Cependant, les pronostics sont difficiles et la survie à 5 ans est faible. Il est donc très important de pouvoir prédire le pronostic des résections de CBNPC. La protéine NOB1 a été récemment mise en avant comme étant très fortement exprimée dans de nombreux types de cancers, et impliquée dans leurs pronostics. Un niveau d’expression anormal a notamment été montré dans le cas du CBNPC. La protéine RIOK2, également surexprimée dans différentes tumeurs, est connue pour intéragir in vivo avec NOB1.
Leur relation n’avait cependant jamais été étudiée dans les cas de CBNPC avant cette étude à paraître dans le journal Scientific Reports (DOI: 10.1038/srep28666). L’objet de cette dernière porte sur l’expression de ces deux protéines, leur importance clinicopathologique, et la potentielle valeur de pronostic de leur association pour les cas de CBNPC.
Une analyse transcriptomique des deux protéines (quantification des ARN messagers) a été réalisée par RT-qPCR sur 4 lignées cellulaires humaines de CBNPC et une lignée cellulaire humaine saine de poumon. Des échantillons de tissus tumoraux et tissus sains adjacents issus de 15 cas de résection chirurgicale de NSCLC, sans chimiothérapie ou radiothérapie pré-opératoire ont aussi été analysés. Dans les lignées cellulaires tumorales, les ARNm de NOB1 et RIOK2 apparaissent fortement exprimés en comparaison à la lignée saine. Dans les échantillons biologiques, les niveaux d’ARNm correspondant à ces deux protéines sont significativement supérieurs dans les tissus pathologiques que dans les tissus sains (2.16 vs. 0.46, p<0.001 et 1.06 vs. 0.87, p=0.014 pour RIOK2 et NOB1, respectivement).
Au niveau protéique, les analyses par immunohistochimie et western blot sur 153 échantillons NSCLC et 27 échantillons contrôles ont révélé une réelle surexpression de RIOK2 et NOB1 dans 45.75% et 43.14% des échantillons pathologiques vs. 4.41% et 3.70% des échantillons sains (p<0.001). Les paramètres cliniques des 153 cas de CBNPC ont mis en évidence des associations positives entre le niveau d’expression de RIOK2 et NOB1 et la classification TMN (tumour node metastasis) (p<0.001 et p=0.003), la présence de métastases ganglionnaires (p<0.001 et p=0.017) et le grade histopathologique (p=0.018 et p=0.030).
Les analyses statistiques révèlent ainsi que la surexpression de RIOK2 (HR=2.105, p=0.003), de NOB1 (HR=1.858, p=0.005) et la classification TMN (HR=2.166, p<0.002) sont des prédicteurs indépendants au pronostic défavorable. L’analyse de survie des patients présentant une surexpression de RIOK2 ou NOB1 est défavorable en comparaison des patients avec une expression normale de ces protéines (environ 40% vs. <10% de mortalité en 20 mois). En cas de surexpression des deux protéines, l’analyse de survie est encore plus défavorable, avec environ 70% de mortalité en 20 mois.
Les surexpressions des protéines RIOK2 et NOB1 sont chacune associées à un mauvais tableau clinique de CBNPC et une surexpression concomitante aggrave le pronostic. La quantification simultanée de ces deux protéines pourrait donc aider au diagnostic précoce du CBNPC. De plus, l’implication biologique de ces protéines dans la progression du cycle cellulaire et donc dans la prolifération et l’évolution métastatique de tumeurs malignes comme le CBNPC, en font des cibles thérapeutiques potentielles, dont devront faire l’objet de futures études.
Texte : jd / esanum
Photo : decade3d – anatomy online / Shutterstock
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