Bientôt des prothèses synthétiques pour les vaisseaux sanguins?

Face aux nombreuses pathologies cardiovasculaires (anévrismes, artériopathie, athérosclérose) qui figurent avec les cancers parmi les premières causes de mortalité en France et dans le monde, plusieurs solutions existent pour remplacer les vaisseaux sanguins défectueux. Par exemple, l’autogreffe permet de remplacer l’artère d’un patient par une

Face aux nombreuses pathologies cardiovasculaires (anévrismes, artériopathie, athérosclérose) qui figurent avec les cancers parmi les premières causes de mortalité en France et dans le monde, plusieurs solutions existent pour remplacer les vaisseaux sanguins défectueux.

Par exemple, l’autogreffe permet de remplacer l’artère d’un patient par une autre et l’artère prélevée par une veine. À défaut d’une autogreffe, un greffon de donneur décédé peut aussi être utilisé, même si le risque de rejet chronique existe. Ainsi la médecine régénératrice, qui permet de reconstituer les fonctions du vaisseau lésé reste, au long terme, la solution la plus pérenne.

Les prothèses, entièrement synthétiques, faites de matériaux poreux comme le PTFEe (polytétrafluoroéthylène expansé, non tissé type goretex) ou le Dacron® (polyéthylène téréphtalate, tissé ou tricoté) sont utilisées avec succès, mais uniquement adaptés pour des vaisseaux de gros calibre, (comme l’aorte ou bien l’artère fémorale), et ne fonctionnent malheureusement pas pour des petites artères ou veines, dont le diamètre est inférieur a 6 mm. Or, ces petits vaisseaux jouent un rôle primordial dans la circulation sanguine. Lorsque ceux ci ne fonctionnent plus, ils sont responsables de pathologie comme l’arthrite, qui atteint la plupart du temps les sujets diabétiques, pouvant entraîner une gangrène et l’amputation. Ainsi trouver une solution pour remplacer ces petits vaisseaux est un réel défi pour les scientifiques.

Des travaux sur les prothèses vasculaires sur des petits animaux (ici des souris), démarrés en 2005, par l’équipe de Didier Letourneur (laboratoire de bio-ingénierie cardiovasculaire), a permis de concevoir pour la première fois à partir de plusieurs matériaux, de très petits tubes de 2 mm de diamètre. Le principal composé de ces derniers étant des polysaccarides qui sont mis en solution dans l’eau. Des additifs non-toxiques permettent leur réticulation (formation de réseaux en trois dimensions) : il est alors possible de leur donner la forme souhaitée. Des composés insolubilisés, appelés hydrogels, peuvent alors être produits et implantés dans l’organisme. Ils forment ainsi une matrice 3D sur laquelle on peut développer une culture cellulaire et produire des veines ou petites artères de synthèse.

Cette étude montre des résultats très encourageants chez ces souris (75% de réussite) et pourrait, dans quelques années, être testée chez l’homme et permettre d’éviter dans certains cas de gangrène ou d’amputation.

 

Texte : ep / esanum
Photo : Kateryna Kon / Shutterstock