Session du jeudi 24 novembre, 15h, “La simulation en santé : une clé de l’innovation pédagogique en psychiatrie”, Président : Pierre VIDAILHET – Strasbourg, Intervenants : Déborah SEBBANE – Lille, Grégoire BILLON – Londres, Caroline PHAM–DINH – Metz
La Machine de Madame du Coudray
Exposée au musée Flaubert et d’Histoire de la Médecine à Rouen, ©Frédéric BISSON
C’est réellement en 1999 avec la parution de l’étude “To err is human”, que les professionnels de santé ont pris pleine considération des avantages de la simulation. L’étude en question met en évidence l’importance du facteur humain dans les erreurs médicales et rappelle l’importance de la formation par simulation des professionnels de santé : “jamais la première fois sur le patient”.
Le recours à la simulation dans l’enseignement permet la mise en situation réelle des étudiants en médecine ainsi que la mise en place d’une pédagogie active et dynamique. La définition des objectifs pédagogiques et d’apprentissage est primordiale. Pour ce faire toute simulation se déroule de la manière suivante : briefing, prébriefing, pratique simulée et débriefing. Le débriefing étant la pierre angulaire de tout apprentissage par simulation. Le Dr. SEBBANE explique que la pratique simulée est à l’heure actuelle appliquée soit à des situations très fréquentes ou alors à des situations très très rares mais très très graves.
Appliquée à la psychiatrie, la simulation consiste avant tout à une formation à l’entretien, au face à face avec le patient. Elle va aussi de paire avec une évolution des méthodes pédagogiques appliquées.
Le centre Maudsley, à Londres s’est spécialisé dans la formation par simulation en santé. Le Dr. BILLON explique, que les formations mises en place par le centre tourne autour du théâtre, du cinéma et de l’art de la conversation. Ainsi, pendant les simulations, les personnes formées (il ne s’agit pas seulement d’étudiants en médecine, mais aussi de policiers, psychologues, assistantes sociales…) ne se retrouvent pas face à des mannequins mais face à des acteurs briefés en amont sur le rôle à jouer. Les avantages de cette méthodes sont multiples: l’engagement est intense, les formés se retrouvent face à de vraies personnes et les acteurs étant des inconnus pour eux, la relation aux “patients” gagne en authenticité.
À l’université de Nancy, le score I²/Q a été créé afin d’évaluer l’efficacité de l’investigation des étudiants lors des simulations. Il est calculé de la manière suivante : le nombre d’informations utiles (I) élevé au carré rapporté au nombre de questions posées (Q). Le Dr. PHAM–DINH explique, que I a été élevé au carré par souci de faisabilité et de valorisation des étudiants en mesure d’obtenir un maximum d’informations en un temps donné. Le score se veut objectif, car il ne repose ni sur le jugement d’observateurs externes ni sur la subjectivité du patient standardisé.
Il apparaît qu’il faudra encore du temps pour constater d’une part un changement global des pratiques d’enseignement de la psychiatrie et un impact clinique d’autre part. Néanmoins l’intérêt de la simulation en psychiatrie est avérée et le potentiel de la technique l’est lui aussi.
Texte : esanum / pg
Source et photo : CFP 2016