C’est à l’occasion de la journée mondiale anti-contrefaçon se déroulant ce vendredi, que des spécialistes ont fait cet alarmant constat, alors que le business de faux médicaments n’a jamais été aussi élevé. En effet, les douaniers ont intercepté 2,4 millions de produits contrefaits, destinés pour la plupart à être vendus sur internet mais aussi dans des sex shops ou discothèques.
En général, les Français restent fidèles aux pharmacies lorsqu’il s’agit de médicaments remboursés par la sécurité sociale mais pour les autres, le recours à internet est toujours plus fréquent. “Ils sont un peu mal à l’aise pour en parler à leur médecin et veulent les acheter pour pas cher, commente Bernard Leroy, directeur de l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), or 50% des médicaments sur internet sont des contrefaçons”.
Les risques pour la santé sont évidemment énormes. Pour la France, ce phénomène concernerait 1 % des traitements, selon l’IRACM, mais pour d’autres parties du monde comme l’Afrique, ce trafic représente un véritable fléau. Des faux médicaments contre le paludisme, par exemple, auraient tué 122 350 enfants rien que pour l’année 2013. Aujourd’hui, une concertation mondiale se met lentement en place afin de lutter contre ce commerce illégal et mettant en danger la santé d’autrui.
Afin d’endiguer ce trafic en expansion, rendu notamment possible par l’absence de réglementation et de coordination internationale efficace, une convention appelée Médicrime a été signée par 23 pays dans le but de mutualiser la lutte contre la fraude médicamenteuse. Cette dernière n’a été ratifiée que par cinq des 23 signataires, les autres expliquant que « la lutte contre les contrefaçons n’est pas une priorité », selon le directeur de l’IRACM.
La plus grande opération Interpol organisée a eu lieu en mai 2014 et a permis la saisie d’environ 10 millions de médicaments de contrefaçons, la fermeture de 12 000 sites internet et plusieurs centaines d’arrestations dans pas moins de 111 pays. L’ Italie avait également réussi un grand coup lors de l’opération Pharmatraffic, qui avait conduit à l’interpellation d’une cinquantaine de personnes directement impliquées dans un commerce illégale de produits pharmaceutiques volés.
Ces épisodes « coup de poing » ne sont pour autant pas assez réguliers et efficaces et ne suffisent donc à empêcher la mise sur le marché de différents pays de faux médicaments, facilement accessibles et parfois mortels.
Source et photo : AFP / pg