Parkinson : un médicament contre le diabète retarderait la progression des symptômes moteurs

Un médicament contre le diabète de type 2 ralentirait la progression des symptômes de la maladie de Parkinson. C'est ce que démontre une étude française qui a testé les effets du lixisénatide sur 156 patients.

Le ralentissement de la progression des symptômes moteurs

L’étude randomisée en double aveugle LixiPark3, récemment publiée dans le New England Journal of Medicine, s’est basée sur le suivi de 156 patients atteints de la maladie de Parkinson à un stade précoce. Le diagnostic remontait à moins de trois ans, les participants étaient déjà sous traitement médicamenteux pour traiter leurs symptômes et ils ne présentaient pas encore de déclin marqué de leurs compétences motrices.

Ils ont été répartis au hasard et ont reçu en plus de leur traitement habituel, soit du lixisénatide®, un agoniste du récepteur GLP-1 utilisé pour traiter le diabète, soit un placebo.

Après 12 mois, les personnes ayant reçu du lixisénatide® ont montré une quasi-absence de détérioration supplémentaire des compétences motrices associées à la maladie de Parkinson, tandis que celles ayant reçu un placebo ont vu leurs symptômes s'aggraver.

Cette différence entre les deux groupes était statistiquement significative, indiquant que le lixisenatide® pourrait retarder la progression des symptômes moteurs chez les personnes atteintes de Parkinson. Ces conclusions étaient cohérentes à la fin de la période de traitement de 12 mois ainsi que deux mois après l'arrêt du traitement.

Le lien entre le diabète et la maladie de Parkinson

La recherche a déjà démontré l’existence d’un lien entre la maladie de Parkinson et le diabète de type 2. Les personnes atteintes de diabète de type 2 ont un risque plus élevé de développer la maladie de Parkinson, et lorsque c’est le cas, leurs symptômes progressent plus rapidement que chez les personnes non atteintes de diabète.

Selon le Dr Daniel Truon (Directeur de l'Institut de neurosciences Truong au Memorial Care Orange Coast Medical Center) pour Medical News Today1, ce lien entre les deux conditions repose sur plusieurs similitudes. Il cite notamment la résistance à l'insuline et la dysrégulation du glucose, l'inflammation et le stress oxydatif, la dysfonction mitochondriale, la pathologie de l'alpha-synucléine, ainsi que des facteurs de risque génétiques partagés.

Le Dr Truong souligne également que l'inflammation chronique de faible intensité et le stress oxydatif sont des traits communs au diabète et à la maladie de Parkinson. La recherche suggère que les processus inflammatoires dans le cerveau peuvent jouer un rôle dans la progression de la maladie de Parkinson, et il existe des preuves liant l'inflammation à la résistance à l'insuline dans le diabète. Des études ont également révélé que la dysfonction mitochondriale contribue à la résistance à l'insuline et aux problèmes de cellules bêta dans le diabète, tout en étant également un aspect clé de la dégénérescence des neurones dopaminergiques dans la maladie de Parkinson.


Toujours selon le Dr Truong, des preuves émergentes suggèrent que la pathologie de l'alpha-synucléine peut être présente dans divers tissus, y compris les cellules bêta pancréatiques chez les diabétiques. Cette constatation ouvre la voie à des recherches supplémentaires sur le rôle de l'agrégation de l'alpha-synucléine dans les complications liées au diabète et son lien potentiel avec la maladie de Parkinson.


Le Dr Truong conclut en affirmant que dans l'ensemble, ces découvertes suggèrent une convergence de mécanismes physiopathologiques entre le diabète et la maladie de Parkinson. Par conséquent, les médicaments qui ciblent ces mécanismes, tels que les agonistes du récepteur GLP-1, pourraient présenter des avantages dans le traitement des deux affections.
 

Des tests supplémentaires nécessaires

Malgré ces résultats prometteurs, des recherches supplémentaires et probablement une étude de phase 3 sont encore nécessaires avant que puissent être proposés des traitements à long terme de la maladie de Parkinson avec des agonistes du récepteur GLP-1. Cela inclut l'optimisation des doses, les thérapies combinées, la sécurité et la tolérabilité, ainsi que les effets sur les symptômes non-moteurs. La moitié des  participants à l'étude ayant reçu le lixisénatide® se sont notamment plaints de nausées. 

Pour l’instant, aucun agoniste du GLP-1R, y compris le lixisenatide®, n'est approuvé pour le traitement de la maladie de Parkinson.

Sources

1 : Ozempic-like drug may help slow the progression of Parkinson's symptoms, 9 avril 2024, Finn Cohen for Medical News Today 

2 : Lixisenatide: diabetes drug may slow progress of Parkinson’s, 8 avril 2024, Parkinson Erope.

3 : Trial of Lixisenatide in Early Parkinson’s Disease, 3 avril 2024, New England Journal of Medicine