Contexte
La prédisposition des adultes nés prématurés à une accumulation graisseuse abdominale anormale est méconnue. A la naissance, une période accélérée de croissance de tissus adipeux s’opère, et ce phénomène est également observé pour des naissances à terme mais de très faible poids (ELBW).
Etude et méthodes
Une étude du journal Scientific Reports (DOI: 10.1038/srep31560) compare la distribution de graisse et le volume et teneur en matière grasse du foie et du pancréas chez de jeunes adultes nés ELBW, en comparaison avec des contrôles nés de poids normal (NBW). L’influence de la taille au moment de l’étude, du groupe de poids de naissance, et de la présence d’une rétinopathie du prématuré (ROP) sur le volume et la teneur en matière grasse organique est également analysée.
Des analyses anthropométriques (taille, IMC), sanguine (lipides, insuline, glucose) et radiographiques (rayon-X et IRM) ont été réalisées sur les participants (29 ELBW et 16 NBW appariés par le sexe, l’âge et le statut socio-économique).
Résultats
Physiquement, les ELBW sont de plus petite taille, mais de poids équivalent aux NBW. Une tendance d’IMC supérieur et de classification “obèse” est observée, mais n’est pas statistiquement significative. Les volumes du foie et du pancréas sont similaires, mais leur taux de graisse sont supérieurs chez les ELBW (p<0.05). De même, la surface de tissu adipeux sous-cutané est supérieure chez ces participants (p<0.05), ce qui n’est pas le cas de la surface de graisse viscérale. Parmi les ELBW, aucune différence n’est observée pour ces paramètres quel que soit le rapport taille/âge gestationnel à la naissance.
Une analyse multivariée révèle que le sexe et l’IMC sont les plus forts prédicteurs pour tous les dépôts graisseux analysés, et que le poids de naissance (ELBW ou NBW) n’est pas un facteur indépendant. Ceci suggère que les différences observées sont dûes à la tendance des ELBW d’avoir un IMC plus élevé.
Le développement pulmonaire inachevé des prématurés requiert une oxygénothérapie, à l’origine de ROP. La présence d’une ROP chez les ELBW est associée à un volume pancréatique inférieur (p=0.03), mais n’a pas d’effet sur le volume hépatique. L’hyperoxie pourrait ainsi impacter le développement du pancréas chez les ELBW. Le taux de graisse des deux organes n’est pas affecté par l’apparition d’une ROP.
Conclusions
Les observations d’un taux de graisse hépatique et pancréatique et la surface de tissu adipeux sous-cutané accrue chez les jeunes adultes survivants d’un ELBW sont potentiellement à l’origine du risque cardiométabolique plus élevé chez ces individus. Le pancréas est connu pour être sensible au stress oxydant, et l’association rapportée entre ROP et volume pancréatique est en faveur d’un effet néfaste de l’oxygénothérapie sur le développement pancréatique.
Afin de soutenir et confirmer les résultats de cette étude, il serait bénéfique d’analyser le rôle des sous-type de tissu adipeux (brun et blanc) ainsi que des muscles squelettiques sur le métabolisme énergétique des adultes survivants ELBW, étant donné le stress fœtal et post-natal subi durant des phases-clés du développement.
Texte : esanum / jd
Photo : Chaikom / Shutterstock
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