Mais qu’en est-il aujourd’hui de son déploiement et quelles sont les promesses de la nouvelle stratégie pour sa généralisation ? Focus sur le DMP un mois après son lancement.
Ce virage numérique représenté par le DMP a déjà été envisagé en 2004, mais plusieurs obstacles ont entravé sa concrétisation. Grâce à un nouvel élan, le DMP a été lancé fin 2018 sur toute la France ; et son déploiement a été confié à l’Assurance Maladie après 18 mois d’expérimentation sur 9 départements français.
Ce carnet de santé numérique permet tout d’abord de favoriser le parcours de santé du patient et de permettre une meilleure coordination entre les professionnels de santé. Il est accessible facilement aussi bien pour les patients que pour les professionnels de santé via leurs outils de travail. Hautement sécurisé avec la CNIL comme garde-fou, ce nouvel outil de santé est disponible partout en France.
Le DMP contient plusieurs catégories de données : des synthèses, des comptes rendus médicaux, la liste des traitements du patient, les résultats d’analyses et des examens de radiologie avec des liens vers les images, des données sur la prévention et l’historique de remboursement. Il existe aussi un espace personnel permettant au patient d’indiquer les renseignements sur sa santé qui lui paraissent utiles.
En termes d’usage, il repose sur deux piliers essentiels. D’abord, il permet de mettre à disposition des informations médicales aux professionnels de santé dans des conditions sécurisées. Ensuite, il permet de bâtir une complémentarité avec d’autres outils existants, notamment les outils professionnels de gestion des dossiers informatisés des patients ou encore les outils de partage tels que les messageries sécurisées de santé.
Lancé depuis plusieurs années déjà deux fois et remis à chaque fois aux oubliettes, le DMP a bénéficié cette fois d’une évaluation par l’Assurance maladie des facteurs de ses échecs précédents. Jamais deux sans trois ! Pour aller contre cet adage, la réflexion a mené à un changement de la démarche en généralisant la possibilité de création de DMP au patient, aux pharmaciens contre une rémunération de 1 euro ainsi qu’aux différents centres d’Assurance Maladie. Le patient a ainsi été placé au centre et au cœur de cette démarche. Son consentement est nécessaire avant chaque étape. Ceci améliorerait-il la coopération des patients ? Trop tôt pour le savoir, il faut encore attendre quelques mois pour savoir ceci.
Il est important de souligner que l’Assurance Maladie n’accède pas au DMP et aux données de santé et ne les héberge pas. Coffre fort de santé réservé aux professionnels de santé, les données du DMP ne sont pas non plus accessibles aux mutuelles ni aux employeurs.
Le patient reste au cœur de ce dispositif de santé. Il peut ainsi créer son DMP sur internet depuis chez lui, à l’accueil de la CPAM ou alors en lien avec un professionnel de santé. Il peut consulter son DMP à tout moment et l’alimenter par les données qui lui semblent utiles. Parallèlement, il peut aussi renseigner les personnes à prévenir en cas d’urgence, bloquer l’accès au DMP pour certains professionnels de santé, cacher un document aux professionnels de santé ou encore y rédiger ses directives anticipées. Les traces des consultations du DMP par les professionnels de santé sont notifiées au patient. Le professionnel de santé peut lui aussi après consentement du patient créer le DMP et l’alimenter avec les données médicales utiles à la prise en charge du patient : comptes rendus médicaux, résultats d’analyses et d’examens d’imagerie, etc. Il peut aussi rendre invisibles certaines données assez sensibles. Ce dispositif est accessible sur internet et aussi sur une application mobile.
Le projet vise le déploiement de 40 millions de DMP à l’horizon de 2022, pour la France entière et pour tous les régimes de prise en charge confondus.
Pour y arriver, l’appui de plusieurs acteurs de santé est fondamental : pharmaciens, infirmiers. Une campagne de promotion du DMP a été lancée à travers tout le territoire français depuis le 6 novembre 2018. À ce jour, près de 5500 DMP ont été ouverts en quelques semaines dont 12 % qui sont alimentés de manière régulière.
Alors ce DMP est-il bien parti ou serait-il frappé par la malédiction de l’échec. Trop tôt pour se prononcer. Les données sur la santé sont des données très précieuses et qui peuvent être à certains moments très sensibles. La confidentialité et la sécurité seraient garanties. Mais est-ce que ceci suffirait-il pour convaincre les Français d’adopter ce carnet de santé numérique ?
Nouvelle tâche pour les professionnels de santé en plus des actes classiques qu’exige leur profession, l’alimentation du DMP reste le garant essentiel pour sa réussite. Les mois prochains nous renseigneront plus sur le degré d’implication et de coopération des professionnels de santé.