Selon le rapport d’évaluation du plan national d’action sur les perturbateurs endocriniens présenté par l’IGAS, la stratégie nationale de lutte contre les perturbateurs endocriniens initiée en avril 2014 démontre des résultats très positifs mais qui restent encore à amplifier vu les enjeux sanitaires et l’inquiétude croissante de la population.
Le rapport d’évaluation a été présenté par l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) qui a collaboré avec le CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable) ainsi que le CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux). Ce dernier a évalué le plan national selon 4 axes principaux.
Le premier axe concerne la recherche sur les perturbateurs endocriniens où la dissociation entre la dose et l’effet ainsi que l’effet « cocktail » constituent des problèmes importants et peuvent remettre en question le raisonnement toxicologique. La question du financement de la recherche a aussi été soulevée et met en évidence l’insuffisance des moyens nécessaires.
Concernant la surveillance sanitaire et environnementale, le rapport a mis en évidence une hétérogénéité dans la surveillance de la présence des perturbateurs endocriniens dans l’environnement ainsi que l’absence de dispositif permanent de surveillance de la présence de substances susceptibles d’avoir des effets perturbateurs endocriniens en dehors des plans de contrôle du respect de la réglementation (substance interdites).
Le rapport souligne aussi que l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a réussi à atteindre son objectif qui est celui d’analyser cinq produits par an, ce qui n’est pas le cas de l’ANSM (celui d’évaluer 3 substances présentes dans les cosmétiques par année).
Le troisième volet concerne la réglementation qui a réalisé des avancées importantes au niveau européen mais qui restent modestes devant les enjeux et les attentes. De plus l’application des textes requiert l’adoption d’une définition européenne cohérente des perturbateurs endocriniens avec les spécificités toxicologiques et éco-toxicologiques. Cette définition doit être fondée sur les critères intrinsèques de danger et devrait établir 3 catégories en fonction du degré de certitude.
Enfin, l’évaluation du plan de formation et d’information a souligné l’émergence naissante de l’offre de formation des professionnels concernés (professionnels de la santé et de la petite enfance). Elle a aussi mis en évidence l’insuffisance de l’information et de la communication face à une inquiétude croissante de la population.
« Un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induit des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou de (sous-) populations» selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), proposée en 2002 et mise à jour en 2012, reprise ensuite par l’Union européenne.
Selon ce rapport, les constats sont alarmants. Les perturbateurs endocriniens interfèrent à différents niveaux de l’organisme et peuvent ainsi favoriser le développement de plusieurs troubles et pathologies. Ces substances agissent en mimant l’action d’une hormone naturelle, en empêchant sa fixation sur son récepteur spécifique cellulaire ou en bloquant la synthèse et la régulation du signal hormonal. Elles sont de nos jours suspectées d’être responsables de certaines affections : anomalies de développement des organes, baisse de la qualité du sperme, anomalies dans les fonctions de reproduction, puberté précoce, diabète type 2, autisme, obésité, cancers hormono-dépendants. Le risque augmente avec la durée d’exposition à ces molécules. La période foeto-embryonnaire, la petite enfance et la puberté constituent des périodes de sensibilité accrue.
L’impact des perturbateurs endocriniens sur l’environnement et sur la faune n’en est pas moindre. De telles substances se retrouvent partout dans des produits de consommation usuelle : alimentation, cosmétiques, jouets, vêtements, médicaments et même dans l’eau et le sol. N'oublions pas, par exemple, que la plupart des pesticides comportent des perturbateurs endocriniens.
Le rapport d’évaluation conclut à la nécessité de la mise en place d’une nouvelle stratégie avec création d’un centre national de référence dédié aux perturbateurs endocriniens.
Par ailleurs et face aux constats du rapport, le budget destiné à la recherche sur les perturbateurs endocriniens a été augmenté de deux millions d’euros.
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