La méthionine est un acide aminé essentiel qui contient du soufre. Elle ne peut être produite par l'organisme lui-même. Elle est nécessaire, entre autres, pour la synthèse des neurotransmetteurs et des hormones. La méthionine se trouve principalement dans la viande et le poisson, les produits laitiers et les œufs - et en plus petites quantités dans les noix - mais les légumes et les fruits n'en contiennent pratiquement pas.
Dans des études antérieures, les chercheurs du département de diabétologie expérimentale de l'Institut allemand de recherche sur la nutrition (Deutschen Institut für Ernährungsforschung – DifE) avaient observé que les souris nourries avec des aliments à faibles teneurs en protéines prenaient moins de poids, avaient une meilleure tolérance au glucose et consommaient plus d'énergie que les animaux nourris avec des aliments standards.
Les chercheurs ont ensuite pu démontrer que les souris sujettes au diabète qui pendant neuf semaines suivent un régime à faible teneur en méthionine ont un métabolisme du glucose significativement amélioré et une sensibilité à l'insuline plus élevée, comparativement à celles qui suivent le même régime mais avec une teneur en méthionine plus élevée.
Ceci était indépendant du taux de graisse corporelle, qui n'était pas significativement différent dans les deux groupes à la fin de l'étude. L'effet positif de la réduction de la méthionine pourrait être supprimé en cas d’ajout de cystéine, seul autre acide aminé soufré, dans l'alimentation.
Teresa Castaño-Martinez et son équipe de chercheurs ont également découvert des mécanismes par lesquels le métabolisme du glucose est amélioré : avec une absorption réduite de méthionine, le foie semble libèrer davantage de facteur de croissance des fibroblastes 21 (Fibroblast growth factor 21- FGF21), ce qui engendrerait une élévation des taux d'adiponectine sérique.
De plus, les gènes thermogéniques étaient régulés à la hausse dans le tissu adipeux blanc sous-cutané, ce qui suggère une formation accrue de graisse brune.
Dans une autre partie de l'étude, les chercheurs ont cherché à savoir si un régime végétarien (donc pauvre en méthionine) entraîne également des taux plus élevés de FGF21 chez les humains. Ils ont pu montrer que les végétaliens et les végétariens ont en fait des taux plasmatiques de FGF21 significativement plus élevés que les personnes ayant un régime mixte contenant de la viande.
Si les personnes ayant un régime mixte suivaient un régime végétarien ou végétalien, une augmentation du FGF21 pourrait être observée après seulement quatre jours. L'augmentation était encore plus forte pour les régimes végétaliens que pour les régimes végétariens. Cela pourrait expliquer pourquoi les végétariens et les végétaliens ont un risque significativement plus faible de diabète de type 2.
Il serait maintenant important de savoir dans quelle mesure une consommation réduite de méthionine contribue réellement à l'augmentation du taux de FGF21 chez les humains. Les chercheurs ont l'intention de mener de nouvelles études avec des végétaliens afin de découvrir d'autres preuves de l'implication de la méthionine dans l'apparition du diabète de type 2.
Si les résultats sont confirmés chez l'homme, cela pourrait être d'une grande importance pour la prévention et le traitement du diabète de type 2. Il se pourrait que les gens n'aient plus besoin de compter les calories ou de se priver d'aliments riches en protéines : la réduction de la méthionine pourrait être suffisante.
Manger végétarien pendant une semaine, de temps en temps, pourrait également être suffisant pour augmenter le niveau du FGF21. Un régime alimentaire peu contraignant, que les personnes concernées accepteraient plus facilement de suivre.
Source :
Teresa Castaño-Martinez et al; Methionine restriction prevents onset of type 2 diabetes in NZO mice; FASEB Journal (2019); DOI: https://doi.org/10.1096/fj.201900150R