Outre les pigments de couleur, les encres de tatouage contiennent toutes sortes d'additifs. Il s'agit notamment de solvants, de liants, d'agents de conservation et de tensioactifs. En 2022, un règlement européen, le REACH, est entré en vigueur. Il prévoit des exigences d'étiquetage et d'information pour les produits de tatouage ainsi que des restrictions concernant les substances jugées dangereuses pour la santé. En France, les fabricants sont contrôlés de manière annuelle et/ou aléatoire par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et les ARS (Agences régionales de santé)2 . Il est avéré que l'industrie risque de peiner à atteindre les nouveaux standards édifiés par le REACH. Les fabricants auront à sérieusement faire évoluer leur étiquetage et leur composition, notamment pour certaines couleurs, qui contiennent davantage d'agents nocifs.
Les conséquences pour la peau peuvent être dramatiques. Selon une étude, près de 70 % des personnes tatouées présentent des complications. Ces complications vont des allergies et infections aux réactions granulomateuses et aux ulcérations, voire aux néoplasmes.
Les infections restent les réactions les plus couramment observées. Elles sont souvent dues à un manque d'hygiène. Les encres elles-mêmes peuvent être contaminées, des études ont révélé la présence d'agents infectieux dans 10 à 50 % des échantillons testés. Afin de garantir certains standards d'hygiène dans les salons, les associations de tatoueurs professionnels en Europe ont pour leur part publié en 2020 une ligne directrice : EN 17169 « Tatouage – Bonnes pratiques d’hygiène et de salubrité »3 . Celle-ci n'a toutefois pas de caractère contraignant.
Les allergies de contact sont également fréquentes. En fonction de la sensibilité de la personne tatouée, elles peuvent apparaître en l'espace de quelques jours ou après plusieurs semaines, voire mois. La couleur entraînant le plus fréquemment ce genre de complications est le rouge. Elle contient des colorants azoïques synthétiques, qui, avec les liants et les agents de conservation, sont les principaux déclencheurs de réactions allergiques de contact. La teinture au henné, bien qu'appliquée superficiellement sur la peau, peut aussi provoquer des allergies. Certains produits contiennent de la p-phénylènediamine (PPD), un puissant allergène de contact capable de provoquer des eczémas étendus.
Les tatouages peuvent dans de rares cas entraîner des réactions lichénoïdes ou granulomateuses. La formation de pseudolymphomes a également déjà été observée. Les tatouages peuvent aussi aggraver les affections cutanées préexistantes (phénomène de Köbner). Cependant, il n'est pas prouvé que les tatouages favorisent la tumorigenèse. Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), présents notamment dans l'encre noire des tatouages et ayant des propriétés cancérogènes, pourraient cependant y contribuer. Ils restent en effet dans la peau toute la vie durant.
Les tatouages sont une atteinte à l'intégrité de la peau. Sans consentement explicite de la personne tatouée, cette atteinte constitue une atteinte à son intégrité corporelle, passible de sanctions pénales. Il est nécessaire de sensibiliser les candidats au tatouage aux effets secondaires cutanés et aux éventuelles conséquences à long terme. Les dermatologues peuvent jouer un rôle clé à cet égard. Il est important qu'ils connaissent les composants des encres de tatouage ainsi que les dispositions légales en la matière. Ainsi, ils seront en mesure de mettre en garde les personnes souhaitant se faire tatouer des dangers potentiels.
Kühn LM et al. Nützliches Wissen zu Tätowierungen. Dermatologie 2023; 74: 543-553.