Saturation en oxygène et risque d’invalidité/mortalité chez le prématuré

La naissance prématurée comporte de graves risques de santé pour le nourrisson. L’immaturité du rythme cardio-respiratoire provoque des apnées favorisant une désaturation (chute de la saturation en oxygène –SO2– de l’hémoglobine). L’oxygénothérapie mise en place pour y palier est très contrôlée car une hypersaturation en oxygène est un facteur p

La naissance prématurée comporte de graves risques de santé pour le nourrisson. L’immaturité du rythme cardio-respiratoire provoque des apnées favorisant une désaturation (chute de la saturation en oxygène –SO2– de l’hémoglobine). L’oxygénothérapie mise en place pour y palier est très contrôlée car une hypersaturation en oxygène est un facteur prédominant de la rétinopathie du prématuré (pathologie du développement vasculaire rétinien pouvant conduire à un détachement de la rétine). La question de la cible de SO2 reste sujette au débat, en raison des enjeux qu’elle représente pour la santé des nourrissons.

Ainsi, des essais cliniques (Neonatal Oxygen Prospective Meta-analysis, NeOProM) sont menés dans le but de comparer l’efficacité de différentes cibles de SO2 chez les prématurés de moins de 28 semaines. Les résultats de deux de ces études viennent de paraître dans le New England Journal of Medicine (Outcomes of two trials of oxygen-saturation targets in preterm infants, DOI: 10.1056/NEJMoa1514212).

Cette publication regroupe les résultats d’un essai australien (1135 prématurés, 15 centres) et d’un essai du Royaume-Uni (973 prématurés, 34 centres). Ces deux études ont été conduites indépendamment. Les prématurés de moins de 28 semaines ont été répartis aléatoirement en 2 groupes dont les cibles de SO2 étaient [85-89%] (cible basse) et [91-95%] (cible haute). L’invalidité et la mortalité étaient évaluées jusqu’aux 2 ans des nourrissons. L’invalidité a été déterminée par la parole, la cécité, la surdité et la paralysie cérébrale. Pour chacune des deux études, il ressort un risque légèrement accru (facteur de 1,10 et 1,12 en Australie et au Royaume-Uni respectivement) de mortalité/invalidité pour le groupe de cible basse, mais les données ne sont pas statistiquement significatives. Par contre, la combinaison des données des 2 études donne un résultat similaire et significatif (facteur de risque accru de 1,11, P=0,02). De même, l’évaluation de la mortalité seule pour les 2 études réunies montre un facteur de risque supérieur de 1,20 (21,2 vs. 17,7%, P=0,04) pour le groupe de cible basse. Ce facteur de risque monte même à 1,45 (P=0,001) si seules les mesures faites avec un appareil de nouvelle génération sont considérées (une mise à niveau de l’algorithme de mesure des oxymètres a été effectuée par le fournisseur pendant les 2 essais cliniques).

En conclusion, il semble que la recherche d’une cible plus faible de SO2 chez les prématurés ne soit pas adéquate. Il s’est avéré que la cible de [85-89%] est plus difficile à stabiliser et que les nourrissons de ce groupe passaient environ 30% de temps en plus en oxygénothérapie, favorisant une hypoxémie.

Texte : esanum / jd

Photo : Praisaeng / Shutterstock


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