La crise de la santé: les lois santé à « L’origine du mal ! »
Par Bernard KRON, Membre de l’Académie Nationale de Chirurgie “Les lois Santé n’en finissent pas de détruire l’un des meilleurs système du monde!”. Pendant les trente glorieuses de « l’après guerre » tout allait bien. La descente aux enfers a commencé avec les chocs pétroliers, les déficits se sont creusés et le cor
Par Bernard KRON, Membre de l’Académie Nationale de Chirurgie
“Les lois Santé n’en finissent pas de détruire l’un des meilleurs système du monde!”. Pendant les trente glorieuses de « l’après guerre » tout allait bien. La descente aux enfers a commencé avec les chocs pétroliers, les déficits se sont creusés et le corps médical a porté le chapeau. Pourtant les responsables et les coupables ont été les hommes politiques de tous bords!
Déjà sous Valery Giscard D’Estaing, Jacques Barrot avait bloqué les honoraires des médecins libéraux, ce qui donna lieu à de monstrueuses manifestations. La charge mémorable de CRS à Paris sur le pont Alexandre III contre les médecins ne lui sera pas pardonné. Le ministre donnera ensuite son aval à une convention médicale qui aboutira à la création d’un secteur 2 permettant de contenir les revendications tarifaires des médecins sans coûter trop cher à la collectivité. Depuis cette date le tarif opposable deviendra de plus en plus insuffisant, sa revalorisation pesant trop sur le déficit chronique de la Sécu (Plus de précisions dans le chapitre V du livre Chirurgie chronique d’une mort programmée).
L’alternance politique:
- L’arrivée des socialistes en 1981 développera davantage la pensée unique qui gouverne la France : “aller vers toujours plus d’assistance”.
- La droite est de retour en 1995: Avec les Ordonnances Juppé elle va pérenniser la hausse des prélèvements et donner aux parlementaires le contrôle du budget de la Sécurité Sociale. Le mal est fait et s’inscrit dans le” marbre.” Déficits et chômage ne cessent d’augmenter.
- 1996 voit apparaître de nouveaux modes de financements comme la Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS) dont le produit est affecté à la Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale (CADES) chargée de la gestion des déficits des régimes de Sécurité Sociale.
La réforme de la constitution de la Ve république:
- Elle crée en 1996 les Lois de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS). Le vœu pieux de la représentation nationale est d’assurer l’équilibre financier de la Sécurité Sociale.
- La loi organique du 22 juillet 1996 en précise le contenu, vote des prévisions de recettes, des objectifs de ‘dépenses par branches’ et des dépenses nationales d’assurance maladie.
- La Carte Vitale est créée en 1997, puis la Couverture Maladie Universelle (CMU) en 1999. Les abus et les trafics de toutes sortes vont pervertir un système déjà trop complexe et trop administré : « je paye donc j’ai droit »! Ainsi l’Aide Médicale d’État (AME) permet de soigner gracieusement les étrangers, même en situation irrégulière.
- La France offre un niveau de prestation supérieur à ceux de la plupart des pays développés. Comme ces droits sont ouverts à tous les résidents du territoire national, cela va favoriser une immigration incontrôlable tant dans l’hexagone que dans nos départements d’Outre-Mer. Ce surcroît de main d’œuvre a un effet pervers qui tire inéluctablement les salaires vers le bas.
Les nouvelles lois santé:
- En 2002, les lois About et Kouchner sur la protection des malades vont négativement peser sur le système de soins en alourdissant la tâche des libéraux.
- En 2004, la réforme de l’assurance maladie étatise un peu plus le régime avec la création du “médecin traitant référent” qui va précéder de peu l’apparition du parcours de soins. La création du dossier médical personnel et la nouvelle gouvernance de l’assurance maladie vont alourdir encore le système de santé avec la promotion des médicaments génériques, moins chers mais souvent moins efficaces que les molécules princeps. Les promesses de 2004 faites par Xavier Bertrand aux chirurgiens pour revaloriser leurs actes techniques ne seront jamais tenues.
- L’arrivée de Nicolas Sarkozy en 2007 va apporter un début d’espoir avec la timide réforme des retraites mais les plans hôpitaux initiés sous Jacques Chirac feront vite déchanter. Ces plans financés par la dette et des emprunts que l’on pourrait qualifier de toxiques menacent de ruiner l’hôpital dont la dette dépasse trente milliards d’€. L’étatisation va se poursuivre avec les avenants conventionnels qui menottent peu à peu le corps médical.
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La Loi HSPT (Bachelot) va exaspérer les médecins libéraux qui vont enfin se révolter après 2012 avec la Loi Santé(Touraine).
La rentrée de septembre sera chaude!
Texte : bk / esanum
Photo :
Le Dr. Bernard Kron est un ancien chirurgien de l’Assistance Publique de Paris, membre de l’Académie nationale de chirurgie, qui a opéré plus de 25 000 patients, au cours de sa carrière. Aujourd’hui, il se base sur son expérience pour poser un regard critique sur la situation actuelle de la santé en France. Il est par ailleurs, vice Président de l’association AAIHP (Internat de Paris) et membre d’honneur de l’Union Française pur une Médecine Libre (UFML). Il le dit lui même, s’il se bat à l’heure actuelle, ce n’est pas pour lui, mais pour les générations futures. Lien
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