«La musicothérapie est l’utilisation des instruments de musique et de la musique elle-même pour ouvrir des canaux de communication », Dr Rolando Omar Benenzon, psychiatre et musicien argentin. La musicothérapie est une thérapie qui utilise les propriétés des sons pour rétablir, maintenir ou améliorer la santé mentale, physique ou émotionnelle d’un patient. Le principe est très ancien : depuis que la musique existe, l’être humain a compris qu’il pourrait tirer profit de cet outil pour se soigner. En effet, il existait une gamme pythagoricienne à laquelle se référaient les médecins grecs pour classer les pouls, quant aux Indiens, ils jouaient de la flûte pour soigner les rhumatismes ! Cette thérapie peut se pratiquer de manière active (le patient joue d’un instrument, produit les sons) ou passive (il écoute la musique), en groupe ou seul. « La musicothérapie « active » favorise une communication non verbale. Elle permet aux patients de s’exprimer, aussi bien corporellement que musicalement (mouvements corporels, production de sons avec des instruments, regards, touchés…) », Anna Gustave, musicothérapeute. L’une des applications de la musicothérapie est le soulagement de certains symptômes liés à l’autisme. Il se manifeste très tôt dans l’enfance. Il s’agit d’un trouble envahissant du développement caractérisé par un manque d’interaction sociale et de communication avec ou sans retard mental et pour lequel il n’existe pas de guérison. « L’autisme ne se guérit pas mais on peut agir dessus, et le plus tôt, c’est le mieux », Dr. Maria Pilar Gatteno, psychologue. Effectivement, avec un bon encadrement les patients peuvent apprendre, à leur rythme, à s’épanouir et s’ouvrir au monde extérieur. Quel rôle joue la musique dans le traitement des patients ? Elle leur donne un nouveau centre d’intérêt, ainsi ils ils se concentrent sur les sons et diminuent les comportements répétitifs parfois autoagressifs. Cette pratique améliore le développement cognitif et favorise les interactions sociales.La musique peut être un mode de communication mieux adapté que la parole. « L’enfant entre dans le langage par la musique du langage, par l’énonciation », Dr Bernard Golse, pédopsychiatre. La parole est une étape importante dans le développement de l’enfant. Dans un premier temps, il ne va pas comprendre les mots ou les phrases mais c’est la prosodie, le timbre ou les intonations de la voix qui vont donner du sens aux sons. L’enfant autiste présente souvent des troubles de la parole, ce qui rend difficiles les interactions avec le monde extérieur. En utilisant la musique instrumentale, on peut sensibiliser les oreilles du jeune patient à différentes mélodies et aux émotions qu’elles expriment. Cette approche permet ensuite à l’enfant de les retrouver dans les paroles de son entourage et également de pouvoir imiter ces mélodies pour s’exprimer. « La possibilité de travailler sur une forme d’éducation et d’expression musicale dépend du degré de handicap et des capacités propres à chaque personne à appréhender la chose musicale. », Patrick Panet, musicothérapeute. Chaque patient est unique et les niveaux d’expression verbale sont multiples : du mutisme complet jusqu’aux hurlements. Il est donc important d’adapter la thérapie musicale au cas par cas. Il existe un cadre thérapeutique sous la forme de deux méthodes, dans lesquelles la musicothérapie peut être un outil : – La méthode ABA (Applied Behavior Analysis) consiste en l’apprentissage de comportements élémentaires dans un environnement propice dépourvu d’éléments perturbateurs. L’objectif est la meilleure intégration sociale possible du patient. Une récompense est donnée pour chaque exercice réussi. – Le programme TEACCH (Treatement and Education of Autistic and related Communication handicapped children) est plus centré sur les intérêts que va naturellement exprimer l’enfant afin de favoriser la communication. Avant de commencer le programme en lui-même des tests sont effectués pour évaluer les aptitudes du patient et élaborer un projet éducatif individuel. Le but est avant tout de rendre le patient autonome. « La prise en charge de l’autisme est faite de petites victoires. Le quotidien est difficile mais petit à petit, on avance », Armelle Saillour, conseillère technique de l’association Perce Neige. En France la musicothérapie n’est pas considérée comme une discipline médicale. Mais des efforts sont faits pour promouvoir cet « adjuvant thérapeutique ». Dans les recommandations de la Haute Autorité de Santé pour les familles d’enfants autistes, il est dit que cette méthode peut éventuellement être remboursée, au même titre que les activités sportives ou avec des animaux, qui ne sont pas proprement « thérapeutiques » mais qui contribuent à « l’épanouissement personnel et social » du patient. Une grande partie du potentiel de cette thérapie reste encore à découvrir tant les domaines d’application sont diversifiés.