Elle semble augmenter depuis les années 1990, mais il s’agit surtout d’une meilleure prise en considération de cet état pathologique pour lequel un diagnostic plus précis et plus précoce existe. L’étiologie des TSA est méconnue, mais des facteurs à la fois génétiques et environnementaux semblent exister. La condition de santé maternelle en pré-grossesse et pendant la grossesse (âge, diabète, antidépresseurs) est de plus en plus reconnue comme risque potentiel de TSA chez la descendance. L’obésité maternelle a également été étudiée mais les résultats sont peu concluants.
Une méta-analyse a été récemment conduite (DOI: 10.1038/srep34248) dans le but d’analyser de façon systématique l’association entre IMC maternel (insuffisance pondérale, surpoids, obésité) et risque de TSA pour la descendance, en incluant une analyse dose-réponse. La recherche de la littérature a été conduite jusqu’au 29 janvier 2016, concernant les études cas-témoin et les études de cohorte (les études de cas, résumés de conférence, revues et études non-humaines ont été exclues). La qualité méthodologique des études incluses a été évaluée selon l’échelle de Newcastle-Ottawa et l’effet individuel de chaque étude a été déterminé par une analyse de sensibilité. Les biais potentiels de publication ont été évalués par les test de Begg et Egger.
L’analyse de la littérature a conduit les auteurs à considérer 7 études (6 études de cohorte et 1 étude cas-témoin), incluant un total de 8’403 cas et 509’167 participants. L’IMC maternel y est le plus souvent déterminé pendant la pré-grossesse. La qualité méthodologique de ces études est bonne (score entre 7 et 9 sur 9, moyenne 8.1).
Le risque relatif de TSA chez la descendance est non-significatif pour les mères en insuffisance pondérale (RR=1.07, IC95%=[0.93-1.23]) mais est accru pour les mères en surpoids et en obésité (RR=1.28, IC95%=[1.19-1.36] et RR=1.36, IC95%=[1.03-1.78]). Une forte hétérogénéité des données pour les cas d’obésité en pré-grossesse est cependant relevée. L’analyse dose-réponse, incluant 4 des 7 études, a mis en évidence une relation linéaire entre IMC maternel et risque de TSA, avec un risque accru de 16% par palier de 5 kg/m² (RR=1.16, IC95%=[1.01-1.33]).
L’analyse en sous-catégories (design de l’étude, localisation et ajustement aux facteurs confondants) ne révèle aucune différence pour la descendance des mères en insuffisance pondérale. D’une façon générale, les études localisées en Europe, celle avec un IMC déterminé au 1e trimestre et celles où le TSA a été constaté selon les procédures standards (pas un “simple” rapport parental) conduisent à des associations plus fortes entre IMC maternel et risque de TSA. De même, l’ajustement des données à l’âge de la mère, au sexe de l’enfant et à l’année de naissance révèle de plus fortes associations.
L’analyse de sensibilité ne met pas en évidence d’étude avec un effet particulier sur les résultats de cette méta-analyse, et aucun biais de publication n’a été détecté.
Etant donné l’hétérogénéité clinique et génétique des individus affectés, l’absence de biomarqueurs de diagnostic, et la méconnaissance des mécanismes physiopathologiques impliqués, il n’existe pas de traitement des principaux symptômes des troubles du spectre de l’autisme. Il apparaît donc crucial dans un premier temps d’identifier des facteurs de risque pour prévenir ces troubles développementaux. La présente méta-analyse souscrit à ce besoin en mettant en évidence un risque accru de 28 et 36% chez les enfants nés d’une mère en surpoids ou obésité respectivement. Une relation linéaire est observée, avec un risque accru de 16% par palier d’IMC de 5 kg/m².
Si la prévalence augmentée des TSA est probablement due à la prise de conscience collective autour de cette pathologie, ainsi qu’à des critères de diagnostics améliorés, cette étude suggère un rôle non négligeable de l’épidémie mondiale d’obésité.
Texte : esanum / jd
Photo : Chinnapong / Shutterstock
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