La fiabilité des tests nasopharyngés RCT-PCR est fondamentale pour contrôler efficacement la pandémie (en France, plus de 500.000 de ces tests ont déjà été réalisés). Or de nombreux soignants, dont moi, ont découvert à l’occasion de cette pandémie un geste technique qu’ils n’effectuaient pas, ou peu, auparavant. Par manque de pratique, la réalisation de ces prélèvements laisse parfois à désirer, augmentant sensiblement le risque de faux-négatifs. Typiquement, l’écouvillon est introduit vers le haut, dans l’axe de la narine, et non à l’horizontale.
Pour la théorie concernant ces prélèvements, c’est simple, il suffit de se référer aux textes de référence. 1,2
Mais pour la pratique…
Comment améliorer la fiabilité du prélèvement et le confort du patient, alors qu’il est impensable de s’«entrainer» sur ces derniers ?
Comment former rapidement et massivement les soignants ?
C‘est mon fils Axel qui durant le confinement à eu l’idée de concevoir un simulateur imprimé en 3D. Nous l’avons ensuite développé grâce au conseils du Pr Debry, chef du service d'ORL et de chirurgie cervico-faciale du CHU de Strasbourg.
Une belle histoire racontée par Axel !
Dianosic, une société spécialisée dans les pathologies des fosses nasales, a assuré gracieusement la direction du projet. Pour la réalisation technique, c’est la start-up BONE 3D - qui produit des solutions médicales imprimées en 3D - qui s’en est chargée, là aussi gratuitement. Enfin, l’initiative #ProtegeTonSoignant a financé le développement puis la production de 10 exemplaires du simulateur, qui sont déjà utilisés par les Hôpitaux universitaires de Strasbourg et l’AP-HP.
Le simulateur est composé de deux parties magnétiques qui s’assemblent, pour reproduire l’anatomie sur un plan parasagittal. La technologie d’impression 3D PolyJet intègre différents matériaux afin de reproduire au plus juste les différentes textures et résistances des parties anatomiques : fosses nasales et turbines, nasopharynx, palais mou, peau du visage et muqueuses.
Lors de l’insertion de l’écouvillon, l’utilisateur en visualise le trajet. Il vérifie aussi la précision de son geste car la «cible» peut être recouverte d’une pastille de couleur qui imprègnera l'écouvillon si celui-ci est correctement placé. Le test peut être réalisé des deux côtés. L’utilisation d’un lubrifiant est recommandée, le simulateur pouvant ensuite être rincé à l’eau.
BONE 3D a également développé une version simplifiée du simulateur, qui peut être imprimée à domicile par un néophyte. Ce modèle utilise la technologie Fused Deposition Modeling, peu onéreuse et très répandue. Un seul type de matériau est requis.
Dès le lancement du projet, nous avons voulu que les plans soient en open source. Tous les fichiers nécessaires pour l’impression 3D ont donc été mis en ligne ici par BONE 3D et sont accessibles gratuitement.
Références :
1- How to obtain a nasopharyngeal swab specimen, étude publiée dans le NEJM
2- Interim guidelines fo collecting, handling and testing clinical specimens for Covid-19, recommandations publiées par le CDC.