Pour les chercheurs, cette découverte suggère que la composition du microbiote intestinal est plus influencée par l’évolution, qu’on le pensait jusqu’alors. Ainsi ils précisent que ces bactéries contribuent aux premiers stades de développement de nos intestins.
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont analysé des échantillons fécaux de plusieurs espèces de primates. Ainsi 47 chimpanzés de Tanzanie, 24 bonobos du Congo, 24 gorilles du Cameroun et 16 humains du Connecticut ont fait l’objet d’analyses. Des fossiles et indices génétiques ont permis d’établir que ces quatre espèces ont toutes évolué à partir d’un ancêtre commun qui vivaient il y a plus de dix millions d’années.
Afin d’analyser les différentes versions d’un gène bactérien présent dans tous les échantillons fécaux, les chercheurs ont utilisé le séquençage génétique. Ils ont ainsi découvert des preuves génétiques indiquant que l’évolution séparée des bactéries du microbiote intestinal en souches distinctes s’est produite alors que les ancêtres communs ont commencé à évoluer en diverses espèces. Deux de ces groupes ont une évolution similaire à celle des hominidés.
Andrew Moeller, co-auteur et chercheur de l’Université de Californie à Berkeley, explique : “Nous montrons avec cette recherche que certaines bactéries intestinales humaines descendent directement de celles qui vivaient dans les intestins de nos ancêtres communs avec les singes”. Ajoutant que “Cela prouve qu’il y a une lignée ininterrompue de ces bactéries depuis des millions d’années, depuis l’émergence des singes africains”.
Le premier clivage des bactéries intestinales s’est produit il y a environ 15,6 millions d’années quand la lignée des gorilles a divergé de celle des autres hominidés. Il y a 5,3 millions d’années au moment où la branche humaine s’est séparée de celles des chimpanzés et des bonobos, la seconde séparation est intervenue .
“Nous savions depuis longtemps que les humains et nos plus proches cousins, les grands singes, ont ces bactéries dans leurs intestins”, relève Andrew Moeller. Pour lui, “La plus grande question à laquelle nous cherchions à répondre était celle de savoir d’où viennent ces bactéries, de notre environnement ou de notre évolution, et combien de temps les lignées ont persisté”.
Texte : AFP / esanum
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