En effet, la cause d’infertilité féminine par manque utérin concerne 1 femme sur 500 en âge de procréer, par exemple à la suite d’une hystérectomie curative d’un cancer ou dans le cadre du syndrome MRKH.
Le syndrome MRKH (syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser), qui affecte plus d’une femme sur 4500 est caractérisé principalement par l’aplasie congénitale de l’utérus et les 2/3 supérieurs du vagin chez des femmes présentant des caractères sexuels secondaire toutefois sans signe d’anormalité. Ces femmes ne peuvent donc pas porter d’enfant au monde.
Tout au moins, c’est ce qu’on pensait, jusqu’à ce qu’une équipe suédoise, menée par le Pr. Mats Brännström réussisse l’exploit en 2014 de mener à bien une naissance chez une patiente de 36 ans atteinte du syndrome MRKH, après lui avoir greffé un utérus, provenant d’une donneuse volontaire vivante de 61 ans. Depuis, cette équipe qui a mené ces procédures sur 9 femmes a déclaré 3 autres naissances chez 3 autres femmes, puis une autre grossesse en cours ainsi que 2 greffes qui n’ont pas fonctionné. Le taux de fertilisation réussie chez les femmes ayant accepté le greffon est donc de l’ordre de 71%, ce qui est un résultat remarquable en comparaison de celui des FIV traditionnelles qui varie entre 20 et 40%.
S’inspirant de ces succès, les équipes de Womb Transplant UK (transplantation utérine Royaume-Uni) planifient de réaliser ces greffes en l’espoir de résultats aussi favorable. Cependant, les organes seront prélevés cette fois non chez des donneuses vivantes et consentantes voire de la famille des receveuses, mais chez des patientes dans un état de mort cérébrale. Les femmes éligibles aux critères de sélection pour recevoir cette greffe sont des femmes âgées de 24 à 38 ans ayant un IMC<30kg/m² (non obèses), résidentes au Royaume-Uni, ayant un partenaire de vie stable et ayant fourni leurs propres ovules pour la fécondation (extra-utérine). Les femmes ayant déjà eu des enfants, ou subit une chirurgie abdomino-pelvienne majeure, ou ayant eu une endométriose grave, ou encore étant en rémission de cancer depuis moins de 5 ans ne sont pas éligibles à recevoir un utérus dans ces essais. Ensuite, la greffe d’un corps étranger requiert un traitement immunosuppresseur à vie, que les docteurs veulent limiter en extrayant chirurgicalement l’utérus greffé 6 mois après une naissance menée à terme (dont l’accouchement sera réalisé par césarienne), voire après une seconde grossesse réalisée rapidement suite à la première. Il s’agit donc d’une « greffe éphémère »., car ces traitements qui d’une part augmentent le risque d’accouchement prématuré, augmentent aussi le risque de cancer ou d’hypertension.
Toutefois, ce projet britannique ambitieux ne peut encore être mis en œuvre par défaut financier. De telles procédures sont effectivement très onéreuses à mettre en pratique, et ils attendent des dons à la hauteur de 500 000£.
De plus, même si il a été approuvé par l’Imperial College, ce projet soulève de nombreuses questions éthiques, en se voulant par ailleurs devenir une alternative au recours aux mères porteuses (dont la légalité dépend d’un pays à l’autre).
Quant à ce qu’il en est en France, on retrouve 2 équipes à Suresnes et à Limoges envisageant la réalisation d’une greffe utérine, l’une des équipe par donneuse vivante, et l’autre par don post-mortem. Mais par les risques engendrés et les questions éthiques soulevées telles « jusque où peut-on aller ? Doit-on accepter les dons d’ovules également (ce qui « créerait » quelque part une mère porteuse) ? Que faire si la patiente refuse qu’on lui retire l’utérus à la fin de la grossesse ? » un frein est naturellement posé au passage de la théorie à la pratique dans l’hexagone…
texte : esanum / pg