La consultation post-natale (à 6 semaines) est un rendez-vous important, particulièrement pour les femmes ayant eu une pré-éclampsie. Il convient ainsi de surveiller la tension artérielle, qui serait un facteur de risque associant pré-éclampsie et morbidité cardiovasculaire à long terme. Malgré l’importance de ce suivi, un taux faible de présence à ces rendez-vous est reporté (20-60%).
Une étude du Journal of Perinatology (DOI: 10.1038/jp.2016.137) s’intéresse aux facteurs démographiques et cliniques associés à la probabilité d’effectuer cette visite post-natale et au risque d’hypertension persistante, chez les femmes ayant eu une pré-éclampsie, dans le but d’identifier une population de femmes à risque et leur assurer un suivi médical approprié. Cette étude est une analyse rétrospective d’une cohorte de femmes avec pré-éclampsie sévère, portant un seul enfant, et ayant accouché à au moins 34 semaines de gestation, entre 2011 et 2013 à l’hôpital universitaire de Pennsylvanie. La persistance de l’hypertension est définie par une pression systolique ≥ 140 mmHg, une pression diastolique ≥ 90 mmHg, ou un besoin de traitement anti-hypertension qui était inexistant avant la grossesse.
Sur les 193 femmes incluses à cette étude, 52.3% se sont présentées à la consultation post-natale. L’analyse des données démographiques et cliniques révèle une tendance à ne pas se présenter à cette consultation pour les femmes de moins de 30 ans (48.2 vs. 63.0%, OR=0.55, p=0.067), les femmes afro-américaines (47.0 vs. 70.5%, OR=0.37, p=0.007) et les femmes ayant eu moins de 5 visites pré-natales (37.5 vs. 57.42%, OR=0.44, p=0.043). A l’inverse, les femmes diabétiques (80.0 vs. 50.0%, OR=4.00, p=0.036) et les femmes ayant accouché par césarienne (67.7 vs. 44.5%, OR=2.61, p=0.003).
Sur les 101 femmes s’étant rendues à la consultation post-natale, une hypertension persistante est détectée pour 21% d’entre elles, dont 68.2% sont diagnostiquées par une tension ≥ 140/90, et 31.8% par tension normale avec utilisation d’anti-hypertenseur depuis la grossesse. Un risque supérieur d’hypertension persistante est associé à l’obésité morbide (49.2 vs. 17.7%, OR=3.50, p=0.040), au diagnostic de pré-éclampsie par hypertension artérielle sévère (≥ 160/110) en comparaison à une hypertension “moyenne” (≥ 140/90) avec des symptômes cliniques ou résultats anormaux (fonction hépatique, insuffisance rénale, thrombocytopénie..) (29.0 vs. 10.3%, OR=3.58, p=0.033), et à la décharge hospitalière avec traitement pour le pression artérielle (37.0 vs. 16.2%, OR=3.04, p=0.029). Bien que non-significative, une tendance à l’hypertension persistante est observée chez les femmes afro-américaines (25.7 vs. 12.9%, p=0.15) et les femmes ré-admises à l’hôpital pendant la période post-natale (66.7 vs. 20.4%, p=0.056).
Cette étude a mis en évidence des populations de femmes à risque de 1) ne pas effectuer de visite post-natale et 2) de présenter une hypertension artérielle persistante après une situation de pré-éclampsie durant leur grossesse. Identifier ces femmes à risque pendant la grossesse est très important pour les informer et conseiller sur le risque cardiovasculaire accru à long terme, et leur souligner l’importance de la consultation post-natale. Un conseil pré-natal ou très tôt après l’accouchement devrait améliorer la compréhension du risque et le taux de présentation à la consultation post-natale chez ces femmes à risque. De futures études devraient se concentrer sur des stratégies d’amélioration du taux de ces consultations très importantes dans le cadre de la pré-éclampsie.
Texte : esanum / jd
Photo : EmiliaUngur / Shutterstock
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