Myocardites post-Covid et post-vaccinales : où en est-on ? <br>(Mathieu Kerneis)
Myocardites post-Covid et post-vaccinales, où en est-on ?<br>État des lieux et pistes pour la recherche avec le Dr Kerneis.
Mathieu Kerneis est cardiologue interventionnel et responsable de l'Unité de soins ambulatoires cardiaques (UCASAR) de la Pitié-Salpêtrière. Ancien membre du groupe de recherche en cardiologie PERFUSE (Beth Israel Medical Center – Boston), il mène également des études dans le cadre du groupe Action.1
Les recherches du Dr Kerneis portent sur les maladies coronariennes, la cardio-immunologie et plus particulièrement la myocardite aiguë. À l’occasion du congrès de l’ESC, il nous présente les résultats de travaux de recherche récents concernant les myocardites post-Covid et post-vaccinales.
Points clés :
1- Myocardites post-Covid
- Les myocardites post-Covid associées à des pneumonies ont un pronostic beaucoup plus sévère que celles qui ne sont pas associées à des pneumonies.
- Parmi les patients avec des myocardites extrêmement sévères, ceux qui présentent un syndrome inflammatoire multisystémique associé à la myocardite ont des caractéristiques très spécifiques. Le délai entre l’infection Covid et la survenue de la myocardite, le pronostic et la signature cytokinique sont différents
- Lorsque ce sont des femmes qui sont atteintes, il semble que les formes de myocardites sont plus sévères. Il n’y a pas encore d'explication claire.
- Les patients ayant eu une myocardite post-Covid ont une contre-indication théorique à la vaccination avec un vaccin ARNm mais cela repose sur un niveau de preuve «très faible».
- Traitements disponibles pour ces myocardites post-Covid :
-> Pour les formes sévères, il s’agit d’un traitement non spécifique qui associe réanimation et assistance ventriculaire gauche.
-> En cas de forme inflammatoire associée, le traitement repose sur la combinaison d’immunoglobulines et de corticoïdes.
2- Myocardites post-vaccinales
- Ces myocardites post-vaccinales sont tout sauf une surprise.
- Elles touchent surtout les jeunes et préférentiellement les hommes.
- Elles sont généralement observées dans les jours qui suivent l’injection de la deuxième dose d’un vaccin ARNm, dans un délai d’une à deux semaines.
- Il s’agit très rarement de mécanismes immunoallergiques, qui déclenchent des formes sévères de myocardite à éosinophiles. La grande majorité des patients souffrent de myocardites lymphocytaires.
- Il s’agit donc de mettre en balance le risque d’avoir une myocardite liée au Covid et celui d’en avoir une liée au vaccin.
-> «Nous avons suffisamment de données désormais pour affirmer que le risque est moindre avec le vaccin»
-> Autre certitude, la prévalence de ces myocardites post-vaccinales est faible et le pronostic est globalement très favorable.
- Les recherches devraient se concentrer maintenant sur la mise au point d’un traitement spécifique pour ces myocardites post-vaccinales.
3- Reprise de l’activité physique après une myocardite
- Quelle que soit l‘origine et la forme d’une myocardite, il existe ensuite un risque théorique de trouble du rythme ventriculaire.
- Les sociétés savantes recommandent un arrêt du sport pendant 3 à 6 mois, jusqu’à la réalisation d’un holter et d’une épreuve d’effort.
- Le Dr Kerneis suggère la réalisation d’une IRM afin d'objectiver la régression complète de l'inflammation au niveau du muscle cardiaque.
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Note :
1- https://www.action-groupe.org/