“Ces troubles ne relèvent en rien de la psychiatrie et sont bien réels”, a affirmé Pierre Le Ruz, président du Centre de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants (CRIIREM). Selon lui, ce phénomène encore très peu médiatisé et faiblement pris en charge par les services de santé, est une adaptation du corps humain au développement actuel de la société.
“Notre tissu cérébral renferme des magnétosomes, des aimants naturels, qui réagissent lorsqu’on passe dans un champ électrique. Ils font remonter les informations au cerveau, qui chez certaines personnes va interpréter ce signal comme un stress et libérer des hormones pouvant entraîner des troubles du comportement, voire des pathologies de type leucémie, lymphome ou tumeur“, explique l’expert.
Officialisée par l’Organisation mondiale de la Santé, cette pathologie est désormais considérée comme un handicap en Suède alors qu’en Angleterre, elle a été reconnue comme une maladie. En France, les autorités ont encore du mal à classer les personnes souffrant d’électrohypersensibilité et n’offrent pour le moment aucune structure adaptée aux électrohypersensibles, comme cela est déjà le cas aux Etats-Unis.
Michèle Rivasi, du parti écologique EELV, milite pour que le territoire français se dote de refuges qui permettraient aux personnes atteintes de ce syndrome d’avoir un endroit où vivre en toute tranquillité. “On pourrait même faire des zones blanches dans chaque département, les intégrer dans les plans d’urbanisme. On pourrait très bien imaginer des quartiers sans antenne relais.”, propose-t-elle.
Selon les associations de défense des EHS, environ 3 % de la population française serait touchée par cette pathologie. Mais nombreuses sont les personnes à ne pas savoir que leurs maux sont dus aux ondes dégagées par les nouvelles technologies. Ceux qui ont réussi à déceler cette maladie ont été contraints de tout quitter pour se protéger de cette souffrance quotidienne.
C’est notamment le cas de Jean-Jacques et Emilie qui ont accepté de livrer leurs témoignages concernant l’enfer dans lequel ils vivent depuis plusieurs années. Retranchés dans les massifs du Puy-de-Dôme, ils habitent désormais l’un à côté de l’autre pour se soutenir dans cette épreuve.
“J’ai commencé à avoir de violents maux de tête, des arcs électriques en bouche, des nausées, des pertes de motricité. Je repérais les antennes à deux kilomètres et je perdais mes cheveux par poignées”, explique Emilie qui a désormais beaucoup de mal à assumer son rôle de mère à cause de ses souffrances face aux technologies modernes.
Son voisin, lui, est allé jusqu’en Allemagne pour comprendre ce qui lui arrivait. Jean-Jacques a alors été forcé de tout quitter afin de se protéger des ondes. “J’avais une belle maison, quatre enfants, un travail”, commente l’ancien professeur de lycée agricole.
Les deux électrohypersensibles estiment aujourd’hui être des « laissés pour compte de la société » et disent se sentir comme condamnés à l’isolement, voire à l’errance puisqu’aucune zone n’est actuellement officiellement préservée des installations électro-magnétiques.
Le seul espoir, auquel Emilie et Jean-Jacques se raccrochent, est le projet de mise en place d’une structure d’accueil qui pourrait voir le jour dans les Hautes-Alpes mais aucune date n’a pour le moment été officialisée.
Texte : AFP / pg