À l’occasion de la semaine du cerveau qui se tient jusqu’à dimanche, Jean-Antoine Girault, président de la Société des neurosciences résume: “Tout résulte du fonctionnement de notre cerveau”. Alors qu’à l’âge adulte, il ne pèse que 2% du corps humain en moyenne (environ 1,3 kg), il consomme 20% de tout l’oxygène du corps au repos. Il a donc besoin de carburant.
Le chercheur Roland Salesse, coordinateur de la semaine du cerveau explique que “Son entretien commence dès la conception, in utero”. Ajoutant : “On sait que les acides gras Oméga 3 sont très importants non seulement pour la constitution des neurones mais aussi pour la constitution des membranes cellulaires”.
L’Inra mène, depuis plusieurs années, des études montrant que la vitamine A et les Oméga 3, respectivement présents dans les viandes et dans les poissons gras comme le saumon ou le maquereau, agissent directement sur les neurones et améliorent leur connectivité, retardant ainsi le vieillissement cognitif. Mais au-delà des Oméga 3, le cerveau a besoin d’une alimentation équilibrée, comme le souligne M. Giraut : “La malnutrition peut faire des ravages sur le cerveau”.
En effet, les régimes trop gras ou trop sucrés peuvent dérégler non seulement le métabolisme général, mais aussi les mécanismes de régulation de la prise alimentaire du cerveau, “notamment au niveau de l’hypothalamus latéral, autrefois appelé “le centre de la faim” “, poursuit M. Salesse. L’obésité et le diabète provoqués par la suralimentation sont désormais associés au vieillissement cérébral.
Dès 2012, des chercheurs en neurochirurgie de Californie avaient publié des travaux, qui montraient qu’une consommation excessive de sucre de synthèse, très utilisé dans la fabrication de sodas et d’aliments industriels, pouvait à la longue ralentir le fonctionnement cérébral et altérer la mémoire. De plus, les produits addictifs tels que les drogues, tabac ou alcool sont eux aussi à proscrire. Le cannabis, lorsqu’il est régulièrement consommé à l’adolescence, peut par exemple provoquer une baisse des capacités intellectuelles à l’âge adulte, avaient ainsi conclu des chercheurs dont les travaux en Nouvelle-Zélande avaient été publiés en 2012.
Les interactions sociales sont, elles, très bénéfiques au fonctionnement de nos neurones. M. Giraut explique ainsi qu'”il y a des expériences sur l’animal qui montrent leurs effets positifs”, imageries cérébrales à l’appui. Car le cerveau est “très plastique”, c’est-à-dire que les neurones font et défont en permanence les connexions entre eux, c’est pourquoi utiliser son cerveau, le faire fonctionner, dans un environnement riche et varié, lui donner l’occasion d’interagir avec d’autres humains, voyager, lire, jouer sont des stimulants efficaces. M. Salesse ajoute : “On sait qu’au cours de l’éducation, plus l’enfant bénéficie d’un environnement riche, d’une instruction complexe, plus il aura des possibilités intellectuelles développées”.
L’activité physique est elle aussi recommandée. “Elle a un effet spectaculaire chez les personnes âgées, dit-il. Après quelques jours seulement d’exercice modéré, on observe une amélioration de leur attention, de leur mémoire, de leurs capacités cognitives”. D’autres activités comme la méditation ont elles aussi un effet bénéfique en diminuant le stress, extrêmement nuisible au cerveau.
Enfin, si la perte de neurones est inéluctable avec l’âge, elle n’est pas dramatique tant qu’il n’y a pas de maladies neurodégénératives. Quand on est adulte, “perdre des neurones est quotidien mais nous avons de la réserve”, commente M. Salesse. “Même si nous en perdions 1.000 par jour, il faudrait 300.000 ans pour les perdre tous !” Dans certains accidents vasculaires cérébraux mineurs, on constate “sur le moment” la mort de neurones voire une perte de certaines capacités, “Mais si la lésion n’est pas trop importante, le patient peut récupérer les fonctions grâce à de nouvelles synapses (connections entre les neurones) qui se forment”, explique-t-il.
Texte : AFP / pg
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