“On ne peut comprendre que quelqu’un qui ait été entendu comme témoin assisté dans une procédure puisse être promu à cette distinction supérieure”, estime Me Charles Joseph Oudin, défenseur de victimes de ce médicament fabriqué par Servier. Indirectement impliqué donc dans cette affaire, qui a débuté en 2009 lors du retrait du médiator du marché, les victimes de ce traitement perçoivent la décoration d’Henri Nallet comme un « coup de poignard ».
Ce traitement avait été prescrit pendant une trentaine d’années contre l’excès de graisses dans le sang mais aussi pour lutter contre le surpoids chez les diabétiques mais les effets secondaires auraient été, sur le long terme, responsables de 2100 décès dû aux effets secondaires sur les valves du cœur.
Suspendre la légion d’honneur
Les avocats et médecins des victimes sont bien décidés à ne pas laisser passer cette injustice qui semble ne pas encore avoir encore dit le mot de la fin. “La Légion d’honneur est donnée pour des actions méritantes pour l’intérêt général, s’est exprimée Irène Fachon, pneumologue du CHU de Brest à l’origine de la découverte de ce scandale sanitaire, Or, Nallet a défendu les intérêts privés d’un laboratoire qui est un labo criminel”.
L’avocat des cinq victimes déclarées, Me Joseph Oudin, souhaite saisir François Hollande et tenter d’obtenir la suspension de cette décoration ainsi que demander à ce qu’une enquête soit menée afin de savoir comment cette attribution a été décidée.
En plus de cela, le défenseur a également déclaré vouloir saisir « le conseil d’Etat pour obtenir l’annulation » du décret qui a permis la décoration d’ Henri Nallet. Me Oudin veut être ainsi sûr que la légion, si elle lui est enlevée, ne lui soit pas à nouveau remise d’ici à quelques années.
Ces tentatives pourraient cependant avoir du mal à fonctionner puisque l’ex conseiller du laboratoire Servier n’a pas été reconnu comme étant impliqué directement dans l’affaire Servier, comme le confirme son défenseur. “Les juges d’instruction ont considéré qu’il n’y avait pas matière à mettre Henri Nallet en examen, a rappelé Me Yves Baudelot, avocat d’Henri Nallet, je vois mal, dans ces conditions, ce qui peut justifier les demandes des victimes du Mediator”, a-t-il ensuite conclu.
Affaire à suivre…
Texte et crédits photo : AFP / pg