Il est évident que les maladies intestinales sont largement influencées par l'alimentation. Cependant, cela est souvent négligé dans le traitement des MICI, peut-être en raison de la complexité du sujet.
Cela commence par l'hétérogénéité des tableaux cliniques. La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse diffèrent considérablement en termes de localisation, de motif inflammatoire et de symptômes. S'ajoutent à cela différentes activités de la maladie avec des phases stables et des poussées inflammatoires. Enfin, l'état nutritionnel est différent pour chaque patient.
Une thérapie nutritionnelle pour les MICI commence donc par un bilan.
La détermination de l'état nutritionnel et du profil individuel de la maladie et des risques commence par une anamnèse nutritionnelle détaillée. Un journal alimentaire peut permettre de recueillir des informations sur la quantité et la qualité des aliments consommés. Des questionnaires validés tels que le Nutritional Risk Screening (NRS 2002) et le Malnutrition Universal Screening Tool (MUST) sont également utiles.
Le poids est généralement déterminé à l'aide de l'indice de masse corporelle (IMC). À partir d'un IMC ≥ 25 kg/m2, il convient de mesurer également le tour de taille, ce qui donne des indications sur la répartition des graisses corporelles. Pour ne pas négliger une obésité sarcopénique, fréquente chez les patients atteints de MICI, il est également recommandé de mesurer la force musculaire et la fonction, ce qui peut être fait avec des outils simples tels que le "chair stand test" ou un dynamomètre.
Ces dernières années, différentes formes d'alimentation ont été étudiées pour leur influence positive et anti-inflammatoire sur l'évolution de la maladie. En tête de liste : le régime méditerranéen, qui consiste en une composition alimentaire équilibrée et largement axée sur les légumes. Elle est généralement considérée comme saine, mais elle a également un effet positif prouvé sur la muqueuse intestinale et le microbiote, en particulier chez les patients atteints de MICI.
De nombreuses autres formes d'alimentation ont également été évaluées, mais elles ne diffèrent que très peu du régime méditerranéen. Le régime en glucides spécifiques (SCD), par exemple, évite les glucides complexes issus des céréales (blé, orge), du maïs et du riz. Le régime anti-inflammatoire (MII-AID ) mise sur un concept en quatre étapes, dans lequel les aliments sont initialement cuits très doucement et/ou réduits en purée. Dans le régime anti-inflammatoire de Groningen (GrAID), contrairement au régime méditerranéen, la consommation de vin rouge, même en petites quantités, n'est pas autorisée.
Pour le reste, l'alimentation s'oriente en fonction de l'état individuel et de l'évolution de la maladie. En cas de poussée aiguë, une thérapie nutritionnelle entérale peut être nécessaire à court terme. En cas de carence en nutriments, des suppléments appropriés sont apportés, et en cas de sarcopénie, l'apport en protéines est augmenté. Les complications doivent également être prises en compte. Par exemple, en cas de sténose, il est recommandé de limiter la consommation de fibres insolubles.
Le traitement nutritionnel des patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin est complexe et doit être adapté individuellement. Toutefois, l'évolution et les symptômes peuvent être influencés de manière décisive par une alimentation appropriée et il est essentuel que les médecins et les patients le prennent en compte.