Impact de la pauvreté préscolaire sur le cerveau

La pauvreté est un important facteur de risque de problèmes de développement cognitif. Les enfants concernés par la pauvreté préscolaire présenteraient un risque accru de développer des maladies mentales comme la dépression. La littérature fait état d’associations entre la pauvreté et des différences structurelles du cerveau, concernant particul

La pauvreté est un important facteur de risque de problèmes de développement cognitif. Les enfants concernés par la pauvreté préscolaire présenteraient un risque accru de développer des maladies mentales comme la dépression.

La littérature fait état d’associations entre la pauvreté et des différences structurelles du cerveau, concernant particulièrement l’hippocampe (Hip) et l’amygdale (A), probablement à l’origine de futurs troubles comportementaux chez l’enfant. Ces modifications structurelles peuvent influer sur les connections fonctionnelles de ces zones du cerveau. En particulier, Hip et A semblent exercer un contrôle négatif sur des régions responsables de la régulation des émotions et la réponse au stress. Des profils de connections altérées de Hip et A sont rapportés dans des cas de stress en bas âge et de psychopathologies dépressives.

Une étude à paraître dans The American Journal of Psychiatry (DOI: 10.1176/appi.ajp.2015.15081014) s’est intéressée à l’impact de la pauvreté préscolaire sur les connections fonctionnelles du cerveau et leur influence sur l’humeur négative et la dépression chez les enfants à l’âge scolaire. Pour se faire, 105 enfants d’une étude sur la dépression préscolaire ont été suivis annuellement pendant une durée maximale de 12 ans, sous condition d’état psychiatrique sain d’antécédent de dépression/anxiété, de données de connections fonctionnelles interprétables à la première séance d’imagerie et de disponibilité des données revenus/besoins du foyer (estimation de la pauvreté). Des entretiens annuels ont permis d’évaluer l’état psychiatrique des enfants à l’âge préscolaire/scolaire, la sévérité des potentiels symptômes et l’état d’anxiété lors des séances d’imagerie fonctionnelle par IRM à l’état de repos.

Des profils normaux de connections fonctionnelles de Hip et A, similaires à la littérature, ont été retrouvés. L’estimation de pauvreté s’est révélée être un bon prédicteur de la connectivité de Hip et A, les profils liés à une vie plus aisée reflétant une accentuation des profils normaux. Si le ratio revenus/besoins du foyer à l’âge préscolaire est un prédicteur négatif de la dépression à l’âge de l’école (p = 0.03), différentes connections y sont associées (Hip gauche et cortex frontal supérieur droit, p = 0.005, et A et gyrus lingual droits, p = 0.004). Les analyses régressives menées entre le ratio revenus/besoins et la dépression à l’âge scolaire montrent un effet significatif (p = 0.03) si les connections évoquées ne sont pas prises en compte dans le modèle, mais un effet non significatif lorsqu’elles sont inclues dans le modèle. Cela démontre un effet médiateur significatif des connections de Hip et A sur la relation entre pauvreté préscolaire et dépression à l’âge scolaire.

Cette étude donne accès à de nouvelles données pour la compréhension de l’impact de la pauvreté sur le développement de pathologies psychiatriques chez l’enfant, et en particulier sur l’impact des connections fonctionnelles de zones du cerveau liées à l’émotion et au stress.

Texte : jd / esanum
Photo : IAKOBCHUK VIACHESLAV / Shutterstock


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