L’Agence Européenne du Médicament (AEM) a été créée en 1995 dans l’objectif de « garantir l’évaluation scientifique, le contrôle et le suivi de la sécurité des médicaments à usage humain et vétérinaire dans l’UE », selon la description sur son site. Elle fédère des milliers de scientifiques pour réaliser des études permettant d’autoriser ou non des traitements. L’AEM collabore également avec les institutions nationales, comme l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) en France.
L’AEM favorise l’innovation dans le secteur pharmaceutique et le développement de nouveaux médicaments par des entreprises européennes et s’engage à une excellence scientifique dans l’évaluation et la supervision de médicaments.
C’est donc à l’AEM que sont soumises les demandes européennes d'autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament. Son autorité s’exerce sur les agences nationales. Si un médicament est autorisé à être mis sur le marché, les agences nationales se plie à la décision sans examen complémentaire.
Grâce à son réseau de pharmacovigilance, les médicaments qui engendrent des effets indésirables remettant en question le bénéfice/risque pour le patient sont surveillés, réévalués et éventuellement retirés de la vente.
Pour enrayer les nombreux conflits d’intérêts que l’agence a pu connaître ces dernières années, les décisions de mise sur le marché de médicament doivent être prises par une autorité neutre et indépendante, dotée des compétences nécessaires.
Sa lenteur dans sa prise de décision dans l’affaire du Médiator lui a également porté un coup. Alors que les Fenfluramines et Benfluorex ont été interdits à la vente dès 1997 aux Etats-Unis et en Suisse, il aura fallu attendre 2009 avant que l’AEM interdise les médicaments à base de ces molécules.
L’AEM emploie 900 fonctionnaires européens et accueille chaque année des milliers d’experts, autant dire que passer outre le symbolique, les enjeux économiques sont colossaux pour sa future ville d'accueil.
Déjà 1993, Lille avait failli remporter le siège de l’Agence Européenne du Médicament, arrivant en deuxième position derrière Londres, ce qui laisse penser que la capitale des Flandres a toutes ses chances de l’emporter cette fois-ci.
Les concurrents sont nombreux et d’un point de vue général plus attractifs : Amsterdam, Copenhague ou encore Lisbonne et Barcelone font figures de favorites aux regards des employés de l’AEM. Lille qui est peu ou pas connue des agents suscite moins d'enthousiasme.
Activement soutenue par la Ministre de la santé, Agnès Buzyn, la candidature de Lille présente pourtant de nombreux avantages : une aide de l’Etat de 3 millions d’euros pour la construction d’un bâtiment censé accueillir l’AEM, de nombreuses opportunités d’emplois qualifiés pour les conjoint.e.s grâce à la présence de sièges de grandes entreprises internationales comme Décathlon ou du secteur médical comme Eurasanté. Le groupe de travail constitué par la Ministre a également assuré que l’offre scolaire s’adaptera pour assurer l’accueil des enfants des fonctionnaires de l'AEM. Il n’est pas non plus négligeable de rappeler que Lille est au carrefour des grandes métropoles européennes où un Lille-Londres en Eurostar ne dure qu’une heure et demi et que Paris et Bruxelles ne sont qu’à 1 heure de train.
Les candidatures remises depuis au plus tard le 31 juillet dernier, le sort de l’AEM est désormais entre les mains des 27 pays membre de l’Union Européenne qui voteront le 20 novembre prochain pour déterminer la ville gagnante.
Le déménagement est prévu pour 2019, ce qui laisserait à peine plus d’un an pour mettre en place les promesses de candidature de la ville retenue.