En novembre 2005 en France, l’équipe du professeur Bernard Devauchelle du centre hospitalier français d’Amiens (Somme, nord) avait réalisé la toute première greffe du visage. Il s’agissait d’une greffe partielle (nez-lèvres-menton), dont avait bénéficié Isabelle Dinoire, 38 ans. La patiente avait été défigurée par son chien. Fin juin 2010 avait été réalisée, la première greffe totale du visage, à l’hôpital Henri Mondor de Créteil (Val-de-Marne) par le professeur Laurent Lantieri. Les paupières et tout le système lacrymal avaient été alors greffés.
Selon le professeur Eduardo Rodriguez, qui a dirigé l’opération mi-août, cette dernière greffe totale du visage représente une avancée sur le plan médical. Il a lors d’un conférence de presque expliqué que pour la première fois aucune cicatrice ou irrégularité sont présentes sur le visage même, car les cicatrices sont sur le cou et sur le crâne.
D’après M. Rodriguez un travail préparatoire consistant à retirer une quantité importante de tissus du greffé avant de lui implanter le nouveau visage a permis le succès de l’opération. Par ailleurs l’équipe a transplanté des fragments osseux et posé des plaques et des vis afin de donner un aspect symétrique et régulier au visage. La greffe des oreilles et des canaux auditifs a elle aussi aussi été présentée comme une première.
Le chirurgien a souligné que des progrès avaient été faits à cette occasion pour mieux gérer la réaction immunitaire de l’organisme. Néanmoins, le patient, Patrick Hardison, âgé de 41 ans devra prendre des médicaments immuno-suppresseurs durant le reste de sa vie. Ce pompier volontaire avait été brûlé au visage, au cou et au torse lors d’une intervention dans un bâtiment en feu dans le Mississippi (sud) en septembre 2001. Il avait alors perdu ses oreilles, ses lèvres, l’essentiel de son nez, ses cheveux et ses paupières.
Les images de Patrick Hardison prises trois mois après l’intervention et rendues publiques donnent l’impression d’un visage sans cicatrice apparente ni sans marque évidente. Seuls les yeux et les paupières présentant un aspect tuméfié. Sur les images ses cheveux et sa barbe, qui poussent désormais de façon normale, sont visibles. Il est désormais capable de manger “normalement” et son élocution, encore difficile, “va s’améliorer de manière très importante” dans les mois à venir, a affirmé M. Rodriguez.
Le NYU Langone a indiqué que plus de 150 personnes ont été mobilisées durant plus d’un an pour préparer cette intervention de 36 heures. Patrick Hardison a reçu le visage d’un jeune homme de 26 ans, qui était en état de mort cérébrale après un accident de vélo à Brooklyn en juillet. Le coût de la greffe, estimé entre 850.000 et un million de dollars, a été pris en charge par une bourse spéciale de NYU Langone, a précisé M. Rodriguez. Il a de même expliqué, que le chirurgien avait indiqué à Patrick Hardison et sa famille que l’intervention présentait une probabilité de succès de 50%, même si l’équipe tablait plutôt sur 90%. Patrick Hardison sera de nouveau opéré en janvier ou février prochain pour ajuster les tissus autour des yeux et de la bouche.
Le chirurgien a indiqué que les techniques de transplantation étaient aujourd’hui suffisamment avancées pour commencer à opérer des blessés de guerre. En 2012, Eduardo Rodriguez avait déjà réalisé avec succès à Baltimore une greffe intégrale du visage sur Richard Norris, un Américain de Virginie (sud) victime d’un accident de chasse en 1997.
Texte : AFP / pg
Crédits photo : AFP