Les différences commencent dès le début des études : en Allemagne une sage-femme n’est pas considérée comme travaillant dans le domaine médical. Pour elles, pas de PACES (Première année commune des études de santé) ni d’ailleurs de concours d’entrée. Leur sélection se fait sur dossier et entretiens (selon les écoles) après l’obtention du bac (Abitur ou Realschulabschluss). Leur formation dure 3 ans (niveau bachelor) - versus 5 ans en France (niveau master) - et se termine par la remise d’un diplôme d’état. Elles n’ont pas le droit de prescription comme en France : en Allemagne, seul un gynécologue peut prescrire une pilule contraceptive par exemple. À noter qu'il existe des passerelles pour intégrer ces écoles lorsqu’on a suivi une formation d’infirmier.
On compte en Allemagne presque 2 fois plus d’écoles de sages femmes qu’en France (35 vs 56), alors qu'elles sont moins nombreuses en activité (21 000 / 20 000). Le nombre de naissances en Allemagne est notablement inférieur à celui en France : 660 000/an contre 800 000. Une sage-femme allemande a davantage de temps pour le suivi et la prise en charge d’une femme enceinte. Pourtant, ce sujet est l'une de leurs revendications. En effet, un « mouvement de grogne » existe outre-Rhin, qui se manifeste par des pétitions et débats actifs plus que par des grèves.
Comme en France, les sages-femmes allemandes réclament une augmentation de salaire pour compenser celle de leurs charges d’assurances. Elles déboursent plus de 5000 €/an pour leur cotisation de responsabilité civile professionnelle, qui a augmenté de 20 %. Leur salaire moyen est de 2000€/ mois (2400 en France).
Les ages-femmes allemandes revendiquent également une meilleure reconnaissance de leur métier, davantage tourné vers le conseil et l’accompagnement des femmes enceintes et en suites de couches que sur un côté purement médical. Elles travaillent majoritairement en libéral (60 % versus 18% en France). Certaines exercent dans des maisons de naissances, où elles peuvent mener un suivi plus personnalisé des femmes enceintes. On dénombre 60 structures de ce type Allemagne, contre seulement 2 (en phase d’essai) en France. Toutefois, l’augmentation des frais d’assurance rend de plus en plus compliqué le maintien de ces maisons de naissance, sur lesquelels pèse une autre menace : la levée du libre choix du lieu d’accouchement.