Grâce à un nouveau dispositif permettant de rembourser les tests d’angine en pharmacie à partir de 2020, le gouvernement espère diminuer le nombre de ces prescriptions inutiles ainsi que de leurs répercussions négatives sur la santé publique.
40 % seulement des médecins généralistes utiliseraient les tests TROD (tests rapides d’orientation diagnostique) dans leurs cabinets de manière régulière afin de déterminer l’origine virale ou bactérienne d’une angine. L’expérience dans 600 pharmacies, mais à la charge du patient (d’une valeur de dizaines d’euros) n’a pas été plus concluante malgré le bénéfice énorme qu’apporte ce test.
Avec la nouvelle mesure de gratuité de ce test dans toutes les pharmacies à partir du 1er janvier 2020 annoncées par le gouvernement le 25 mars 2019, ce dernier espère améliorer la prise en charge des angines, diminuer le nombre de prescriptions inutiles d’antibiotiques et lutter contre les résistances bactériennes.
D’une sensibilité supérieure à 90 % et une spécificité au-delà des 95 %, le test de diagnostic rapide d’angine est un test fiable, simple et facilement applicable dans toutes les pharmacies.
Pour cela, le pharmacien doit effectuer un prélèvement de gorge du patient à l’aide d’un coton-tige, ce qui ne prend que quelques secondes. Le prélèvement est ensuite mis en contact avec des liquides réactifs et le résultat apparaît en 5 à 10 minutes (un trait pour une angine virale, deux traits pour une angine bactérienne). En cas d’infection bactérienne, le pharmacien adresse alors le patient à son médecin généraliste pour se faire prescrire des antibiotiques adaptés.
600 pharmaciens ont déjà reçu la formation nécessaire les habilitant à effectuer ces tests de gorge.
Selon la Cour des comptes, une économie de 400 millions d’euros pourrait être réalisée grâce à une réduction de la consommation inutile d’antibiotiques.
Mais aussi au-delà des coûts pour la collectivité, cette mesure permettrait de participer à lutter contre l’antibiorésistance, qui même si elle reste faible en France, est en train de progresser à grande vitesse en Europe. 25 000 personnes meurent chaque année en Europe par infections à bactéries résistantes. En effet, lorsque ces situations surviennent, elles mettent souvent le corps médical devant une grande difficulté thérapeutique.
Mis à part les économies de la sécurité sociale et la lutte contre les résistances bactériennes, ce nouveau dispositif permettrait de diminuer le flux de patients dans les cabinets des médecins généralistes. En cas d’angine virale, le pharmacien préviendra le patient qu’il n’est pas nécessaire de se rendre au cabinet du médecin sauf en cas d’apparition d’autres symptômes.
En raison du manque de médecins surtout en zones rurales et en élargissant le champ d’action des pharmaciens, le gouvernement mise cette fois sur le réseau étendu de ses 20 000 pharmacies sur le territoire français.
Il est clair que dans la majorité des situations, la pratique de ces tests rapides d’angine en pharmacie aiderait à mieux prendre en charge ces infections et à éviter une consommation inutile d’antibiotiques. Mais plusieurs questions demeurent encore sans réponse.
D’un côté, certains médecins pointent du doigt ce dispositif, qui pour eux ne remplace en aucun cas une visite chez le médecin et la pratique d’un examen clinique complet. Ceci est d’autant plus important que certaines infections graves (exemple de la rougeole) peuvent revêtir le tableau d’une angine qui sera diagnostiquée par le test rapide comme étant une angine virale banale et n’incitera pas ainsi le patient à consulter son médecin. En entraînant ainsi un retard diagnostique, de telles situations pourraient engager même le pronostic vital du patient.
D’un autre côté, certains pharmaciens se demandent sur la faisabilité de ces tests surtout dans les pharmacies à grande affluence. Pourrait-on concilier entre les tâches habituelles du pharmacien et cette nouvelle tâche particulièrement en période hivernale ? Ceci risquerait-il de retentir sur le fonctionnement général des pharmacies ?
Il est clair que la collaboration étroite entre médecins et pharmaciens d’une même zone géographique est capitale pour la réussite de cette nouvelle mesure.