En pédiatrie: une pathologie mystérieusement irrespectueuse. Par Lucie

Dans le service de pédiatrie générale, des diagnostics sont établis tous les jours, la plupart étant plutôt « routiniers », habituels, pour lesquels les médecins peuvent se fier à leur expérience clinique. Hier  pourtant, il a fallu attendre les résultats définitifs du laboratoire afin de cerner ce qui mettait une petite fille

Dans le service de pédiatrie générale, des diagnostics sont établis tous les jours, la plupart étant plutôt « routiniers », habituels, pour lesquels les médecins peuvent se fier à leur expérience clinique.

Hier  pourtant, il a fallu attendre les résultats définitifs du laboratoire afin de cerner ce qui mettait une petite fille à bout de force heure après heure. Ce petit bout  s’est présenté avec sa maman à l’hôpital, fiévreux et bien affaibli, couvert de points (« papules ») et de plaques rouges sur l’ensemble du corps et les paupières un peu enflées. A la suspicion d’une maladie infectieuse contagieuse, elle a été placée tout de suite dans une chambre d’isolement, au moins jusqu’à ce que l’on puisse déterminer l’agresseur qui  s’en prend à elle.

Une éruption cutanée sous cette forme sur l’ensemble du corps pourrait bien correspondre à la rougeole, selon les livres et l’expérience des médecins plus âgés (les cas étant rares aujourd’hui grâce au vaccin)  ayant déjà vu cette pathologie. Seulement, alors que les rougeurs commencent d’une façon caractéristique de la tête (derrière les oreilles) en s’étendant pour finir jusqu’aux pieds, elles auraient surgi d’abord aux extrémités chez cette enfant, pour confluer sur son tronc… Déroulement qui ne correspond pas à la pathologie. Par ailleurs, quelques heures plus tard, notre patiente de plus en plus affaiblie, on constatait  des papules sur les paumes de ses mains et la plante de ses pieds,  qui sont des zones normalement « respectées » par cette maladie.

Après avoir donc vérifié ceci dans multiples manuels, nous avons suivi d’autres pistes  plausibles, comme une réaction allergique et toxique médicamenteuse (au paracétamol dans notre cas). Même en stoppant cette thérapie, nous avons malheureusement trouvé notre patiente toujours plus faible à notre seconde visite l’après-midi. Durant celle-ci, nous avons remarqué 2 nouvelles tâches blanches dans sa bouche,ce qui aurait pu correspondre à des signes très caractéristiques de rougeole (taches de Koplik)… si celles-ci étaient apparues puis avant l’éruption !

Nous attendions alors impatiemment les résultats du laboratoire. Finalement,  celui-ci a appelé quelque temps plus tard en nous annonçant que les analyses concluaient au diagnostic de … rougeole !

Ce virus a réussi à rendre les médecins bien confus par son atteinte plutôt rare de nos jours, et par sa symptomatique assez atypique –et irrespectueuse- ici ! Il ne reste plus qu’à laisser cette petite se reposer et combattre son infection en l’hydratant et faisant baisser sa fièvre.

Aujourd’hui déjà ce fut un plaisir de constater qu’elle allait beaucoup mieux, tandis qu’elle  jouait au football avec nous durant la visite !


lucie-jacques

Chronique d’une étudiante en médecine française en Erasmus en Allemagne.

Partir en Erasmus pendant des études de médecine c’est possible ! Lucie, étudiante en troisième année de médecine (FGSM3) a quitté la France en octobre pour étudié 2 semestres à Leipzig. Depuis son départ elle nous raconte chaque semaine ses aventures. Au fil de ses récits Lucie nous partage des expériences souvent dépaysantes, qui prouvent que la pratique médicale est différente d’un pays à l’autre.
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