L’exposition chronique comme aiguë augmente le risque de morbidité et mortalité cardiovasculaire (infarctus du myocarde, crise cardiaque). La thrombose veineuse, sous forme de thrombose profonde ou d’embolisme pulmonaire, a une occurrence annuelle de 1:1000 dans les pays occidentaux. Si des facteurs génétiques sont associés au risque de thrombose veineuse, la contribution de facteurs environnementaux comme la pollution de l’air fait débat.
Une méta-analyse évaluant l’effet des principaux polluants de l’air sur le risque de thrombose veineuse a récemment été conduite (DOI: 10.1038/srep32794). La recherche bibliographique a été réalisée sans restriction de dates ni d’ethnicité. Un total de 8 études ont été incluses. L’effet des polluants CO, SO2 et O3 n’étant analysé que dans 2 études, leurs résultats ont été exclus de cette méta-analyse.
Que ce soit le NO2, les PM10 ou les PM2.5, aucune association n’est observée entre l’exposition à ces polluants et le risque de thrombose veineuse (OR= 0.995, 1.005 et 1.006, respectivement). Une analyse en sous-catégorie a permi d’évaluer le risque de thrombose veineuse associé à une exposition au polluant PM10 à long terme. Un effet néfaste est observé, mais sans atteindre une significativité statistique (OR=1.211, IC95%=[0.800-1.835]). Le risque spécifique d’embolie pulmonaire n’est pas associé à l’exposition aux polluants PM10 et PM2.5 (OR=0.988 et 0.999 respectivement).
Cette première méta-analyse investiguant le lien entre pollution de l’air et risque de thrombose veineuse ne met pas en évidence d’association significative. Ce résultat est plutôt inattendu au vu du risque cardiovasculaire associé à la pollution. Les diversités de protocoles expérimentaux en terme de durée d’exposition, concentration des polluants, ou l’existence de susceptibilités pré-existantes peuvent être à l’origine des résultats non concordants dans la littérature. Des effets pro-coagulants associés à l’exposition aux polluants de l’air semblent néanmoins trop faible pour occasionner une thrombose veineuse chez des individus sains. La majorité des études incluses dans cette méta-analyse sont de pays occidentaux, où la concentration moyenne de PM2.5 est inférieure à 20 µg/m3. Dans les pays en développement, ces valeurs s’élèvent à 100-200 µg/m3, pouvant induire des effets plus marqués sur le risque de thrombose veineuse. De nouvelles études prenant en compte de telles conditions sont donc attendues.
Texte : esanum / jd
Photo : Chukov / Shutterstock
Découvrez d’autres comptes-rendus d’études ici : COMPTES-RENDUS D’ETUDES