A l’autre extrémité, il y a l’hypermnésie qualifiant ceux et celles qui n’oublient rien.
Les malades peuvent vous décrire avec précision les chaussures de leurs enseignants en primaire ou les nominés de l'Eurovision 1984. Leur mémoire est infaillible.
Cette situation retrouvée de façon assez rare peut être particulièrement surprenante et angoissante requérant ainsi une prise en charge adaptée.
L’hypermnésie qualifie le fait d’avoir une mémoire surdimensionnée. En d’autres termes, c’est un excès de mémoire sur une zone bien précise du cerveau et sur un certain type d’informations. Ce sont le plus fréquemment des informations autobiographiques. Ces souvenirs peuvent faire irruption à chaque moment de la vie de l’hypermnésique.
L’hypermnésie a été décrite pour la première fois au 19e siècle dans certains états pathologiques ou sous hypnose.
Ainsi, des personnes en état délirant parlaient de façon courante une langue qu’ils n’avaient pas utilisée depuis 50 ans ou plus et qu’ils avaient apparemment oubliée. Ensuite, il a été catégoriquement affirmé que toute personne sous hypnose pouvait se souvenir des événements qu’elle a vécus plus précisément qu’en état de veille. Ceci a été expliqué par la levée de l’inhibition émotionnelle. Cependant, dans de nombreux cas, la situation enregistrée était assez similaire entre l’état de veille et l’état sous hypnose, pouvant suggérer une capacité mnésique exceptionnelle.
Peu de personnes à la mémoire exceptionnelle ont fait l’objet d’études approfondies. Un des cas étudiés est celui d’un mnémoniste russe et qui a été suivi sur 30 ans. Son histoire a même été retracée par une psychologue soviétique. La capacité mnésique exceptionnelle de cet homme était caractérisée principalement par une grande mémoire visuelle presque photographique avec un degré de synesthésie bien au-delà de l’ordinaire avec cependant une faiblesse dans la mémoire abstraite.
Aujourd’hui, on ne dispose pas de chiffres exacts concernant la fréquence de l’hypermnésie puisqu’elle est largement sous-déclarée. A une certaine époque, cet état concernait beaucoup de monde et notamment des gens qui revenaient de déportation après la Seconde Guerre mondiale. Le psycho traumatisme subi par ces personnes était en cause dans la génération du dysfonctionnement mnésique.
Cette exaltation de la mémoire ainsi que ces flashs autobiographiques peuvent devenir très paralysants pour la personne, car très envahissants dans sa vie quotidienne. Ils peuvent même faire irruption dans la nuit avec des cauchemars souvent répétés. L’irruption des souvenirs peut être particulièrement source de terreur et d’anxiété. L’hypermnésie peut même dans certaines situations devenir un problème psychopathologique caractérisé par une anxiété et une angoisse permanente, y compris l’angoisse de perdre sa mémoire. Devant une telle situation, le recours aux traitements anxiolytiques peut devenir une alternative.
Quel est le phénomène en cause de cet état ?
Jusqu’à ce jour, on n’a pas d’explication bien précise du mécanisme impliqué dans les états d’hypermnésie. Plusieurs zones dans le cerveau sont en effet impliquées dans la mémoire (hippocampe, cortex préfrontal…). Ce qu’on sait actuellement, c’est que chez l’hypermnésique, il y a un dysfonctionnement entre la mémoire à court terme et la mémoire à long terme. Ainsi la mémoire tampon qui devrait normalement s’effacer migre dans la zone de la mémoire à long terme. Cette mémoire resurgit ainsi de jour comme de nuit et peut même constituer un état délirant de type paranoïaque.
Il est impossible de devenir hypermnésique, mais il existe bien évidemment des moyens pour améliorer ses capacités de mémorisation. En effet, la mémoire est semblable à un muscle qu’il faut travailler et exercer afin d’améliorer ses compétences.. L’autre moyen est celui de développer des moyens mnémotechniques.