Concentration des hommes, des locaux et des matériels pour Guy Vallancien, locaux dispersés et proximité pour Patrick Pelloux.
Comme toujours la vérité est entre les deux dépendant des spécialités et de la densité de la population.
L’égalité ne se décrète pas par le lieu, mais par la seule compétence des soignants alliée à la fonctionnalité des matériels.
On est mieux soigné, mieux dorloté dans les petites maternités que dans les « usines à bébés » clament haut et fort les personnels, qui défilent quand une maternité est menacée :
La France reste cependant mal classée en termes de décès maternel par hémorragie de la délivrance et en complications néonatales.
Le seuil de sécurité se trouve aux alentours de 1000 accouchements par ans !
On ne doit plus accoucher dans sa voiture ou chez soi : une proximité raisonnable reste donc nécessaire.
120 blocs opératoires pour des raisons de sécurité et de qualité de soins auraient dû être fermés.
Deux explications se détachent pour imposer le regroupement des personnels et des matériels sur des plateaux interventionnels adaptés quitte à faire un peu plus de kilomètres pour y accéder :
« Si tout le monde peut naviguer par vent faible sans courant sur un lac aux eaux plates, rares sont ceux à même de courir un Vendée Globe sans avoir accumulé des miles de navigation par gros temps. »
Se connaître, se faire confiance, anticiper passe par une pratique soutenue des mêmes acteurs ensemble.
C’est dans les cliniques privées que cette compétence est le mieux située, mais avec la politique des regroupements dans des chaines et avec les normes des centaines ont disparu ! C’est dans ces établissements d’une centaine de lits que la proximité permettait de traiter la plupart des urgences avec sécurité et à moindre cout.
En regardant l’éparpillement des centres de transplantation, des questions se posent.
Pourquoi 5 services parisiens font-ils encore des greffes d’organes ? Qu’attend-on pour concentrer l’expérience sur un ou deux centres ? À Lyon, la bataille fait rage pour empêcher le regroupement de deux unités de transplantation en une ! Les arguments les plus éculés sont utilisés, alors que sécurité ne rime en rien avec proximité.
Des hôpitaux neufs sont sortis de terre, mais à quel prix ?
Ils sont le bel arbre qui cache la décrépitude des autres. Pendant ce temps, les malades attendent aux urgences surchargées : 8 millions de patients en 1988, plus de 21 millions en 2017 !
L’hôpital comme la ville ne doit pas être la variable d’ajustement du taux de chômage dans une commune. Il doit être un lieu de soins hautement technologiques ou les équipes rassemblées agissent en commun contre la souffrance.
Trop de postes pourvus par des médecins qui n’ont pas nos diplômes et trop de vacataires, voire de mercenaires !
La démotivation des équipes entraine suicides, arrêts de travail, démissions, insatisfaction des usagers, burn-out, les situations de harcèlement…
Socialement, le système est dans une auto-destruction et ne produit que de la souffrance. En cas de doute, il suffit d’écouter les confrères raconter leur CME ou lire les appels et lettres aux pouvoirs publics.
La France est en train de finir de casser ce qui fait une partie de son rayonnement international d’excellence !
La ministre de la Santé ne sert que de relais au ministre de l’Économie… Nous sommes à une époque où il n’y a plus de politique, mais un consensus d’experts. Elle est chargée de mettre en musique toutes ces contradictions sans prendre en compte la pénurie de soignants ! La ministre a tort de ne pas réagir.
Il faut abroger d’urgence les deux dernières lois Bachelot 2009 et Touraine 2016. Il faut un big bang politique pour retirer la responsabilité de la santé aux technocrates de Bercy !
Demain il sera trop tard, car la pénurie de soignants est en marche accélérée.
Retrouvez Bernard Kron sur les ondes de Sud Radio FM (99.9 FM) avec André Bercoff