Les résultats d’une étude rétrospective de 23 cas de naissances avec microcéphalie en association présumée (6 testés positivement à la présence d’IgM contre le virus, les autres n’ayant pas bénéficié de ce test qui n’est pas établi en routine) avec une transmission congénitale du virus Zika dans la région de Pernambuco sont parus en avril 2016 dans le British Medical Journal (DOI: 10.1136/bmj.i1901).
Les données des 23 cas étudiés proviennent de l’Association for Assistance of Disabled Children (AADC), un des 4 centres de réhabilitation proposés pour les cas de microcéphalie dans la région de Pernambuco. Toutes les analyses faites appartiennent au protocole de routine établi par le ministère de la santé du Brésil. Après examen clinique par un neurologue, un scan CT sans contraste du cerveau est réalisé pour chaque enfant. Selon l’examen clinique, un scan IRM peut également être effectué. Les causes potentielles de microcéphalie congénitale autres que le virus Zika sont recherchées par sérologie afin d’écarter ces cas de l’étude.
A l’examen clinique, 78% des nouveaux-nés présentaient une dysmorphie cranio-faciale, 30% une protubérance occipitale externe exubérante et 52% une peau du cuir chevelu redondante. Sur les 23 cas étudiés, 22 ont passé un scan CT dont 7 également un scan IRM. Un seul nourrisson a eu un scan IRM mais pas de scan CT. Les principaux résultats d’imagerie montrent une calcification du cerveau en particulier au niveau de la jonction entre le cortex et la matière blanche subcorticale. La calcification est associée à des malformations du développement cortical. L’IRM a mis en évidence comme principales malformations du cortex un motif gyral simplifié, une polymicrogyrie et une pachygyrie. Si le lobe frontal est le plus touché par ces malformations, l’intégralité du cerveau peut en être affecté. En plus de la calcification et de la gyriation altérée, l’imagerie révèle une ventriculomégalie, un agrandissement de la cisterna magna, des anomalies du corps calleux (hypoplasie et hypogénésie), une hypoplasie du cervelet et du tronc cérébral et un agrandissement de l’étage supra-tentoriel.
En conclusion, cette série de cas rapporte une large série d’observations de neuro-imagerie chez des enfants atteints de microcéphalie en association avec une infection congénitale par le virus Zika, en partie concordant avec d’autres études. En particulier, la localisation des calcifications rendue plus précise grâce à l’IRM contredit des observations périventriculaires non retrouvées ici. Certaines observations ne sont pas spécifiques d’une infection par le virus Zika. De nouveau, une meilleure localisation, ici des malformations corticales (plus abondantes dans le lobe frontal), peut permettre de différencier une infection par Zika de Toxoplasma par exemple. Enfin, les auteurs soulignent le fait que la maladie en question n’est pas la microcéphalie, mais un syndrôme congénital dû à Zika, induisant la microcéphalie et d’autres malformations. Il faut être vigilent au fait que la microcéphalie peut être masquée par une circonférence de la tête augmentée et l’infection de la mère enceinte peut être asymptomatique.
Texte : esanum / jd
Photo : Juan Gaertner / Shutterstock
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