Le Dr Miguel Nicolelis, spécialiste des neurosciences de l’université américaine Duke a dirigé cette étude publiée dans la revue Scientific Reports. Il assure que “Jusqu’à présent, personne n’avait observé la récupération de ces fonctions chez un patient tant d’années (3 à 13 ans) après un diagnostic de paralysie complète” des membres inférieurs.
Ces avancées “surprenantes” et “sans précédent” ont été obtenues au bout d’un an avec ce qu’on appelle une interface cerveau-machine. Le tout, sans aucune implantation de puce, d’électrodes ou de stimulateur dans le corps. Chacun des huit patients paralysés des deux jambes a dû s’imaginer en train de marcher à l’aide d’un avatar virtuel. Les chercheurs mènent ce projet au Brésil et ont constaté que cela a permis de faire réapparaître la représentation des membres inférieurs dans son cerveau.
La rééducation a combiné une immersion intensive dans la réalité virtuelle, renforcée par des signaux visuels et tactiles et des exercices physiques, notamment sur tapis roulant. Elle a probablement réactivé des nerfs de la moelle épinière qui avaient survécu au traumatisme à l’origine de la paraplégie. Le Dr Nicolelis explique : “Il peut s’agir d’un petit nombre de fibres nerveuses résiduelles, mais suffisantes pour véhiculer des signaux de la zone du cortex moteur du cerveau à la moelle épinière”.
Le matériel inclut également des exosquelettes, des structures de soutien du corps pour la marche activées par la pensée. Un casque d’électrodes permet de capter les signaux associés aux mouvements envoyés par le cerveau, afin de permettre aux logiciels informatiques de les déchiffrer. Avec cet entraînement, les patients ont pu effectuer des mouvements volontaires.
Au bout d’un an, les sensations et le contrôle musculaire de quatre patients s’étaient suffisamment améliorés pour que les médecins requalifient le niveau de leur paralysie, de paraplégie totale à partielle. Au bout de vingt mois, ce nombre est passé à sept, a précisé le responsable de l’étude. La plupart des patients ont également bénéficié d’une amélioration du contrôle de leur vessie et du fonctionnement de leur intestin, réduisant ainsi leur dépendance aux laxatifs et aux sondes, et donc le risque d’infections, l’une des principales causes de décès parmi eux.
Les meilleurs résultats ont été enregistrés chez deux femmes, paralysées depuis plus de dix ans et sans aucune sensation dans la partie inférieure de leur corps. Une de ces patientes peut maintenant s’asseoir et conduire. L’une d’elles a aussi pu, “pour la première fois, sentir son bébé (son 2e enfant) et les contractions” lors de son accouchement, selon le chercheur.
Des patients masculins ont également fait état d’une amélioration de leurs performances sexuelles. “Certains d’entre eux ont récupéré la possibilité d’avoir des rapports sexuels, des érections”, a ajouté le Dr Nicolelis. Une autre étude est prévue pour déterminer combien de temps il serait souhaitable de poursuivre cette rééducation, même allégée.
Texte : AFP / esanum
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