femmes montrent que le parcours pour obtenir un stérilet est semé d’embûches lorsque l’on est nullipare. Il faut parfois changer de gynécologue pour en trouver un qui accepte de poser un DIU et souvent, cette suggestion n’est pas spontanément évoquée.
D’après l’enquête FECOND, le manque d’information des femmes sur les avantages de cette méthode, la peur des effets secondaires et le caractère prolongé perçu comme difficilement réversible sont des freins importants à la diffusion de cette méthode. Seulement 45 % des femmes auraient entendu parler du stérilet par un professionnel de santé (53% des multipares et 27% des nullipares).
En conclusion, la prescription de la contraception orale reste majoritaire au détriment des contraceptions de longue durée. Il persiste un manque d’information délivrée aux patientes. La «norme contraceptive française » consistant en l’utilisation du préservatif lors des premiers rapports puis de la pilule dès que la relation se stabilise et enfin du DIU lorsque le nombre d’enfants voulu est atteint. Il faut donc casser ce schéma typique et oser proposer un DIU lorsqu’il est adapté. Sa simplicité, son confort, son efficacité sont des arguments forts allant dans cette direction. Il est indispensable d’impliquer la patiente dans le choix de sa contraception et de s’assurer de sa compréhension.
Texte: pg