Cela commence dès le diagnostic. Chez les femmes atteintes de sclérodermie systémique par exemple, il faut en moyenne un an de plus pour établir un diagnostic que chez les hommes. Cela peut s'expliquer par le fait que la maladie est souvent plus active chez les hommes au stade précoce et se remarque donc plus facilement chez eux.
En général, les maladies rhumatismales inflammatoires se manifestent différemment entre les sexes. Dans le cas de la polyarthrite psoriasique, les hommes présentent souvent le tableau typique d'une oligoarthrite, tandis que les femmes présentent souvent une polyarthrite. Dans le cas de la spondyloarthrite, alors que les hommes montrent plus fréquemment et plus tôt des changements radiologiques caractéristiques et des marqueurs inflammatoires élevés, les femmes ont davantage de problèmes articulaires périphériques.
Mais ce n'est pas tout, les attentes des médecins peuvent différer en fonction du sexe du patient. C’est ce que montre une étude espagnole de manière frappante. Face à des symptômes comparables, les médecins traitants documentaient plus fréquemment des douleurs dorsales chez les hommes, tandis que chez les femmes, les symptômes périphériques étaient plus souvent enregistrés.
Il existe aussi des différences induites par le sexe du médecin traitant. Une autre étude canadienne démontre ainsi que les médecins généralistes femmes orientent plus rapidement vers des consultations spécialisées que leurs homologues masculins. La qualité des soins rhumatologiques pourrait donc également dépendre du sexe du médecin.
Une fois le diagnostic d'une maladie rhumatismale établi chez une femme, l'inégalité persiste. Les femmes sont souvent traitées plus tardivement et à des doses moins élevées que les hommes. Elles atteignent beaucoup moins fréquemment l'objectif thérapeutique d'une activité minimale de la maladie ou d'une rémission. De plus, les effets secondaires sont presque deux fois plus fréquents chez elles, ce qui pourrait être lié à la pharmacocinétique et au poids corporel. Il existe encore trop peu de recherches spécifiques au genre qui explorent ces différences flagrantes.
L'importance de telles recherches est également mise en évidence par la charge subjective de la maladie, qui est plus marquée chez les femmes que chez les hommes. Elles ressentent des douleurs plus intenses, une activité maladive plus élevée et des limitations plus importantes en termes de qualité de vie et de participation sociale. Ces différences pourraient en partie être dues à des disparités socioculturelles dans la perception de la douleur et dans la gestion de la maladie, bien que cela reste hypothétique jusqu'à présent. Pourtant, l'amélioration des fonctions et le maintien de la qualité de vie sont justement des objectifs thérapeutiques importants en rhumatologie. Ces aspects sexospécifiques justifieraient sûrement une sélection de traitement ciblée pour les deux sexes.
Dans le cas des maladies rhumatismales inflammatoires, il existe des différences considérables entre les patients en fonction de leur sexe et cela concerne les symptômes, le diagnostic et le traitement. Cependant, ces différences ne pas encore prises en compte de manière adéquate dans la pratique clinique quotidienne. Le besoin de recherche spécifique au genre en rhumatologie est flagrant.